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| - Une vidéo de quelques secondes largement relayée sur le réseau social X montre ce qui ressemble à la démolition d'un minaret.Les faits auraient eu lieu en Chine, un pays où les mosquées se verraient détruites et "transformées en toilettes publiques".Il s'agit d'affirmations trompeuses : cette vidéo a été tournée en Turquie, suite à un tremblement de terre.
En l'espace d'à peine 48 heures, une vidéo (nouvelle fenêtre) postée sur le réseau social X a cumulé plus de 500.000 visionnages. Relayée par un compte qui prétend diffuser des informations "24 heures sur 24, 7 jours sur 7", elle ne dure que quelques secondes et montre l'effondrement d'un minaret, au cœur d'une ville. Difficile au premier abord d'identifier les lieux, d'autant que le son ne nous apporte aucun indice permettant de saisir le contexte dans lequel se déroule la scène.
Si l'on en croit le message qui accompagne cette brève séquence, "la Chine considère l'islam comme une maladie mentale" et "détruit des mosquées" pour les transformer "en toilettes publiques". Attention : il s'agit d'une vidéo qui n'a absolument aucun lien avec la Chine, puisque ces images ont été filmées l'an passé en Turquie.
Une vidéo tronquée, capturée après un séisme en 2023
Contrairement à ce qu'affirme le compte qui partage cette séquence, nous ne sommes pas ici en Chine, mais en Turquie, dans la ville d'Adana (la 5ᵉ plus peuplée du pays). Des recherches conduisent en effet à des événements survenus en 2023 : au début du mois de février, il y a presque un an jour pour jour, la Turquie était en effet touchée par une série de puissants séismes (nouvelle fenêtre), d'une magnitude d'environ 7,5.
La plateforme d'information turque Aykiri (Aykırı) avait alors partagé sur les réseaux sociaux à ses quelque 780.000 abonnés une version plus longue de cette vidéo, sur laquelle on observe l'effondrement d'un minaret. Une "tentative de démolition contrôlée", nous apprenait le site, l'édifice ayant été endommagé par les tremblements de terre. La suite de la séquence, absente de la vidéo aujourd'hui mise en avant, montre un ouvrier en charge de la démolition être blessé par des morceaux de pierres projetés lors de l'effondrement. Un accident dont l'homme a réchappé sans graves séquelles, soulignait un article (nouvelle fenêtre) paru dans la foulée. Une publication grâce à laquelle on apprenait que de multiples minarets (78 au total) ont subi des dégâts, obligeant les autorités à les détruire de manière préventive.
Deprem sonrası hasar gören minare için "Kontrollü yıkım" girişiminde bulunuldu. Yıkımı yöneten görevli yaralandı. — Aykırı (@aykiricomtr) February 26, 2023
Il n'est donc nullement ici question d'événements survenus en Chine, et encore moins d'un remplacement de mosquées par des toilettes publiques. On note toutefois dans les commentaires que des internautes se sont laissés abuser par les affirmations contenues dans ce message, puisque nombre d'entre eux, à connotation raciste ou islamophobe, ont été postés en réaction.
Si cette vidéo n'a aucun rapport avec la Chine, il faut cependant noter que Pékin se trouve dans le viseur de plusieurs ONG, qui mettent en garde contre les violations répétées du droit à la liberté de culte dans le pays, visant en particulier les musulmans. En novembre 2023, Human Rights Watch (HRW) expliquait (nouvelle fenêtre) ainsi que "les autorités chinoises ont désaffecté, fermé, démoli et converti des mosquées à un usage séculier, dans un effort visant à restreindre la pratique de l’islam". Dans de nombreuses autres mosquées, "elles ont démantelé et retiré certaines caractéristiques architecturales islamiques, telles que les dômes et les minarets".
Une politique de sinisation des religions est aujourd'hui conduite en Chine, visant selon HRW "à faire du Parti communiste chinois (PCC) l’arbitre de la vie spirituelle des citoyens". Dans ce cadre, "les fermetures, les destructions et les réaffectations de mosquées par le gouvernement font partie d’un effort systématique visant à restreindre la pratique de l’Islam en Chine".
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