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| - Marine Le Pen et Jordan Bardella participaient à un meeting géant ce dimanche à Marseille.À moins de 100 jours du scrutin européen, la présidente des députés du Rassemblement national s'en est prise à l'Europe.Elle a notamment assuré que Bruxelles venait d'autoriser l'importation d'insectes pour l'alimentation.
Elle se place en porte-voix de la " révolte paysanne" dans un scrutin européen. Marine Le Pen a ouvert le meeting du Rassemblement national organisé ce dimanche 3 mars à Marseille pour lancer la campagne des européennes. Après s'être attaquée à Emmanuel Macron, celle qui présente sa candidature "symbolique" à la dernière place de la liste de Jordan Bardella s'en est prise à l'Union européenne. Devant plus de 5000 personnes réunies au Parc Chanot, la présidente des députés du RN a ainsi estimé que Bruxelles souhaitait "interdire à notre pays de demeurer une puissance agricole mondiale" en remplaçant la viande par... des insectes. Pour preuve, la députée d'extrême droite a assuré que "nos sémillants technos européens (...) viennent juste d'en autoriser l'importation pour l'alimentation humaine". Nous avons voulu en savoir plus.
Quatre insectes autorisés à la consommation
Tout d'abord, pour défendre l'idée selon laquelle Bruxelles assumerait la disparition de la production de viande (nouvelle fenêtre), Marine Le Pen assure qu'une étude de l'Université de Kiel, en Allemagne, démontrerait que les "différentes stratégies européennes agricoles entraîneraient une baisse de 16% de la production agricole européenne alors que les prix augmenteraient de 42% sur la viande et de 36% sur le lait notamment". Un chiffre trompeur. Comme nous vous l'expliquions dans cet article (nouvelle fenêtre), si l'Union européenne doit effectivement adopter une stratégie "en faveur de la biodiversité", de nombreuses mesures ont disparu du texte final. C'est le cas de celle qui proposait 10% de terres pour la biodiversité, qui conduisait à une baisse conséquente de la production.
Et qu'en est-il de cette histoire d'insectes ? En janvier 2023, la Commission européenne a effectivement intégré les larves de petit tenebrion mat à la liste des "nouveaux aliments" autorisés à la consommation humaine sur le continent. Présent sous forme congelée, lyophilisée, en pâte et en poudre dans plusieurs catégories d'aliments, l'insecte pourra par exemple être utilisé dans les barres de céréales, les nouilles, les soupes ou encore les pâtes à pizza, comme le précise le règlement (nouvelle fenêtre). Une autorisation valable pour une durée de cinq ans.
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Toutefois, il ne s'agit ni de duper les consommateurs, ni de remplacer la viande française (nouvelle fenêtre) par des insectes "importés". Le règlement précise bien que les produits à base d'insectes devront être clairement étiquetés. Les nouveaux ingrédients devront être mentionnés sur les emballages sous leur nom scientifique et sous leur nom courant. En plus, les insectes feront aussi partie de la liste des 14 allergènes qui doivent être clairement étiquetés, au même titre que les œufs, le lait, le poisson ou les crustacés. Il sera donc facile de les identifier, même lorsqu'il s'agira d'une farine utilisée chez le boulanger, par exemple.
Par ailleurs, sur les quatre insectes désormais autorisés à la consommation humaine dans l'Union européenne, aucun n'est actuellement utilisé pour remplacer la production de viande française. À titre d'exemple, si les larves de petit tenebrion mat peuvent servir de substituts de viande pour certaines préparations, celles-ci sont commercialisées en Europe par Ÿnsect. Fondé en 2011 par des scientifiques et militants écologistes, cette entreprise française possède ses élevages en France. Ainsi, en 2022, la start-up a construit une ferme verticale de 45.000 m² près de Dole, dans le Jura (nouvelle fenêtre). Autre exemple, la larve de ver à farine, autorisée en juin 2021, est utilisée depuis de nombreuses années par des éleveurs pour un usage domestique afin de nourrir les bêtes de manière plus écologique et économique.
En résumé, depuis près de trois ans, l'Union européenne autorise bien la vente de certains insectes, très spécifiques, pour la consommation humaine. Toutefois, non seulement il ne s'agit pas pour l'heure de remplacer les viandes dans nos assiettes - les produits étant utilisés pour nourrir les animaux ou pour remplacer la farine - mais il ne s'agit pas non plus exclusivement de produits importés. Reste que, de fait, les insectes sont vus comme une solution d'avenir. Que ce soit pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ou pour l'Union européenne, ces petits animaux à six pattes sont considérés comme une source potentielle de protéines plus écologique et plus durable.
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