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| - La question de la défense européenne a été au cœur des échanges en début de semaine, à l'occasion d'un sommet informel entre États membres de l'UE.En marge de cette rencontre, l'eurodéputée Renew Valérie Hayer a regretté que les pays européens achètent "80% de leur matériel militaire" hors de l'UE.Ce chiffre, relayé par la Commission européenne, provient d'une étude réalisée par un think tank français.
En déplacement à Bruxelles à l'occasion d'un sommet informel avec les représentants des pays membres de l'UE, Emmanuel Macron a plaidé pour une "préférence européenne" en matière d'achats d'armements. La garantie, selon ses mots, d'une Union "plus indépendante" face aux États-Unis. L'eurodéputée Valérie Hayer, fidèle soutien du chef de l'État, a également évoqué (nouvelle fenêtre) cette nécessité et mis en avant un chiffre symbolique à ses yeux. En matière de défense, a assuré la représentante du groupe Renew sur France Info, "on va chercher 80% de nos équipements ailleurs qu'au sein de l'Union européenne".
Des données sensibles délicates à obtenir
Lorsque les pays de l'UE s'approvisionnent en matériel de défense, 8 euros sur 10 sont-ils dépensés hors du Vieux continent ? Sollicitée par TF1info, la Commission européenne confie ne pas disposer de chiffres détaillés sur le sujet. La raison est simple : "Les États membres de l’UE ne les partagent pas" à cause de leur "caractère hautement sensible et confidentiel". Malgré cette prudence, nous disposons toutefois de quelques données, dont certaines relayées par la Commission.
Il s'avère que Valérie Hayer s'appuie sur des éléments mis en avant par l'institution basée à Bruxelles. Et plus précisément sur "la partie introductive" de sa "communication sur la stratégie industrielle de défense". Un document (nouvelle fenêtre) d'une trentaine de pages datant du printemps 2024 au sein duquel est expliqué que "78% des acquisitions réalisées dans le domaine de la défense par les États membres de l’UE entre le début de la guerre d’agression menée par la Russie et juin 2023 provenaient de l’extérieur de l’UE". Soit peu ou prou la proportion évoquée par l'élue Renew.
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Ces 78% ne sont pas directement issus des travaux de la Commission, mais proviennent d'un rapport (nouvelle fenêtre) réalisé par un think tank français : l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). L'auteur, Jean-Pierre Maulny, est spécialisé dans les études sur la défense, l'Europe de la défense et l'Otan, ainsi que sur l'industrie et les ventes d'armes. De ses observations émerge également la place centrale occupée par les États-Unis dans l'approvisionnement des Européens en matériel de défense. On découvre ainsi que 63% des acquisitions réalisées hors UE par des membres des 27 l'ont été auprès d'industriels américains.
Une dépendance en voie de réduction
L'Iris n'est pas la seule structure à s'être penchée sur les investissements dans la défense. Notons par exemple que l'International Institute for Strategic Studies (IISS), un institut de recherche britannique, a pour sa part fourni des éléments (nouvelle fenêtre) qui attestent d'une dépendance de l'UE moins marquée aux matériels non-européens. "De février 2022 à septembre 2024, les États européens de l'OTAN ont passé des contrats à 52% pour des systèmes européens et à 34 % pour des systèmes américains", indiquait un rapport dévoilé à la mi-novembre.
Sur son blog hébergé par Ouest-France, le journaliste et spécialiste des questions de défense Philippe Chapleau a fourni une explication (nouvelle fenêtre) à ces écarts de chiffres. Ils s'expliquent, note-t-il, par le fait que "l’IISS a pris en compte les achats intérieurs des États membres, ce qui a automatiquement et considérablement réduit la part des achats extérieurs".
Dans un rapport d'information parlementaire présenté l'an passé, la question des approvisionnements en matériel de défense était également abordée. Le document nous indiquait (nouvelle fenêtre) qu'entre "2007 et 2016", on estimait "que plus de 60% du budget des pays de l’UE dédié à l’acquisition d’équipements de défense a été consacré à des importations militaires en provenance de pays tiers", hors de l'Union. Au sein des 27, la France occupe toutefois une position particulière : dans notre pays, un modèle d'"industrie de défense autonome" explique le "faible taux d’importations militaires", ainsi que "la présence de l’État au sein de l’actionnariat de plusieurs industriels de défense".
S'il est in fine délicat de s'arrêter sur un chiffre précis, faute de transparence des États membres sur ces questions, la Commission revendique de développer une industrie de défense qui s'appuie davantage sur des capacités de production propres à l'UE. Et tente d'orienter les politiques des États membres. L'institution rappelle notamment à TF1info que la "stratégie industrielle de défense européenne (Edis), publiée en mars 2024, propose que les pays de l'Union européenne s'efforcent d'acquérir au moins 50% de leurs besoins en matière de défense au sein de l'UE d'ici à 2030, et 60% d'ici à 2035".
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