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  • « Dans une liste de vingt pays pauvres ou émergents, la Côte d'Ivoire est celui qui dépense le moins pour la santé de ses populations si l'on excepte le Mali et la Guinée-Bissau », a écrit Théophile Kouamouo dans un article publié sur son blog, le 20 mars 2018, citant un rapport de la Banque mondiale. Le texte de M. Kouamouo évoque l'inauguration, quelques jours auparavant, de l'Hôpital mère-enfant (HME) de Bingerville, construit à l'initiative de la Fondation Children of Africa présidée par la Première dame ivoirienne, Dominique Ouattara. Cet hôpital « est inauguré quelques semaines après la publication d'un rapport de la Banque mondiale qui nous apprend que, dans une liste de vingt pays pauvres ou émergents, la Côte d'Ivoire est celui qui dépense le moins pour la santé de ses populations si l'on excepte le Mali et la Guinée-Bissau », a écrit M. Kouamouo sur son blog, sans plus de détails sur ce document. Qu'en est-il ? Africa Check a cherché les preuves. Sur quel rapport s'est-il fondé ? Sollicité par Africa Check sur le rapport mentionné pour ce classement, l'auteur a fourni un lien vers un article mis en ligne le 8 février 2018 par la Banque mondiale, "Comprendre la santé de l'économie ivoirienne en cinq minutes et cinq graphiques". Cet article lui-même présente les grandes lignes d'un rapport du groupe de la Banque mondiale paru en janvier 2018 et intitulé "Aux portes du paradis - Comment la Côte d'Ivoire peut rattraper son retard technologique ?". « Afin de montrer les possibles gains d'efficience que l'Etat ivoirien pourrait réaliser dans ses dépenses d'éducation et de santé (qui comptent pour près de tiers du budget), une analyse comparative a été réalisée avec un échantillon d'une vingtaine de pays à la fois de la sous-région et de pays qui pourraient représenter des cibles pour la Côte d'Ivoire », écrit-il dans ce document. Dans le secteur de la santé, ajoute-t-il « la Côte d'Ivoire dépense relativement peu, ce qui explique ses résultats modestes en termes de mortalité maternelle. Seuls le Mali et la Guinée-Bissau consacrent moins de ressources à la santé que la Côte d'Ivoire ». Cependant, précise-t-il, « cette comparaison est indicative. D'une part, la performance des systèmes d'éducation et de santé n'est pas seulement influencée par les montants de ressources mis à disposition. Elle dépend aussi de facteurs comme la structure démographique, le niveau de pauvreté, et la géographie de chaque pays ». « D'autre part, leur performance ne peut pas non plus être mesurée à travers un seul indicateur, surtout que celui-ci ne prend pas en compte la qualité de l'enseignement ou des soins de santé », souligne la même source. Un tiers des dépenses totales de santé « L'Atlas des statistiques sanitaires de la région africaine 2016 », produit par l'Observatoire africain de la santé au bureau régional Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fournit des chiffres pays par pays sur différents sujets dans le domaine, des maladies aux systèmes de santé en passant par les dépenses. D'après ce document, en 2013, la Côte d'Ivoire faisait partie des pays du continent où les dépenses de l'Etat en santé représentaient moins de 40 % des dépenses totales en santé du pays (la moyenne continentale étant de 49,5 %). Les « dépenses des administrations publiques en santé » de la Côte d'Ivoire représentaient précisément 33,1 % des dépenses totales de santé du pays. Ce pourcentage est plus élevé que celui de la Guinée-Bissau (20,3 %) mais plus bas que celui du Mali (39,7 %). Parmi les pays où ce taux dépasse 60 %, figurent les Seychelles (92 %), l'Algérie (74,2 %), le Cap-Vert (73,7 %) ou encore le Ghana (60,6 %) et la Gambie (60,1 %). Moins de 10 % du budget national pour la santé Pour ce qui est du pourcentage des dépenses publiques de santé sur les dépenses totales pour la même année, il était de 8,5 % pour la Côte d'Ivoire, mieux que celui de la Guinée-Bissau (7,8 %) mais moins bien que celui du Mali (12,3 %). En avril 2001, les dirigeants africains réunis en sommet spécial à Abuja, au Nigeria, s'étaient engagés à consacrer chaque année au moins 15 % des budgets de leurs Etats à la santé. En 2013, peu de pays du continent dépassaient ce pourcentage. Parmi eux, figuraient l'Ouganda (24,3 %), le Rwanda (22,3 %), le Swaziland (18,1 %), l'Ethiopie (16,4 %), le Malawi (16,2 %) ou encore la Centrafrique (15,9 %) et le Togo (15,4 %). Pour la même année, la moyenne pour le continent s'établissait à 11,4 %. 