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| - La phase d’admission principale sur Parcoursup a débuté jeudi 30 mai pour les candidats.Selon le ministère, l’outil ne procède pas à une sélection, mais à une "gestion des places".Mais de trop nombreux algorithmes utilisés par les formations restent opaques.
Mise à jour du 31/05/24
C’est l’heure de vérité pour 945.500 candidats inscrits sur la plateforme Parcoursup, parmi lesquels figurent les lycéens de Terminale et quelques étudiants en réorientation. La phase d’admission s’est ouverte jeudi 30 mai à 19h, heure à laquelle les candidats ont commencé à recevoir les réponses à leurs vœux formulés il y a trois mois. Plus de 20.000 formations étaient accessibles sur le site, chacune ayant un nombre variable de places à la clé.
Et chaque année, une rumeur revient : celle d’un algorithme tout-puissant qui déciderait de l’avenir des candidats. L'an dernier déjà, la ministre de l’Enseignement supérieur se défendait de tout processus en ce sens, évoquant "un outil d’aide à la gestion des places" plutôt qu’un outil de sélection. "On en a fait un totem, mais il faut voir Parcoursup comme une aide d’entrée dans l’enseignement supérieur", soulignait alors Sylvie Retailleau. Mais à ce processus, de nombreuses fédérations de parents d’élèves et d’élus disent ne pas y croire, comme le sénateur PCF Pierre Ouzoulias qui avait dénoncé une "sélection" (nouvelle fenêtre) réalisée "grâce à des algorithmes locaux". L'occasion de revenir sur le fonctionnement de Parcoursup.
Un fichier Excel en appui des commissions
En premier lieu, il revient aux établissements d’examiner les dossiers soumis par les candidats. Chaque commission d’examen des vœux s’aide généralement d’un algorithme, fourni ou non par Parcoursup, pour procéder à cet examen plus rapidement. Celui-ci prend la forme d’un fichier Excel. "L’outil d’aide à la décision, mis à la disposition par Parcoursup, permet de pondérer certains éléments des dossiers", nous explique Alban Mizzi, doctorant en sociologie qui rédige une thèse sur la plateforme, commencée en 2020. "Les manières de procéder dépendent du taux de pression, du nombre de places disponibles, du nombre de candidatures reçus, du nombre de personnes dans la commission. L’outil est le même pour tous mais ce sont aux établissements de décider quels critères ils choisissent." Par exemple, Sciences Po Bordeaux a paramétré son outil pour favoriser (nouvelle fenêtre) notamment les étudiants boursiers.
Selon Jérôme Teillard, chargé de mission Parcoursup au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, "chaque formation définit les critères et les pondérations. L’outil apporte les informations mais ne produit rien lui-même. Ce n’est qu’une matrice qui permet de récupérer les notes et éléments du dossier des candidats et de les mettre à la disposition des formations qui le souhaitent et réalisent l’examen des candidatures". Problème, ces algorithmes dits "locaux" sont trop peu souvent rendus publics, ajoutant à une certaine incompréhension du système par les candidats. Si les établissements peuvent ne pas dévoiler le fonctionnement de leur algorithme, c’est en vertu du secret des délibérations (nouvelle fenêtre) dans l’Enseignement supérieur, garanti par la loi. Mais toutes les formations ne sont pas attachées à ce principe. Ainsi, les licences Staps publient leurs critères d’admission, qui incluent à la fois les compétences scientifiques, littéraires et sportives, mais aussi l’investissement civique.
Les Ballons d'Or en guise de motivation
Pour compenser ce manque de transparence des algorithmes locaux, Parcoursup s'est dotée d'une nouveauté cette année. Une fiche explicative est désormais ajoutée à chaque formation, comprenant les "critères d’analyse des candidatures". Mais pour certains candidats, la méthode de Parcoursup relève toujours de la loterie. Preuve que l’algorithme ne prendrait pas leur dossier en compte, la question des lettres de motivation… qui ne seraient même pas ouvertes. Ainsi, un candidat aurait reçu une réponse favorable d’une licence de lettres modernes à Nancy après avoir cité l’ensemble des Ballons d’Or des 23 dernières années. Sur Twitter, sa publication a récolté un million de vues (nouvelle fenêtre) en une journée. Un tweet en réalité déjà partagé l'an dernier (nouvelle fenêtre).
Seulement, ces courriers rédigés par les futurs bacheliers sont examinés non pas par un outil, mais bien par les commissions. Et dans le cas des formations faisant face à une forte demande, examiner ces lettres de motivation relèverait de l'impossible. Résultat, ces courriers seraient alors lus uniquement pour des candidatures à des classes préparatoires. "Les milliers de lettres de motivation écrites par les lycéens n’ont la plupart du temps jamais été ouvertes", soulignaient les chercheurs Pierre Clément et Marie-Paul Couto en 2019 dans la revue La Pensée (nouvelle fenêtre). Seules les notes et la "fiche avenir" compteraient aux yeux des commissions. Ce dernier document intègre l’appréciation des professeurs, les notes la plus haute et la plus basse de la classe, et l’avis du chef de l’établissement.
Reste que dans ce processus, "les humains conservent le dernier mot", rappelle Alban Mizzi. Et que l’algorithme national, lui, est transparent et en accès libre (nouvelle fenêtre). Cet outil agit dans un second temps pour combiner les classements effectués par les formations avec d’autres critères. Concrètement, Parcoursup vérifie si le taux de boursiers est respecté, si la priorité est donnée aux candidats de l’académie dans l’accès aux licences non sélectives, et participe à la gestion des places en internat dans les classes préparatoires, selon le chargé de mission de la plateforme. La phase complémentaire, elle, doit s’ouvrir le 15 juin prochain et permettre aux candidats de formuler de nouveaux vœux dans des formations ayant des places disponibles.
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