| schema:text
| - Un graphique relaye la différence de PIB par habitant entre la France et le Mississippi.Il illustrerait le déclassement économique français par rapport aux États-Unis.Une comparaison qui n'est pas sérieuse, selon les économistes interrogés par TF1info.
La France serait-elle plus pauvre que le plus pauvre des 51 États américains ? C’est une comparaison bien peu flatteuse qui se trouve relayée par de nombreux comptes français sur X : celle du produit intérieur brut (PIB) par habitant d’États américains et de pays du G7, situant la France tout en bas du classement, aux côtés du Royaume-Uni ou du Japon.
"La France est désormais plus pauvre que le plus pauvre des 50 États américains, le Mississippi. Avant de vouloir 'redistribuer' la richesse, l’Europe a oublié qu’il fallait en créer", critique ce compte X (nouvelle fenêtre) en partageant un graphique. L’argument est repris par Damien Rieu (nouvelle fenêtre), militant d’extrême droite, ou par Pravda (nouvelle fenêtre), l'un des sites identifiés de la propagande russe.
Un argument déjà utilisé par Jordan Bardella
Que dit ce graphique ? Comme son nom l’indique, il classe le PIB par habitant des États américains les plus riches et les plus pauvres de tout le pays en fonction de celui des pays du G7. Avec 46.000 dollars de PIB par habitant, la France serait donc à la traîne… et plus pauvre que l’État américain considéré comme le plus pauvre : le Mississippi, avec un PIB par habitant de 51.420 dollars. L’argument a déjà été utilisé par Jordan Bardella il y a quelques mois. Sur le plateau de TF1 en mai, le président du Rassemblement national (RN), alors tête de liste aux élections européennes, avait affirmé à Gabriel Attal que "nous avons aujourd'hui le PIB par habitant de l'État américain le plus pauvre, c'est-à-dire le Mississippi".
Le graphique qui circule aujourd’hui trouve ses origines le 18 novembre sur le site anglophone (nouvelle fenêtre) "Visual capitalist" qui propose donc des visuels et des schémas sur divers sujets, majoritairement économiques. Le PIB par habitant de la France qui y est présenté est celui de 2023, et le chiffre avancé est conforme aux estimations de la Banque mondiale (nouvelle fenêtre) à 44.460 dollars, contre le double pour les États-Unis (81.695 dollars).
Un écart et un décrochage français qui a fait couler beaucoup d’encre : en juillet 2023, Le Monde pointait dans un édito (nouvelle fenêtre) que "l’écart de PIB (était) désormais de 80% entre l’Europe et les États-Unis" et renvoyait à une comparaison faite entre les pays européens et les États américains, par le Centre européen d'économie politique internationale (ECIPE). Ce groupe de réflexion indépendant était aussi arrivé à la conclusion (nouvelle fenêtre) que "les États américains (étaient) beaucoup plus représentés dans la partie supérieure du classement que les États membres de l'UE".
"Comparer des choux et des carottes"
Pourtant, une telle comparaison ne tient pas, estime Christophe Boucher, professeur d'économie et de finance à l'Université Paris Nanterre, pour qui "ce graphique compare des choux et des carottes : avec des erreurs grossières et d’autres plus subtiles". En effet, les critères du PIB par habitant varient entre les États américains - dont le PIB est calculé par le Bureau of Economic Analysis (BEA) - et les pays du G7 : "Les estimations du BEA pour les États américains sont plus localisées et sectorielles, tandis que les estimations du PIB pour les pays sont plus globales, intégrant des facteurs internationaux comme le pouvoir d’achat et le commerce extérieur. Cela rend les comparaisons directes entre PIB d’un État et celui d’un pays méthodologiquement délicates".
Mais surtout, l’indicateur du PIB par habitant montre une réalité biaisée… en ne tenant pas compte d’un élément essentiel pour comparer la richesse : le coût de la vie, qui est assurément plus bas en France qu’aux États-Unis. "Le défaut de la mesure, c'est que ça ne prend pas en compte l'inflation. Ils ont pris le PIB courant, ils l'ont mis dans la même monnaie, et puis ils l'ont divisé par le nombre d'habitants", relève Éric Heyer, directeur du département Analyse et Prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Pour inclure le coût de la vie, un indicateur existe : celui du PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA). Ici, l’écart de richesse entre la France et les États-Unis se resserre nettement, ce que confirment nos deux économistes interrogés.
"La France se situe généralement entre la 25ᵉ et la 30ᵉ place mondiale en termes de PIB par habitant corrigé en parité de pouvoir d’achat (PPA). En 2023, son PIB par habitant en PPA est estimé autour de 61.157 dollars, ce qui la place derrière des pays comme l’Allemagne ou la Suède, mais devant d’autres grandes économies européennes comme l’Espagne ou l’Italie", souligne par ailleurs Christophe Boucher.
Les États-Unis se situent quant à eux à la 9ᵉ place, avec un PIB par habitant en PPA de 81.695 dollars. À l’intérieur même du pays, cet indicateur varie fortement, comme le montre (nouvelle fenêtre) le BEA, marquant de fortes "disparités économiques régionales". En résumé, la présentation faite par ce graphique est trompeuse et ne peut être faite ainsi. Il aurait fallu inclure la parité de pouvoir d'achat, essentielle pour comparer la richesse entre deux pays.
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
|
![[RDF Data]](/fct/images/sw-rdf-blue.png)
![[cxml]](/fct/images/cxml_doc.png)
![[csv]](/fct/images/csv_doc.png)
![[text]](/fct/images/ntriples_doc.png)
![[turtle]](/fct/images/n3turtle_doc.png)
![[ld+json]](/fct/images/jsonld_doc.png)
![[rdf+json]](/fct/images/json_doc.png)
![[rdf+xml]](/fct/images/xml_doc.png)
![[atom+xml]](/fct/images/atom_doc.png)
![[html]](/fct/images/html_doc.png)