42 points sur 100 Par ailleurs, la Côte d'Ivoire se classe au nombre des 20 pays au système de santé considéré comme le moins performant au monde, d'après une étude sur l'accès aux soins de santé dans 195 pays et territoires de 1990 à 2015. Les conclusions de cette étude, menée par plusieurs auteurs, ont été publiées en mai 2017 notamment par la revue médicale britannique The Lancet (une version anglaise est consultable en ligne). Sur les 195 pays et territoires notés de 0 à 100 selon la qualité et l'accessibilité des systèmes de santé, la Côte d'Ivoire a 42 sur 100 et se classe 14e, faisant mieux que la Centrafrique (29/100, dernier pays au classement), la Somalie (34 sur 100), la Guinée-Bissau (36 sur 100) ou encore le Tchad (38 sur 100), la Guinée (39 sur 100) et le Niger (41 sur 100). Mais parmi les pays les mieux classés qu'elle, figurent le Burkina Faso et le Bénin (43 sur 100), le Togo (44 sur 100) ainsi que le Liberia (45 sur 100) et le Mali (46 sur 100). Lieu de naissance risqué Le 20 février 2018, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a publié un rapport sur la mortalité néonatale dans le monde, intitulé « Pour chaque enfant, une chance de vivre : l'urgence de mettre fin à la mortalité néonatale ». (Source : "Pour chaque enfant, une chance de vivre : l'urgence de mettre fin à la mortalité néonatale", Unicef, 2018) Ce document contient une liste de « lieux de naissance les plus risqués » au monde, fondée notamment sur les taux de mortalité les plus élevés en 2016 et le nombre de professionnels de la santé qualifiés pour 10.000 habitants. La Côte d'Ivoire fait partie des « 10 pays affichant les taux de mortalité néonatale les plus élevés », incluant également la Guinée-Bissau et le Mali. Conclusion : l'estimation sur la faiblesse des dépenses de santé de la Côte d'Ivoire est correcte même si elle est basée sur une « comparaison indicative » Le journaliste Théophile Kouamouo, citant un rapport de la Banque mondiale, a écrit dans un billet de blog que « dans une liste de vingt pays pauvres ou émergents, la Côte d'Ivoire est celui qui dépense le moins pour la santé de ses populations, si l'on excepte le Mali et la Guinée-Bissau ». Le rapport évoqué précise qu'il s'agit d'une comparaison « indicative », car une telle performance « n'est pas seulement influencée par les montants de ressources mis à disposition ». Elle « dépend aussi de facteurs comme la structure démographique, le niveau de pauvreté, et la géographie de chaque pays ». D'autres études et rapports permettent cependant d'admettre que les dépenses publiques de santé de la Côte d'Ivoire ne sont pas très élevées, même si le classement du trio de pays en queue de classement varie selon les données. C'est le cas de l'Atlas des statistiques sanitaires de la région africaine 2016. Une étude sur les systèmes de santé de 195 pays et territoires, publiée en 2017, classe la Côte d'Ivoire parmi les 20 pays dont les systèmes de santé sont moins performants. Par ailleurs, un rapport de l'Unicef publié en février 2018 met la Côte d'Ivoire sur la liste des dix pays considérés comme « les lieux de naissance les plus risqués » au monde. Au regard de ces données, l'estimation sur la faiblesse des dépenses de santé de la Côte d'Ivoire, même fondée sur des éléments parcellaires, est correcte. Edité par Assane Diagne Ajouter un commentaire
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