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| - Jeudi 26 novembre, le vice-président de Debout La France, Philippe Torre, a publié sur Facebook cette image montrant une photo de personnes attablées dans un bel intérieur et celle d'un restaurant fermé, où apparaît le texte : «La "cantine" du Sénat est ouverte mais les restaurants sont fermés. Vous trouvez ça normal ?» Plus longuement, Philippe Torre complète l'image par ce commentaire : «Alors que la buvette de l'Assemblée nationale et la "Cantine" du Sénat sont ouvertes, les restaurants sont fermés. Mais quelle est la différence ? Pourquoi ce deux poids deux mesures ? C'est avec ce genre de décisions que les Français n'ont plus confiance en ceux qui nous dirigent. Réouvrons les restaurants et bars immédiatement dans le respect des mesures barrières !» L'image a été relayée plus de 2 700 fois sur le réseau social (1).
En voulant comparer les restaurants fermés à cause du confinement et les lieux de restauration des parlementaires, Philippe Torre déforme les faits.
Tout d'abord l'image des personnes attablées n'est pas récente. Si elle a bien été prise dans le salon Napoléon du restaurant du Sénat, elle a été photographiée en mai 2011 par un membre de l'Ordre des canardiers, une association de défense de l'art culinaire, dont Gérard Larcher, président du Sénat, est «canardier d'Honneur». Cette image ne montre pas non plus la réalité actuelle de l'intérieur du restaurant. Et pour cause, le service de presse du Sénat indique à CheckNews que «le restaurant du Sénat n'est pas ouvert. Il a été fermé dès le 19 octobre avant la mise en œuvre du reconfinement afin de prévenir la propagation du virus. Est exclusivement assuré un service de vente à emporter». La première affirmation de Philippe Torre est donc fausse.
Equivalents des cantines d’entreprises
Dans le commentaire qui accompagne l'image, le vice-président de Debout la France s'en prend également à la buvette de l'Assemblée nationale. Contacté par CheckNews, le service de presse du Palais-Bourbon explique que «depuis le début du second confinement, les sites de restauration de l'Assemblée sont maintenus ouverts, conformément à la réglementation qui permet le maintien en activité des établissements relevant de la restauration collective (cantines scolaires, restaurants d'entreprise, restaurants administratifs, etc.)». Notant que les députés, leurs collaborateurs et le personnel de l'Assemblée nationale ne trouvent «aucune autre solution de restauration alentour», la Chambre basse fait donc valoir le fait que ces lieux de restauration sont les équivalents des cantines d'entreprises qui, malgré l'impact du télétravail, continuent de servir des repas aux employés pendant le confinement, et dont les conditions d'ouverture sont fixées à l'article 40 du décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.
Ces restrictions imposent dans tous les sites de restauration (restaurants parlementaires, buvette, cafétérias et restaurants en libre-service) de l'Assemblée nationale un service uniquement en place assise, «ce qui exclut les consommations debout ou au comptoir» ; un nombre maximal de six personnes à une même table ; un espacement minimal d'un mètre entre les chaises, ce qui a conduit à «supprimer environ la moitié des places, en plaçant les clients en quinconce», réduisant ainsi la capacité de la buvette de 100 à 47 places ; le port du masque obligatoire pour le personnel et pour les clients en dehors de la consommation des plats ; et la capacité maximale affichée à l'accueil. La division de la presse de l'Assemblée nationale ajoute que les parlementaires ne peuvent plus recevoir d'invités et que les sites de restauration ferment tous à 21 heures depuis l'instauration du couvre-feu. Pour remédier à la diminution du nombre de places, qui limite l'accès aux repas assis, une offre de vente à emporter a été mise en place.
Avec sa publication, Philippe Torre pointe un deux poids deux mesures entre les Français et leurs parlementaires, mais il oublie de mentionner que les lieux de restaurations des députés restent ouverts à l'instar des cantines d'entreprise.
(1) Pour lutter contre les fake news, Facebook a mis en place un partenariat avec cinq fact-checkers français (dont Libération). Des articles très partagés sur les réseaux sociaux et signalés par des utilisateurs sont vérifiés par les médias français.
Affirmation à vérifier
La cantine du Sénat et la buvette de l'Assemblée nationale sont ouvertes alors que les restaurants sont fermés
Conclusion
Trompeur: le restaurant du Sénat est fermé.
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