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| - Selon le maire de Grenoble, Éric Piolle, le chef de l'État a "intégré la consommation de la drogue" aux comptes nationaux.C'est vrai depuis 2018, mais cela fait suite à une décision de l'Insee pour s'aligner sur la pratique européenne.
Pour calculer son produit intérieur brut (PIB), la France prend-elle en compte une activité illicite comme la consommation de drogue ? C’est ce qu’a avancé le maire écologiste de Grenoble, ce lundi 28 octobre au matin sur Franceinfo (nouvelle fenêtre). Éric Piolle est alors revenu sur sa position en faveur de la légalisation du cannabis, et en a profité pour dénoncer l’hypocrisie du gouvernement, qui aurait inclus le trafic de drogue dans le calcul de la richesse nationale.
Ainsi, l'édile a souligné que "Monsieur Macron a intégré la consommation de drogue dans le PIB". Avant d’ironiser : "C’est génial, on lutte contre un truc de manière répressive mais ça fait partie de la croissance économique". Pour rappel, le produit intérieur brut (PIB) permet d’évaluer l’activité économique d’un pays et "donne une mesure des richesses nouvelles créées chaque année par le système productif et permet des comparaisons internationales", selon l’Insee (nouvelle fenêtre).
Une décision pour s'aligner avec les voisins de la France
Depuis 2018, le trafic de drogue - et pas seulement sa consommation - est bien pris en compte (nouvelle fenêtre) dans le PIB. Seulement, ce n’est pas le fait du président de la République mais de l’Insee, l’Institut national de la statistique, qui œuvre en toute indépendance. En réponse à une question écrite (nouvelle fenêtre) d'un sénateur, le ministère de l’Intérieur de l’époque soulignait d’ailleurs alors que "le gouvernement ne peut que prendre acte du choix de l’Insee". À l’origine, la demande a été formulée par Eurostat, le service de statistique européen, afin d’harmoniser les données européennes, la majorité des pays prenant déjà en compte les revenus liés à la drogue dans leur richesse nationale. Se retrouvant en position "minoritaire", la France a alors décidé de "s’aligner sur la pratique des autres pays européens", selon un communiqué (nouvelle fenêtre).
Pour justifier cette intégration, l’Insee a avancé plusieurs arguments. D’abord le fait que "le caractère légal ou illégal, déclaré ou non déclaré, d’une transaction n’est pas un motif recevable pour ne pas la décrire en comptabilité nationale". C’est ainsi que la contrebande de tabac est intégrée au PIB depuis 2005. Ensuite, le consentement semble être respecté dans le cas du consommateur de drogue. À l’inverse de la prostitution, qui n’est pas intégrée au PIB pour cette raison précise.
Un chiffre d'affaires évalué... en 2010
Dès lors, comment estimer ces recettes ? Par essence, le trafic de drogue est un marché illégal et donc difficile à quantifier, comme nous y revenions ici (nouvelle fenêtre). Pour évaluer le coût du trafic de drogue, et son impact dans la richesse nationale, l’Insee s’est fondé sur les travaux de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). En 2016, la première a confié à la seconde la tâche de conduire un rapport sur l’estimation des bénéfices de la drogue en France.
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Selon le rapport (nouvelle fenêtre) qui en suivra, le chiffre d’affaires de la drogue est estimé en 2010 entre "1,5 et 3,2 milliards d’euros, pour une estimation préférentielle de 2,3 milliards d’euros". En adaptant ces chiffres à l’année 2014, l’Insee parvient à un montant plus élevé, de 2,7 milliards d’euros par an. Des montants qui sont relativement anciens, et mériteraient une mise à jour, mais qui conduisent à une hausse de 0,1 point de PIB, selon le calcul de l’Insee, lorsqu'ils sont intégrés à la richesse nationale.
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