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| - En matière de lutte contre le changement climatique, l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint incite à ne pas rejeter la faute sur les autres.Elle souligne notamment que l'empreinte carbone d'un Chinois est inférieure à celle d'un Français.Une affirmation qui nécessite d'être nuancée.
La Chine est régulièrement décrite comme le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre (GES) - responsables du changement climatique - au monde. Des allégations face auxquelles l'élue EELV Marie Toussaint, tête de liste de son parti pour les prochaines élections européennes, incite toutefois à faire preuve d'un peu de mesure.
L'eurodéputée a récemment estimé sur Franceinfo que la France devait jouer un rôle de leader. "En matière de dérèglement climatique, on ne peut pas attendre que les autres agissent en se disant que nous, on n'agit pas", a-t-elle lancé. Surtout, poursuit-elle, "on ne peut pas se dire que l'on va rejeter la faute sur la Chine ou la Russie", des pays souvent décrits comme moins vertueux, mais "dont l'empreinte CO2 par tête est inférieur à la nôtre". Qu'en est-il réellement ? TF1info s'est penché sur cette affirmation.
Au niveau des émissions brutes, il n'y a pas photo
Si l'on s'en tient au volume global des émissions de CO2, la Chine est de très loin le pays qui rejette le plus de GES au monde. Mais il ne faut pas oublier qu'il est l'un des plus peuplés, avec plus de 1,4 milliard d'habitants. En toute logique, il suffit donc rapporter les quantités de CO2 émises à la population. La France est-elle moins vertueuse ? Non, puisqu'un Français émet un peu moins de cinq tonnes d'équivalent CO2, contre huit pour un Chinois.
Pour autant, ces données ne viennent pas contredire les propos tenus par Marie Toussaint lors de son intervention à la radio. L'écologiste n'a pas évoqué les émissions "brutes", mais bien "l'empreinte carbone" des Chinois. Un détail qui change la donne.
Un autre mode de calcul pour les émissions de CO2
Une bonne partie des produits que les Français consomment sont fabriqués à l'étranger. Et produire ces biens entraîne des émissions de CO2. Dans un pays très industrialisé, qui compte beaucoup sur ses exportations (comme la Chine), le bilan carbone brut des habitants va grimper. Sans surprise, c'est l'inverse qui s'observe dans des pays très dépendants de leurs importations : peu d'usines, moins d'activités polluantes et des émissions qui restent contenues.
Partant de ce constat, des méthodes de calcul ont été mises en place pour imputer à chaque pays les émissions des produits qui sont importés sur son sol. En clair, si vous achetez un véhicule fabriqué en Roumanie, les émissions de gaz à effet de serre générées dans ce pays pour assurer sa fabrication seront comptabilisées dans votre bilan carbone. À l'inverse, le CO2 rejeté par des industries françaises pour fabriquer des produits achetés à l'étranger sera comptabilisé dans le bilan carbone des pays qui les importent.
Dans l'idéal, pour comparer les bilans carbone de plusieurs pays, il convient de tenir compte des émissions importées. C'est précisément ce que proposent les calculs relatifs à "l'empreinte carbone". S'ils font apparaître des modifications très nettes par rapports aux émissions "brutes", ils n'en demeurent toutefois pas sans défauts.
L'empreinte carbone : un défi à calculer
Le problème majeur de l'empreinte carbone ? Elle est difficile à calculer. Le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (CITEPA) explique qu'il "n’existe pas de méthodologie harmonisée ou commune, validée
au niveau international, pour comptabiliser les émissions basées sur la consommation". Il évoque aussi un "niveau d’incertitude élevé" en ce qui concerne une partie des données utilisées. Évaluer avec précision les émissions générées par chaque pan de l'industrie dans tous les pays qui sont des partenaires commerciaux n'a rien d'aisé.
Le résultat ? Des bilans très variables d'une source à l'autre. Quand l'organisation Global Carbon Project évoque des émissions annuelles de 5,8 tonnes d'équivalent carbone (t CO2 eq) par personne en France (contre 7 en Chine), le ministère de la Transition écologique évalue plutôt le bilan d'un Français moyen à 8,9 t CO2 eq. Une différence de plus de trois tonnes et des calculs qui ne font pas non plus consensus. L'entreprise Carbone4, dont l'un des dirigeants est l'ingénieur Jean-Marc Jancovici, avance par exemple qu'il faudrait ajouter près d'une tonne au bilan carbone de chaque Français pour se rapprocher d'une évaluation précise. Ce qui aboutirait à près de 10 t CO2 eq par individu dans l'Hexagone.
En résumé, il est donc très délicat de comparer les émissions carbone d'un Français par rapport à celle d'un Chinois. Si la meilleure approche pour y parvenir serait d'évaluer l'empreinte carbone pour les habitants des deux pays, nous manquons aujourd'hui de méthodes de calcul suffisamment fiables et harmonisées pour disposer d'éléments conclusifs. Les déclarations de Marie Toussaint doivent dès lors être accueillies avec prudence.
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