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| - Un extrait montrant Emmanuel Macron décrire comme "hypocrite" un relèvement de l'âge légal de départ à la retraite est largement relayé sur les réseaux sociaux.Des propos que le président de la République a bien tenus, en 2019.Les Vérificateurs ont retrouvé la séquence d'origine, ainsi que les arguments avancés à l'époque par le chef de l'État.
Chez les opposants à la réforme des retraites portée par le gouvernement, le choix de repousser l'âge de départ à 64 ans est l'un des points de crispation majeurs. Si dans les rangs de la majorité cet âge légal semble constituer un point non négociable, certains de ses opposants soulignent qu'Emmanuel Macron aurait "retourné sa veste" : il défendrait ainsi une mesure à laquelle il était opposé quelques années plus tôt.
Un extrait vidéo en particulier circule largement (nouvelle fenêtre) sur les réseaux sociaux : une séquence présentée comme assez récente (datée de 2019) montre le chef de l'État présenter une vision très claire du temps de travail. Selon ses mots, il serait "hypocrite" de relever l'âge de départ. "Bon courage déjà pour arriver à 62 ans", lance-t-il en évoquant plusieurs catégories de travailleurs. Une intervention (raillée (nouvelle fenêtre) notamment par le patron du PS Olivier Faure) en partie tronquée mais qui remonte bien au printemps 2019 et illustre une évolution de sa position au fil du temps.
Le chômage des séniors était défini comme la vraie priorité
La séquence en question, authentique, est aujourd'hui accessible en intégralité (nouvelle fenêtre) sur le site de l'Élysée. On découvre que le président de la République s'exprimait à l'époque dans le cadre du Grand débat national qui venait de prendre fin. Emmanuel Macron avait alors sollicité la presse et répondait aux questions des médias à la suite d'un discours. Le passage où il évoque l'âge légal est tiré d'une réponse à notre journaliste, Amélie Carrouër : elle l'interroge sur sa volonté d'augmenter le temps de travail et la manière dont cela pourrait se traduire pour les Français.
"On doit travailler plus longtemps parce qu'on vit plus longtemps. C'est du bon sens", rétorque-t-il. "Quand je regarde notre pays aujourd'hui, par rapport à il y a 40 ans, l'espérance de vie n'a cessé d'augmenter et l'âge d'entrée sur le marché du travail n'a cessé de reculer parce qu'on fait plus d'études. Et donc, c'est sûr qu'on va avoir de plus en plus de mal à financer notre système si on travaille de moins en moins longtemps, mais qu'on vit de plus en plus longtemps hors du travail", souligne-t-il. Dès lors, "plusieurs façons de faire" sont envisageables à ses yeux. Et notamment d'agir sur "le fameux sujet de l'âge légal", fixé à 62 ans. Faut-il le reculer ? "Je ne crois pas, pour deux raisons", insiste alors Emmanuel Macron.
Sa première justification est la suivante : "C'est que je me suis engagé à ne pas le faire. C'est mieux, sur un sujet aussi important, de faire ce qu'on a dit." Il défend à l'époque de "laisser" à 62 ans l'âge légal de départ, "pour faire une réforme beaucoup plus large, beaucoup plus profonde qui est de créer ce nouveau système par points". Un projet "beaucoup plus profond, plus ambitieux", qu'il "ne faut pas compromettre en bougeant l'âge légal".
Seconde raison invoquée : "Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ça serait assez hypocrite de décaler l'âge légal." Et le président d'ajouter que "quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans". En pratique, "c'est ça la réalité de notre pays", lance-t-il. Et conclut alors son raisonnement : "On va vous dire 'il faut maintenant aller à 64 ans'. Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent 'les emplois, c'est plus bon pour vous'. C'est ça la réalité, c'est le combat qu'on mène. On doit d'abord gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens 'mes bons amis, travaillez plus longtemps !'. C'est le délai légal, ça serait hypocrite. J'invite les gens qui, de manière simpliste, disent 'c'est ça la solution", d'abord à regarder notre société. On doit gagner la bataille du plein emploi."
Une position qui a évolué
Aujourd'hui, Emmanuel Macron assume le choix de d'un relèvement à 64 ans de l'âge légal de départ. Une décision motivée par le besoin de garantir la stabilité du système de retraite à l'avenir, et qui s'appuie notamment sur le travail du COR, le Conseil d'orientation des retraites. Celui-ci effectue des prévisions de moyen et long terme, qui permettent de juger de la viabilité du système tel qu'il est actuellement mis en place. Par ailleurs, le chef de l'État insistait en 2019 sur la nécessité d'agir en priorité sur le taux de chômage avant d'envisager toute évolution de l'âge légal. Un indicateur sur lequel la majorité s'est concentrée, et qui a évolué favorablement au cours des années. De 8,5% il y a 3 ans, il est passé en France de 8,4 à 7,3 de la population active.
Emmanuel Macron n'est pas le seul au sein du gouvernement à avoir évolué sur la question des retraites et de l'âge légal en particulier. "Il faut assumer de mûrir", expliquait (nouvelle fenêtre) ainsi le ministre du Travail Olivier Dussopt quand on lui rappelait son opposition passée à une réforme.
Sa consœur Marlène Schiappa a, elle aussi, évolué. "Les gens veulent partir à la retraite avant de mourir de fatigue au travail, et si possible être assez bien payé pour ne pas aller balayer le McDo alors qu'ils marchent avec une canne", lançait-elle (nouvelle fenêtre) en 2010. Des propos sur lesquels elle est revenue, en se justifiant de la sorte : "Il y a neuf ans et demi, j'ai publié un post de blog expliquant pourquoi je soutenais la grève contre la réforme des retraites du gouvernement Fillon en 2010. Comme d'autres, la CFDT, par exemple, je soutiens en 2019 la nécessité de bien réformer ce système."
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