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| - Des internautes affirment que le lac de Powell "est désormais rempli à ras bord".Une façon de nier la sécheresse qui touche une partie de l'Europe.Si le niveau est en train de se relever, il faudrait encore plusieurs années pour qu'il retrouve ses pleines capacités.
C'est ce qu'ils appellent le "rééquilibrage naturel". Ceux qui ne croient pas en l'urgence climatique minimise désormais la gravité de la sécheresse que traverse la Méditerranée occidentale, jugée passagère. Dernier exemple en date, la publication des images du lac Powell, sur le fleuve du Colorado, ce jeudi 11 mai. Selon un compte qui propage plusieurs affirmations erronées sur le climat, ce lac artificiel des États-Unis, "rendu célèbre par son quasi-assèchement lors de la sécheresse de ces dernières années, est rempli à ras bord". L'occasion d'acclamer la "fin de la sécheresse".
Un lac à 25% de ses capacités
Les premiers éléments qui poussent au doute se trouvent sur la photo d'illustration du tweet. Tandis que l'internaute, qui fait partie de la sphère climato-rassuriste (nouvelle fenêtre), assure que la construction est au maximum de ses capacités, le port de plaisance se situe bien en deçà du niveau de la falaise. La rampe d'accès pour atteindre les embarcations est en pente, signe que le lac est encore loin d'être à ras bord.
Une preuve visuelle qui se retrouve dans les données du Bureau fédéral qui possède et exploite le barrage de Glen Canyon. Mises en ligne sur la plateforme Water-Data (nouvelle fenêtre), elles montrent que ce jeudi 11 mai, au moment où a été publié le tweet, le lac était à un peu moins de 25% de ses pleines capacités. Une situation aux antipodes d'un débordement. D'autant que le niveau de ce lac artificiel situé entre l'Arizona et l'Utah est aussi en dessous de la moyenne. Il se situait à 3535 pieds au-dessus du niveau de la mer, soit 94 pieds de moins que la normale des précédentes années. L'équivalent d'environ 28 mètres. Résultat, seules deux des 17 marinas sont utilisables pour la mise à l'eau, contrairement à ce qu'affirme l'internaute qui évoque le "plaisir des plaisanciers", de pouvoir se remettre à l’eau.
Alors, d'où vient cette rumeur ? En fait, la presse américaine se fait effectivement l'écho d'une hausse rapide du niveau de l'eau de ce lac artificiel. Tout en rappelant que cette augmentation ne suffira pas à combler des années de sécheresse. Dans un article publié le jeudi 11 mai, le Washington Post (nouvelle fenêtre)explique que cette réserve monte de 30 centimètres par jour en lien avec la fonte rapide du manteau neigeux qui alimente le Colorado. Mais si le prestigieux quotidien révèle que le niveau devrait grimper de près de 22 mètres au total, il précise dès les premières lignes que "les effets de la méga-sécheresse continueront à se faire sentir".
En péril en raison de la surconsommation d'eau et d'années de pénuries de pluies, cette réserve qui alimente 40 millions de personnes, connaissait au début des années 2020 "la pire sécheresse depuis au moins 1200 ans", comme le relevait une étude publiée en février 2022 (nouvelle fenêtre).
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Pour combler ce déficit, les experts interrogés par le Washington Post considèrent qu'il faudra que la hausse du niveau observé ces derniers jours "se répètent pendant les six prochaines années". On est donc très loin de la fin de la sécheresse. Ou du "rééquilibrage naturel" tant espéré par ces climato-rassuristes.
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