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| - En période d'examen du budget, le député PS de Loire-Atlantique, Fabrice Roussel, appelle à augmenter le financement des universités.Il déplore que le budget de l’enseignement supérieur "ne cesse de baisser depuis sept ans" malgré une hausse du nombre d'étudiants.Les Vérificateurs ont retrouvé la source des chiffres avancés, qui méritent d'être présentés de manière nuancée.
À peine nommé à Matignon, François Bayrou va hériter d'un dossier délicat : l'examen du projet de loi de finances pour 2025. Le nouveau Premier ministre fera-t-il un geste en faveur des universités ? mLe député socialiste Fabrice Roussel ne peut que le souhaiter, lui qui explique (nouvelle fenêtre) sur ses réseaux sociaux que "le budget de l’enseignement supérieur ne cesse de baisser depuis sept ans". Un constat qu'il déplore, alors que dans le même temps "le nombre d’étudiants a augmenté de 12%".
Si l'on s'en tient aux chiffres bruts, le budget a augmenté
En s'intéressant aux observations réalisées par l'élu de Loire-Atlantique, on constate qu'elles s'appuient sur des travaux réalisés par les économistes Thomas Piketty et Lucas Chancel. Sur son site Internet, ce dernier partage (nouvelle fenêtre) une série de graphiques, réalisés en 2013 et qui viennent appuyer cette démonstration.
Sur le document ci-dessus, les deux spécialistes font apparaître via la courbe bleue la progression du nombre d'étudiants scolarisés dans le supérieur. Un graphique en base 100 qui montre une hausse continue depuis 2008. Une tendance qui se poursuit de façon régulière depuis l'élection d'Emmanuel Macron et qui est également évoquée (nouvelle fenêtre) par le ministère.
En ce qui concerne le budget alloué à l'enseignement supérieur, des précisions se révèlent utiles. Tout d'abord, il convient de ne pas se focaliser sur le budget global du ministère, dont le périmètre ne se limite pas aux seules universités et formations post-baccalauréat. C'est en priorité sur l'évolution des crédits alloués au programme "150" qu'il faut se pencher, à savoir celui qui recouvre "formations supérieures et recherche universitaire". Le duo Piketty-Chancel lui a consacré le graphique qui suit, faisant le choix de ne pas inclure les sommes du programme "231", relatif au financement de la "vie étudiante".
La courbe orange montre un budget en progression année après année, et ce, en continu depuis 2015. Attention toutefois : ces sommes "brutes" sont exprimées en euros "courants", c'est-à-dire qu'elles ne tiennent pas compte de l'inflation. Quand cette dernière est ajoutée à l'équation, on obtient une autre courbe, représentée en vert sur le graphique. Elle illustre l'évolution du budget en euros dits "constants", et permet de constater une baisse des moyens.
Une telle approche présente un intérêt : à l'instar d'un foyer de particuliers, un établissement scolaire du supérieur subit lui aussi les conséquences des hausses de prix. Que ce soit pour l'énergie ou d'autres domaines. Dès lors, une approche en euros constants permettra de mesurer l'impact de l'inflation.
Les sommes allouées par étudiant sont en baisse
Dans leurs travaux, Thomas Piketty et Lucas Chancel ont abouti au constat suivant : "entre 2017 et 2023, le budget de l'enseignement supérieur par étudiant (une fois l'inflation prise en compte) a baissé de près de 15%". Des observations qui invitent à dépasser les chiffres bruts des budgets successifs, qui font eux apparaître une série de hausses successives depuis 2017.
En résumé, il est donc nécessaire de relayer avec prudence le constat du député PS Fabrice Roussel. Si le budget dédié à l'enseignement supérieur augmente en valeur absolue (en euros courants) depuis 2017, il est possible de le considérer en baisse si l'on tient compte de l'inflation. Des variations dont l'impact se trouve amplifié par la progression du nombre d'étudiants, assez soutenue depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron il y a 7 ans.
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