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| - Marine Le Pen s'oppose à l'immigration économique, estimant que la priorité consiste à trouver un emploi à l'ensemble des Français.La responsable du RN assure que le chômage est deux fois plus important chez les personnes immigrées.Elle est proche de la vérité, même s'il s'agit d'une légère sur-évaluation.
À l'instar d'autres personnalités politiques de droite et d'extrême-droite, Marine Le Pen a vu d'un mauvais œil la volonté affichée par le gouvernement de délivrer des titres de séjour pour les "métiers en tension". Invitée de France 2 ce jeudi, la cheffe de file du Rassemblement nationale juge que la priorité ne devrait pas être de faciliter la régularisation de personnes étrangères qui travaillent, mais plutôt de permettre à tous les Français de trouver un emploi et de sortir du chômage.
"Quel est l'intérêt de l'immigration économique quand on a 5,4 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi", a-t-elle interrogé, ajoutant que l'action du gouvernement lui paraissait très contestable, "quand on sait que le taux chômage des étrangers est le double de celui des Français". Un chiffre assez proche de la vérité, mais malgré tout surévalué.
📹 Quel est l'intérêt de l'immigration économique quand on a 5,4 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, et quand on sait que le taux chômage des étrangers est le double de celui des Français ? #Les4V pic.twitter.com/BJgMad7dPm — Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 3, 2022
Un "surchômage" des étrangers étayé par des données
Sur son site, l'Insee propose (nouvelle fenêtre) un tableau récapitulatif mettant en lumière "inactivité, chômage et emploi des immigrés par origine géographique en 2021". L'an passé, nous apprend l'institut, quand le chômage était de 7,9% pour l'ensemble de la population, il s'établissait à 12,7% pour les personnes immigrées. Si l'on s'intéresse aux Français décrits comme "sans ascendance migratoire" (c'est-à-dire les personnes qui ne sont ni immigrées, ni descendantes d'immigrés), le taux de chômage est de 6,9%.
Des données plus récentes ont été fournies cette semaine par le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Dans une interview accordée au journal le Monde, il constate (nouvelle fenêtre) "des progrès à faire, puisque, au premier semestre, lorsque le taux de chômage était à 7,5%, celui des travailleurs immigrés était à 13%". Il s'avère nécessaire à ses yeux que le travail "redevienne un facteur d’intégration et d’émancipation". Quelles que soient les données, on constate donc que le chômage chez les personnes immigrées n'est pas tout à fait le double par rapport à celui observé chez les Français. Marine Le Pen exagère légèrement dans ses déclarations.
Plusieurs facteurs d'explication
Si l'on dispose chaque année de chiffres fiables relatifs au "surchômage" des étrangers, on constate qu'il s'agit d'un phénomène que les spécialistes ont depuis longtemps étudié et cherché à analyser. Il y a quelques mois, le musée de l'histoire de l'immigration synthétisait (nouvelle fenêtre) sur son site plusieurs des facteurs permettant d'expliquer que le chômage touche plus directement les personnes immigrées.
Ces dernières, apprend-on, sont davantage représentées parmi les ouvriers non qualifiés. Or, il s'agit de la catégorie socio-professionnelle la plus touchée par le chômage. Le niveau de qualification plus faible en moyenne des personnes étrangères constitue donc un frein à l'emploi. Par ailleurs, "des discriminations liées à l’origine et aux lieux de vie" sont mises en avant. Un nom de famille et/ou un prénom à consonance étrangère, une domiciliation dans un quartier réputé sensible d'une ville pauvre... Il s'agit là d'autant de facteurs susceptibles de pénaliser des candidats lorsqu'ils s'aventurent sur le marché du travail.
L'Institut national d'études démographiques (Ined) révélait (nouvelle fenêtre) en 2017 les résultats d'une enquête diligentée par ses équipes. Des travaux qui révèlent "un excès de chômage chez les immigrés et fils et filles d’immigrés originaires du Maghreb par rapport aux personnes nées en France métropolitaine de parents français, qui n’est pas expliqué par leur situation socioéconomique (âge, niveau d’instruction, etc.)". L'observatoire des inégalités ajoute (nouvelle fenêtre) à ces constats que "les immigrés les plus récemment arrivés peuvent maîtriser imparfaitement la langue française, ce qui constitue une difficulté pour occuper certains emplois". Dans le même temps, "ils ne disposent pas tous des mêmes réseaux de relations dans le monde du travail que les personnes nées en France". Un désavantage majeur puisque "rien de tel pour obtenir un poste que d’avoir quelques relations bien placées".
Enfin, il faut noter qu'une partie des emplois à pourvoir en France ne sont tout simplement pas accessibles aux personnes de nationalité étrangère. On en compterait environ 5 millions, par exemple dans la fonction publique, avec des postes qui relèvent de missions dites "de souveraineté" (militaires, policiers, fonctionnaires des impôts par exemple). Citons aussi des métiers interdits aux personnes non européennes dans le secteur privé. Les débitants de boissons ou les buralistes sont ainsi concernés.
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