schema:text
| - :
Vrai ou faux
Est-ce vrai que 0,5% du poids de nos cerveaux est constitué de plastique ?
C'est une phrase marquante, prononcée par la cheffe des écologistes. Dans une interview à France Inter, lundi 17 février, Marine Tondelier a alerté sur la nécessité de se battre pour l'environnement et de continuer à parler de ces sujets bien qu'ils ne trouvent pas leur place en ce moment dans le débat public. Elle s'est lancée dans une énumération des raisons alarmantes pour lesquelles il faut défendre la planète et a notamment convoqué cet argument : "0,5% du poids de notre cerveau, à chacun des humains, est aujourd'hui formé de plastique, parce que cette pollution aujourd'hui se loge au fin fond de notre cerveau." Vrai ou Faux ?
L'équivalent d'une petite cuillère en plastique dans la tête
C'est un chiffre que l'on peut en effet trouver dans un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur "Les impacts des plastiques sur la santé humaine" qui a été remis à l'Assemblée nationale et au Sénat en novembre 2024. Le document cite une étude qui avait déjà reçu un écho en 2024, mais qui vient d'être publiée dans la revue Nature Medicine. Elle a été réalisée par des chercheurs américains de l'Université du Nouveau-Mexique qui ont examiné les cerveaux de plusieurs dizaines de patients décédés en 2024.
Les universitaires ont trouvé qu'il y avait en moyenne cinq milligrammes de plastique par gramme dans le cerveau de ces patients. Cela revient à sept grammes de plastique dans un cerveau d'un poids moyen de 1,3 kg, soit 0,5% de sa masse totale. Marine Tondelier dit donc vrai. Selon cette étude, c'est comme s'il y avait une petite cuillère en plastique dans nos têtes.
Notons qu'il s'agit des résultats d'une seule étude, sur un échantillon qui n'est pas forcément représentatif de l'humanité entière, ce qui limite toute généralisation, mais qui permet de dresser tout de même ce constat inquiétant. D'autres travaux sur le sujet permettront d'étayer ou d'infirmer ces conclusions.
Une origine incertaine
L'étude appelle à faire des recherches plus poussées pour comprendre comment ce plastique est arrivé là et ne donne donc aucune conclusion définitive, mais elle observe tout de même plusieurs choses. D'abord, elle ne constate aucune différence notable entre les patients selon leur âge, leur sexe ou leurs origines ethniques.
Les chercheurs estiment donc qu'il y a peut-être des facteurs géographiques – selon le lieu de vie – mais ils concluent surtout que c'est probablement dû au fait d'avoir été exposé à des taux plus élevés de nanoparticules de plastique dans notre environnement.
Ils ont comparé leurs résultats avec la concentration en plastique dans les cerveaux de patients morts huit ans auparavant, en 2016, dans un monde avec un peu moins de nanoparticules de plastiques, et il y en avait aussi moins dans les cerveaux.
Des conséquences sur la santé encore à l'étude
De la même manière, l'étude ne dit pas quelles sont les conséquences de la présence de plastique dans ces cerveaux. Ses auteurs invitent, là aussi, à creuser le sujet encore et encore. Par exemple, ils ont constaté qu'il y avait encore davantage de plastique dans le cerveau des patients atteints de démence, mais ils ne savent pas encore s'il y a un lien de causalité ou non, et s'il y en a un, dans quel sens : est-ce que la démence a été provoquée ou amplifiée par le plastique, ou est-ce que le plastique a pu arriver là car les barrières des cerveaux atteints de démence étaient plus fragiles ? En somme, il reste tout à explorer.
Néanmoins, plusieurs autres études ont déjà constaté la présence de plastique dans d'autres organes, comme les poumons, le foie, les reins, même dans le sang et dans le placenta des bébés, avec des conséquences possibles sur le risque de maladies cardiovasculaires ou de problèmes de fertilité. Rappelons en conclusion que ce domaine de recherche n'en est qu'à ses débuts et qu'il reste énormément à faire pour tout savoir à la fois de la présence du plastique dans nos organismes et de leurs conséquences.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.
|