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| - Internautes influents et politiques accusent depuis lundi l'Iran d'avoir lancé une campagne d'exécution de masse.D'après plusieurs publications virales, le pays aurait condamné à mort 15.000 manifestants afin que cela serve de "leçon" aux autres.Une fausse information, qui s'appuie sur de vraies inquiétudes.
Après le "vendredi sanglant" qui a renforcé le vent de révolte en Iran, voici venue l'heure de la répression "barbare". Plusieurs internautes, personnalités influentes et même certains élus à travers le globe dénoncent depuis ce lundi 14 novembre une annonce particulièrement dramatique en Iran. Le régime aurait pris la "décision barbare d'imposer la peine de mort à près de 15.000 manifestants", comme s'en est ému Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, ce mardi. Un tweet rapidement supprimé. Et pour cause, il s'agit d'une fausse information.
Une seule condamnation à mort à ce jour
Il est vrai que, d'après une estimation des Nations unies et de l'agence de presse Human Rights Activists News Agency, près de 15.800 personnes (nouvelle fenêtre) seraient actuellement détenues en Iran pour leur participation aux manifestations pour plus de droits et de liberté consécutives au décès de la jeune Mahsa Amini. Ce que le pouvoir qualifie "d'émeutes". Sauf qu'un seul des participants a été condamné à mort à l'heure actuelle (nouvelle fenêtre).
Alors, d'où vient cette rumeur ? Elle semble en fait venir d'une confusion, visible notamment sur le site américain Newsweek. En s'appuyant sur une lettre diffusée dans les médias iraniens, l'hebdomadaire affirmait ce lundi (l'article a été supprimé depuis) que le Parlement iranien avait voté l'exécution des 15.000 personnes arrêtées pour avoir participé à une manifestation contre le régime afin que cela serve de "bonne leçon" aux autres. Problème, il s'agit là d'un raccourci.
En réalité, selon les agences officielles (nouvelle fenêtre), 227 des 290 élus iraniens ont demandé à "tous les responsables de l'État, y compris le pouvoir judiciaire, de traiter ceux qui ont mené la guerre" contre le pouvoir islamique en place, "sans indulgence, de manière que cela serve de bonne leçon aux autres, dans les plus brefs délais". Rien n'indique donc que les parlementaires aient explicitement appelé à la peine de mort. Par ailleurs, il ne s'agit absolument pas d'un texte de loi voté et qui serait judiciairement contraignant, mais d'une demande de sévérité adressée aux tribunaux iraniens.
Des craintes pour au moins une dizaine de manifestants
Si une seule condamnation à mort a été rapportée jusqu'alors, ce bilan devrait malheureusement s'aggraver. L'ONU a ainsi alerté sur le sort de huit personnes, accusées d'infractions passibles de la peine capitale. "Huit personnes ont été inculpées le 29 octobre par le Tribunal de la révolution islamique (...) pour des crimes passibles de la peine de mort, à savoir 'faire la guerre à Dieu'", peut-on lire dans un communiqué (nouvelle fenêtre).
Des craintes partagées par l'Iran Human Rights, qui alerte sur le sort d'une vingtaine de manifestants. "Des éléments indiquent que les autorités de la République islamique prévoient peut-être de procéder à des exécutions précipitées. Au moins 20 manifestants font actuellement l'objet d'accusations punissables de mort selon les rapports officiels", s'inquiète l'ONG sur son site web (nouvelle fenêtre).
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En résumé, la peine capitale n'a pas été explicitement demandée pour les plus de 15.000 Iraniens arrêtés. Et le Parlement iranien ne peut décider à lui seul de faire condamner à mort les manifestants. Reste qu'il s'agit bien du risque qu'encourent les contestataires. Le procureur de Téhéran a d'ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'un millier d'actes d'accusation avaient été émis en rapport avec ces "émeutes", dans la seule juridiction de sa province. Signe que le pouvoir ne fléchit pas. Et qu'une exécution en masse est à craindre.
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