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| - Le gouvernement a annoncé un plan visant à soutenir l'installation des commerces dans les zones rurales.Il explique qu'aujourd'hui, 62% des communes françaises n'en comptent aucun et que la tendance s'aggrave.Un chiffre qui s'appuie sur les données compilées par l'Insee.
Ces derniers jours, le gouvernement a annoncé le lancement d'un programme de "reconquête du commerce rural", qui prévoit notamment l'octroi d'une enveloppe de 12 millions d’euros pour 2023. Celle-ci doit permettre de soutenir les commerces qui souhaitent s'installer dans des zones rurales. Dans les rangs de la majorité, on avance des chiffres pour mettre en lumière l'importance d'un tel dispositif : selon le ministère de l'Économie, "62% des communes françaises ne disposent plus de commerce aujourd'hui". Un phénomène qui s'aggraverait puisque cette proportion n'était que de 25% en 1980.
Les relevés de l'Insee comme référence
Près de deux tiers des communes françaises sans aucun commerce sur leur territoire ? Pour vérifier ce chiffre, il faut se tourner vers les informations compilées par l'Insee. L'institut de la statistique met à jour à intervalles réguliers une "base permanente des équipements" (BPE), qui recense notamment le nombre de commerces (nouvelle fenêtre) dans chacune des quelque 36.000 communes françaises. C'est à partir de cette source que le gouvernement se base pour avancer que 62% des localités du pays ne comptent aujourd'hui pas de commerce. Pour être plus précis, il faut d'ailleurs noter que ce constat valait pour 2021, dernière année pour laquelle nous disposons de données.
Concernant 1980 en revanche, l'Insee admet ne pas avoir les moyens de confirmer directement les chiffres avancés. "Les données doivent probablement être issues de l’inventaire communal qui a ensuite laissé sa place à la BPE. Les fichiers-détails sont archivés et nécessitent une exploitation particulière", nous indique-t-on. Si "les 25% présentés ne semblent pas issus d’une publication de l’Insee", l'institut juge très probable qu'il s'agisse d'éléments compilés au sein de différents ministères à travers le temps, et qui ont été ressorties à l'occasion de la présentation de ce plan. Une explication que l'entourage de la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, n'a pour l'heure pas confirmé à TF1info.
Quoi qu'il en soit, la diminution du nombre de commerces dans les zones rurales est mise en avant pas diverses sources. L'Insee, à défaut de pouvoir exhumer des statistiques nationales, soulignait dans une récente publication (nouvelle fenêtre) que "depuis 1980, 40% des communes du Grand Est ont perdu leurs derniers services de proximité". Parmi les explications avancées, valables dans cette région mais qui peuvent s'appliquer ailleurs sur le territoire, on note en particulier "la démocratisation de la voiture individuelle", qui "a modifié le rapport aux distances". Dans le Grand Est, "à partir de 1980, le kilométrage parcouru par l’ensemble des voitures particulières a doublé et le taux de ménages multimotorisés est passé de 16% à 36%".
En 2018, la professeure agrégée de géographie Céline Massal signait un dossier (nouvelle fenêtre) interrogeant "la fin des commerces de proximité dans les campagnes françaises". Elle expliquait que "le recul du nombre de commerces de proximité dans les espaces ruraux, marqué depuis les années 1990", constituait "une réalité statistique". Plutôt qu’une désertification, ce recul s'apparentait selon ses mots "peut-être plutôt à une recomposition des formes d’offre commerciale : essor des supérettes rurales, diversification des services proposés et adaptation aux évolutions des pratiques quotidiennes des habitants". Ces évolutions, notait la spécialiste, sont venues "renforcer la hiérarchie urbaine entre des pôles commerciaux, des relais et des zones dépourvues de commerces".
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