| schema:text
| - :
Vrai ou faux
Chute de Bachar al-Assad en Syrie : des nombreuses fausses informations circulent sur les réseaux sociaux
La photo d'un soi-disant détenu libéré, des vidéos censées montrer la prison de Saydnaya, une présumée photo de Bachar al-Assad en Russie… Misbar , un site spécialisé dans la lutte contre la désinformation dans le monde arabe, a repéré une trentaine de fausses informations qui ont circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, pendant le soulèvement des rebelles syriens jusqu'à la chute du régime syrien et la fuite du dictateur Bachar al-Assad, dimanche 8 décembre.
Il s'agit principalement de vidéos et de photos détournées, utilisées hors de leur contexte, utilisées pour influencer les observateurs pour qu'ils préfèrent un camp ou l'autre.
De nombreuses images détournées
Le site d'information a repéré, par exemple, cette vidéo d'une mère éplorée qui retrouve son fils. On la voit en larmes de joie au bord d'une route, un homme arriver au loin. Selon l'internaute qui la partage, cela faisait 20 ans que son fils était enfermé dans les prisons du régime syrien. Sauf qu'en vérité la vidéo date de 2018 et n'a pas été tournée en Syrie. Il s'agit d'une femme palestinienne qui retrouve son fils, libéré des prisons israéliennes.
Cette vidéo est donc sortie de son contexte. Il y en a plusieurs dans le même genre, comme cette autre vidéo d'un homme présenté comme un Syrien libéré après des années de détention, alors qu'il s'agit, là aussi, d'un Palestinien et que la vidéo est ancienne. Ces détournements, aux airs inoffensifs, sont tout de même de la désinformation et ont pour but de chanter les louanges des rebelles, menés par la mouvance islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), malgré les nombreuses incertitudes qui planent encore sur la Syrie.
À l'inverse, d'autres images détournées cherchent plutôt à pointer les rebelles du doigt. Ainsi vont ces images d'un massacre qui montrent des combattants acheminer des civils vers une fosse, creusée dans le sol, et les abattre de sang-froid. Une internaute, qui partage la vidéo, traite les rebelles de "monstres". Pourtant, ces images montrent en réalité, au contraire, un crime perpétré par des soldats du régime de Bachar al-Assad en 2013 dans le quartier de Tadamon à Damas. Des internautes ont aussi affirmé, quelques jours avant la victoire des rebelles, que leur leader, Abou Mohammed al-Jolani, chef du HTS, avant été tué dans un bombardement russe, alors que ce n'est pas le cas, comme le rapporte RFI.
Misbar a fact-checké aussi de nombreuses images sorties de leur contexte ou même inventées, qui cherchent à montrer le soutien international aux pro- ou aux anti-Bachar al Assad. D'un côté, circule, par exemple, une image inventée du Burj Khalifa, un gratte-ciel de Dubaï, sur lequel la photo d'un chanteur révolutionnaire aurait été projetée. Cela semblerait démontrer le soutien des Émirats arabes unis aux rebelles. De l'autre côté, est partagée une photo d'une rencontre entre Bachar al-Assad et le guide suprême iranien Ali Khamenei. Ceux qui la partagent affirment que l'image est récente alors qu'elle date de 2005.
Une désinformation massive depuis le début de la guerre civile
Ces vidéos détournées, ces images inventées, sont l'épilogue d'une séquence de désinformation massive qui a duré 13 ans, depuis le début de la guerre civile en Syrie. L'accès au pays a été restreint aux journalistes, dès le départ. France 24 notait dès 2012 que "la guerre des propagandes [étranglait] l'information sur le conflit syrien". Et le régime syrien, soutenu par la Russie, s'est employé à nier l'importance de ce soulèvement populaire, à lancer la théorie d'un "complot international" contre la Syrie, ou encore à nier ses crimes de guerre.
Cette désinformation du régime est arrivée jusqu'à la sphère politique française. Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, a repris il y a quelques années dans une interview sur France Inter un mensonge du régime affirmant que cette guerre avait été provoquée pour pouvoir réaliser un projet de gazoduc qatari. Désinformation arrivée même jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, lorsque la Russie a déposé un rapport dénonçant les "casques blancs", l'organisation humanitaire de la défense civile syrienne. Les casques blancs ont d'ailleurs consacré un rapport à la désinformation du régime syrien en 2017, baptisé "Killing the Truth", "Tuer la Vérité".
Le régime a maintenu sa propagande jusqu'aux derniers jours avant sa chute, en accusant notamment les rebelles d'utiliser l'intelligence artificielle pour fabriquer de fausses preuves de leur avancée sur le territoire syrien, et notamment de leur prise de la ville de Hama, comme le rapporte l'agence de presse afghane AVA, alors même que des journalistes présents sur place ont pu photographier l'événement.
La désinformation a été et est encore tellement massive sur ce conflit. L'ONG indépendante The Syria Campaign la juge responsable d'avoir créé le doute dans les esprits, notamment Occidentaux, sur ce qu'il se passait réellement en Syrie et d'avoir contribué à empêcher une action internationale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.
|
![[RDF Data]](/fct/images/sw-rdf-blue.png)
![[cxml]](/fct/images/cxml_doc.png)
![[csv]](/fct/images/csv_doc.png)
![[text]](/fct/images/ntriples_doc.png)
![[turtle]](/fct/images/n3turtle_doc.png)
![[ld+json]](/fct/images/jsonld_doc.png)
![[rdf+json]](/fct/images/json_doc.png)
![[rdf+xml]](/fct/images/xml_doc.png)
![[atom+xml]](/fct/images/atom_doc.png)
![[html]](/fct/images/html_doc.png)