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| - Covid-19 : Des nouveaux vaccins anti-coronavirus qui n’auraient pas été testés sur des humains avant leur mise sur le marché ? C’est fauxFAKE OFF•Cette nouvelle génération de vaccins est destinée à mieux lutter contre les variants Omicron
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- De nouveaux vaccins ont été validés par la Food and Drugs Administration (FDA) américaine et par l’agence européenne du médicament dans la lutte contre le Covid-19. Il s’agit de vaccins bivalents, c’est-à-dire qu’ils contiennent une souche des variants Omicron pour lutter plus efficacement contre ces derniers.
- Des rumeurs provenant d’organisations antivax avancent que ces variants n’auraient jamais été testés sur les humains.
- Des tests sur les humains ont bien été réalisés selon la méthode de l’immunobridging, qui consiste à injecter le produit et à observer la réponse immunitaire des participants.
On pourrait presque l’oublier avec la guerre en Ukraine et l’inflation, mais le Covid-19 est toujours là et il continue de sévir. La première semaine de septembre, le nombre de cas positifs détectés par jour s’élevait encore au-dessus de 15.000. Et les spécialistes de la santé craignent un nouveau rebond à l’automne.
Heureusement, la médecine ne désarme pas non plus et la recherche pour de nouveaux vaccins continue. Le 5 septembre dernier, l’Agence européenne du médicament (EMA) a d’ailleurs modifié l’autorisation de mise sur le marché accordée aux vaccins à ARN messager développés par Moderna et Pfizer-BioNTech afin de valider l’utilisation d’une nouvelle génération, les vaccins bivalents. Ils sont destinés à lutter contre le variant Omicron BA.1 et s'adressent à des personnes de 12 ans et plus. Ces « bivalents » sont basés sur la souche initiale du SARS-CoV-2 utilisée depuis le début de la campagne de vaccination contre le Covid-19, mais ils sont mélangés (pour dire simplement) avec des souches des variants Omicron afin de de lutter contre ceux-ci plus efficacement.
Une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux et certaines messageries
L’EMA étudie également les nouveaux vaccins bivalents pour les variants BA.4 et BA.5, qui constituent une grande partie des contaminations actuellement. Sa réponse interviendra mi-septembre, selon un communiqué publié le 1er septembre dernier. La Haute Autorité pour la santé (HAS) a annoncé attendre cette dernière décision de l’EMA pour valider leur utilisation en France.
Pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni, cette décision est déjà prise. La Food and Drugs Administration (FDA) américaine a, par exemple, annoncé leur autorisation dès le 31 août dernier. Mais il y a un hic. Depuis plusieurs jours, sur les réseaux sociaux et certaines messageries, circule une rumeur selon laquelle ces nouveaux « boosters » (rappels pour les personnes ayant déjà eu une primo-vaccination) n’auraient jamais été testés sur les humains avant leur mise sur le marché, rendant imprévisibles et dangereux leurs effets sur la santé. Certains appellent même à l’arrêt total des vaccinations. Si l’information a de quoi inquiéter, elle est pourtant… fausse. Pour vous, 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
Cette rumeur fait un carton dans plusieurs groupes de la messagerie Telegram et la plupart d’entre eux copient et collent le même message d’alerte. Ils citent également tous la même source. Cette mise en garde provient quasiment toujours du « World Council for Health » (Le Conseil mondial pour la santé en français). Une très rapide recherche sur Internet nous amène sur le site de ce « conseil mondial ». Le nom est trompeur, et c’est peut-être voulu, mais il n’a rien à voir avec l’Organisation mondiale pour la santé (World Health Organization).
Des sources douteuses
Selon ses propres termes, le Conseil mondial pour la santé est « une organisation à but non lucratif pour les gens, qui est informée et financée par les gens […] axées sur la santé et […] cherche à élargir les connaissances en matière de santé publique et la prise de décision par la science et la sagesse partagée […] ». Une étude approfondie des différentes publications détaille tout l’éventail des organisations antivax, entre complotisme et fausses études scientifiques.
Le site revendique également des partenariats avec des organisations du monde entier. En allant faire un tour du côté de la France, on ne trouve qu’un partenaire. Il s’agit de « Bon sens », une organisation fondée en 2020 par Martine Wonner, alors députée élue sous l’étiquette LREM, et quelques personnalités controversées comme l’infectiologue Christian Perronne, ou encore Xavier Azalbert, directeur de publication de l’ancien média d’information France Soir. Certaines figures proches de l’extrême-droite catholique comme la généticienne désavouée par l’Inserm, Alexandra Henrion-Caude y figurent également… Surfant sur la vague du Covid-19, l’organisation défend notamment des positions pro-Didier Raoult.
La FDA communique sur ses tests
Les sources, antivax et complotistes, nous amènent donc à remettre en question les affirmations qui circulent sur Telegram. Pour cause, dans son communiqué annonçant la mise sur le marché des nouveaux vaccins, la FDA détaille les tests qui ont été réalisés. Ainsi pour le bivalent Moderna, 600 personnes de 18 ans et plus ont été sélectionnées. Elles avaient toutes reçu les deux doses de la primo-vaccination ainsi qu’un rappel Moderna (Monovalent) au moins 30 jours auparavant. Une partie de ces cobayes a reçu une nouvelle dose de rappel du monovalent Moderna et l’autre a reçu une dose du nouveau vaccin bivalent.
Après 28 jours, la réponse immunitaire des participants (c’est-à-dire la production d’anticorps dans le sang) a été mesurée pour les deux types de vaccins. Il en est ressorti une réponse plus importante et donc plus efficace chez les participants qui ont reçu la nouvelle génération de vaccins.
La même méthode utilisée pour les vaccins à venir
Cette même méthodologie a été appliquée sur 600 participants, cette fois âgés de 55 ans et plus, pour le nouveau bivalent de Pfizer-BioNTech et les résultats ont également été meilleurs qu’avec les anciens vaccins de la firme américaine. Une étude clinique sur ces participants a ensuite montré que les effets secondaires sont semblables à ceux constatés pour les premières générations de vaccins.
C’est la même méthodologie, dite de l'immunobridging qui a été appliquée par l’Agence européenne du médicament pour approuver l’utilisation des vaccins bivalents de Moderna et Pfizer-BioNTech pour le variant BA.1 en Europe. C’est la technique la plus fréquemment utilisée pour les tests sur les vaccins contre la grippe saisonnière. C’est sans doute sur ce point qu’appuient les antivax, puisqu’il ne s’agit pas d’essais cliniques, mais ce sont bien des tests réalisés sur des humains.
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