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| - Le retour des trains de nuit n'enthousiasme pas le député LFI Sébastien Peytavie.Lui-même en fauteuil roulant, il déplore que ces trajets soient inaccessibles aux personnes à mobilité réduite.La SNCF et le ministère des Transports confirment et s'expliquent auprès de TF1info.
"Oui au train de nuit, sauf pour les personnes en situation de handicap !" Remonté, le député LFI Sébastien Peytavie ne cache pas sa frustration : s'il se satisfait de retour en grâce de ces liaisons nocturnes à travers la France, l'élu pointe aussi du doigt les failles en matière d'accessibilité. Un sujet auquel il est particulièrement sensible, lui qui vit au quotidien en fauteuil roulant.
D'anciennes rames impossibles à réaménager ?
Quelques clics suffisent pour constater que l'élu de Dordogne dit vrai. Sur son site, la SNCF propose aux voyageurs une série d'informations pratiques. À la question : "Puis-je voyager à bord des trains de nuit si je suis en situation de handicap", l'entreprise répond par la négative. "Les trains Intercités de Nuit ne sont pas accessibles aux utilisateurs de fauteuils roulants", apprend-on. "Toutefois, les personnes en situation de handicap visuel, auditif et/ou mental avec accompagnateurs peuvent emprunter nos trains."
Sébastien Peytavie y voit une forme de discrimination, et se réfère à un texte de 2005 pour appuyer son propos. Le site gouvernemental "Vie publique" rappelle en effet qu'en vertu de "l'article 45 de loi du 11 février 2005", la "chaîne du déplacement, qui comprend le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité, est organisée pour permettre son accessibilité dans sa totalité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite". Un délai de dix ans était prévu à compter de la publication de cette loi pour que les services de transport collectif deviennent "accessibles aux personnes handicapées et à mobilité réduite".
Sollicitée par TF1info, la SNCF explique qu'aucune évolution n'est "prévue sur les trains existants, compte tenu de leur âge et des moyens mis à disposition de l'entreprise". Lorsque l'on signale que d'autres trains de nuit, au départ de Paris (en direction de Berlin ou Vienne), permettent aux personnes en fauteuil de voyager, on nous précise que nous ne sommes ici "pas du tout sur le même matériel". En effet, "sur les trains de nuit étrangers, du matériel autrichien est utilisé, plus récent", "les trains de nuits français sont plus anciens", et dès lors plus délicat à rendre compatibles avec les exigences en matière d'accessibilité.
L'entourage du ministre des Transports Clément Baune, également contacté, fait savoir que "la réglementation en vigueur (même européenne) ne fait pas une obligation de mettre en accessibilité le matériel ancien, dans la mesure où il n'y a pas d'opération lourde de modernisation". Concrètement, nous explique-t-on, "aucun espace n'est aujourd'hui dimensionné pour accueillir un fauteuil" dans les trains de nuit qui sont en circulation. "Les voitures Corail de nuit", qui étaient à l'origine utilisées pour des trajets traditionnels, "n'ont bénéficié que d'une opération légère de rénovation (même si elle est coûteuse), ce qui les place dans cette dérogation", poursuit-on du côté du ministère. Notons que si un "nouveau matériel roulant de nuit" est amené à être produit pour développer cette offre, il "répondra aux obligations d'accessibilité avec une voiture par rame accessible".
Sébastien Peytavie, agacé par l'ampleur des chantiers à mener pour garantir aux personnes à mobilité réduite une plus grande accessibilité, estime que l'exemple des trains de nuits en symptomatique. Il s'agit à ses yeux d'une "discrimination d’État", a-t-il lancé, expliquant sur les réseaux sociaux son intenion de saisir la Défenseure des droits.
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