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| - L'écologiste Marine Tondelier met en avant la consommation d'eau considérable des centrales nucléaires.Elles représentent 31% de l'eau consommée en France, explique-t-elle.Chez les défenseurs du nucléaire et dans la majorité, on réfute les risques qui seraient associés à ces besoins en eau.
le ministère de la Transition écologique, qui relayait sur son site une estimation de l'eau consommée par les centrales, a expliqué à TF1info que les données en question étaient désormais datées et sans-doute surévaluées. Cet article a donc été modifié afin d'apporter des précisions sur l'origine du chiffre initialement avancé et sur ses limites.
Dans les rangs des écologistes, on estime que la sécheresse hivernale qui sévit actuellement France nécessite de s'interroger sur nos moyens de production d'énergie. Et de réfléchir de manière plus large à notre dépendance au nucléaire. La secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier, a tenu à rappeler que le refroidissement des centrales demandaient d'immenses ressources en eau.
"Nous entendons toutes sortes de mensonges ou de contrevérités sur la consommation d'eau du nucléaire", regrette-t-elle (nouvelle fenêtre), avant d'assurer que dans notre pays, "️️près d’un tiers de l'eau consommée" sert au refroidissement des centrales. Un chiffre qui tranche avec ceux avancés par les représentants de la filière nucléaire et avec les discours des élus de la majorité, se voulant rassurant pas rapport aux besoins en eau des centrales.
Une partie de l'eau évaporée
Du côté de la Société française d'énergie nucléaire (SFEN), on explique que "toutes les activités économiques humaines nécessitent des prélèvements en eau importants dans le milieu naturel", et que "le secteur électrique, majoritairement nucléaire, n’échappe pas à la règle". Pour autant, les besoins en eau sont présentés (nouvelle fenêtre) comme modérés en définitive, puisque "98% de l’eau prélevée est restituée". Un discours qui tranche avec celui de Marine Tondelier et des écologistes.
Lorsque l'on tente d'y voir plus clair sur le sujet, on constate en premier lieu qu'il est indispensable de différencier l'eau prélevée de celle qui est consommée. Le centre d'information sur l'eau met en avant (nouvelle fenêtre) le distinguo entre ces deux termes : "Les prélèvements désignent la quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible)", apprend-on, "tandis que la consommation correspond à une quantité d’eau prélevée, réellement consommée, absorbée." Une eau consommée qui ne peut donc "pas être renvoyée directement dans la nature après usage".
Les centrales nucléaires, pour leur refroidissement, utilisent environ 50% de l'eau qui est chaque année prélevée, devant toutes les autres sources. Pour autant, il faut bien préciser que la majeure partie de cette eau retourne ensuite dans la mer ou les fleuves et rivières. La SFEN se réfère sur son site à des chiffres désormais anciens, qui remontent à 2010 (nouvelle fenêtre). L'eau véritablement consommée pour le refroidissement, peut-on lire, équivaut à "20% du bilan de consommation de l’eau en France" à l'échelle d'une année.
Des sources gouvernementales vont dans le sens de Marine Tondelier. Le bilan environnemental de la France réalisé par le ministère de la Transition écologique soulignait (nouvelle fenêtre) ainsi dans son édition 2021 qu'en moyenne, "entre 2008 et 2018, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 5,3 milliards de m3 en France métropolitaine (soit environ 20 % de l’eau prélevée, hors alimentation des canaux)". Si l’agriculture est présentée comme "la première activité consommatrice d’eau avec 45 % du total", vient ensuite "le refroidissement des centrales électriques", essentiellement nucléaires, à hauteur de "31%". C'est à ce document que la cheffe de file des écologistes se réfère pour évaluer les besoins en eau des centrales. Problème : il s'agit d'une estimation potentiellement trompeuse.
Sollicité par TF1info, le ministère de la Transition écologique explique que "le service statistique du ministère (SDES) dispose d’une base de données administratives robuste sur les prélèvements bruts d’eau par les centrales nucléaires : la BNPE (base nationale des prélèvements). Celle-ci est constituée des déclarations faites par les préleveurs auprès des agences et offices de l’eau, au titre de la redevance pour prélèvement de la ressource en eau (reposant par définition sur le volume prélevé)." Les estimations de l'eau consommée sont décrites comme "complexes", et "celles du SDES reposent historiquement sur des hypothèses normatives de taux de rejets, conjuguées avec les données de prélèvement bruts". On apprend que "le SDES travaille actuellement à une mise à jour de ces chiffres, qui ne l'ont pas été depuis 14 ans, car ils ne reflètent pas la réalité des consommations. La mise à jour sera fondée sur une analyse réacteur par réacteur." Les sources officielles sont donc aujourd'hui datées, et le chiffre de 31% jugé surestimé. Les 20% évoqués par la SFEN apparaissent ainsi sans doute plus proches de la réalité.
Un danger renforcé avec le changement climatique ?
Dans les rangs de la majorité, on insiste sur les faits que les centrales en cycle ouvert restituent toute l'eau prélevée dans la nature. Sans pour autant nier que celles en cycle fermé en consomment, mais en affichant de moindres besoins. L'impact du changement climatique, avec des risques de sécheresse et de mise à l'arrêt des réacteurs, est par ailleurs jugé négligeable. La députée Renaissance Maud Bregeon renvoie (nouvelle fenêtre) à un rapport de RTE, qui tablait (nouvelle fenêtre) en sur une "légère dégradation de la production annuelle [...] attendue à l’horizon 2050". Le "productible annuel perdu" demeure selon les hypothèses envisagées "très faible en moyenne (de 1 à 2 TWh)". Pour l'élue des Hauts-de-Seine, les conséquences sur la production des épisodes de sécheresse sont d'autant moins préoccupantes que ces derniers sont attendus en majorité l'été, "quand la consommation est moindre".
Cet argumentaire ne convainc pas les écologistes, qui mettent en lumière un autre élément : le fait que l'eau utilisée pour refroidir les centrales, quand elle n'est pas évaporée, se trouve rejetée dans la nature à des températures plus élevées qu'au moment où elle a été prélevée. C'est en particulier le cas pour les centrales en cycle ouvert, les mêmes qui brassent les volumes d'eau les plus importants. "Ces rejets d’eau chaude sont considérés comme une pollution thermique qui va affecter faune et flore", alerte (nouvelle fenêtre) dans les colonnes du Parisien un représentant de l'ONG France Nature Environnement. "À cause du réchauffement des fleuves, des parasites se développent ou les ressources alimentaires des poissons peuvent être perturbées", poursuit-il.
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