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| - L'eurodéputé du RN Jordan Bardella explique que le Parlement européen a refusé la mise en place d'une commission d'enquête le concernant.Celle-ci devrait enquêter sur les soupçons de corruption par le Qatar qui touchent l'institution.En réalité, l'instauration d'une telle commission a bien été votée, mais elle débutera après que la justice se sera prononcée.
Fragilisé par un scandale de corruption impliquant notamment l'une de ses vice-présidentes, le Parlement européen refuse-t-il de faire la lumière sur cette affaire ? C'est ce que suggère le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, par ailleurs eurodéputé. "En refusant de mettre en place immédiatement une commission d’enquête sur le #QatarGate, le Parlement européen refuse aux peuples d’Europe l’accès à la vérité", a-t-il assuré. "Qui peut bien avoir peur que l’on découvre d’autres cadavres dans le placard ?", s'interroge-t-il.
Sa consœur macroniste Valérie Hayer s'est indignée à la lecture des propos de Jordan Bardella. "Menteur un jour, menteur toujours", lui lance-t-elle (nouvelle fenêtre), affirmant que "le Parlement vient juste de voter en faveur de la mise en place d’une commission d’enquête". Elle dit vrai sur ce point, mais le RN déplore les délais qui sont prévus pour sa mise en place, réclamant qu'elle soit diligentée dès janvier 2023.
Une commission lancée après que passe la justice
Une commission d'enquête parlementaire sera-t-elle mise en place pour en savoir plus sur ces soupçons de corruptions ? Oui : le Parlement européen l'a acté noir sur blanc le 15 décembre, à travers une résolution (nouvelle fenêtre) consultable par tout un chacun. L'on apprend à sa lecture que l'institution "s’engage à créer une commission d’enquête, en vertu de l’article 226 du traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne". Un point est toutefois à souligner, le fait que cette procédure soit lancée "à l’issue des enquêtes pénales et des éventuelles procédures judiciaires, afin d’enquêter sur les cas de corruption et d’abus de pays tiers en vue d’une prise d’influence au Parlement européen".
C'est précisément cet aspect que dénoncent les eurodéputés du RN. S'ils déplorent qu'un de leurs amendements ait été refusé, c'est parce que ce dernier prévoyait que la commission d'enquête soit initiée dès la prochaine session plénière. Le texte adopté, en l'état, ne leur convient pas puisqu'ils considèrent (nouvelle fenêtre) que les eurodéputés "enterrent ce scandale".
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Conséquence de ce bras de fer, le groupe qui rassemble les élus du RN au Parlement européen a pris la décision (nouvelle fenêtre) de ne pas prendre part au vote final. Ce qui leur a valu d'être accusés (nouvelle fenêtre) "de condamner le soudoiement de ces députés et de mettre fin aux ingérences étrangères".
Dans un camp comme dans l'autre, on observe donc que les positions de chacun sont caricaturées. Le RN laisse entendre qu'une commission d'enquête est refusée, alors que celle-ci est votée et décalée dans le temps pour ne pas interférer avec l'enquête et les potentielles suites judiciaires qu'elle va entraîner. Dans le même temps, Jordan Bardella est les autres eurodéputés du RN sont accusés par leur absence de vote de cautionner les faits de corruption récemment révélés. Un argumentaire trompeur puisque les élus d'extrême droite ont appelé à une mise place très rapide d'une telle commission d'enquête.
Des actes immédiats
Si l'on comprend que des investigations ne seront pas menées avant que la justice s'empare du dossier, il serait réducteur de résumer la position du Parlement à ce seul aspect. Une série de mesures immédiates a été votée, à commencer par l'instauration d'une "commission spéciale" chargée de "détecter les lacunes potentielles du règlement intérieur du Parlement européen en matière de transparence, d’intégrité et de corruption". Celle-ci devra "formuler des propositions de réforme" à l'issue de ses travaux.
Par ailleurs, un vice-président sera "spécifiquement chargé de l’intégrité et de la lutte contre la corruption et l’ingérence étrangère au Parlement". L'institution sollicite aussi la Commission européenne afin qu'elle présente "dès que possible une proposition en vue de la mise en place" d'un organisme "chargé des questions d’éthique". D'autres mesures visent à se prémunir des risques du "pantouflage", tandis que le Parlement "demande instamment la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qatariens [...] jusqu’à ce que les enquêtes judiciaires fournissent des informations et des éclaircissements pertinents". Pas moins de 24 points d'action, plus ou moins concrets, sont listés dans le texte final, qui prévoit logiquement une "pleine coopération" avec les autorités judiciaires qui vont se pencher sur les accusations de corruption révélées en cette fin d'année.
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