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| - L'église de l'Immaculée-Conception à Saint-Omer (Pas-de-Calais) a été ravagée par les flammes dans la nuit de dimanche à lundi.En réaction, des internautes ont diffusé une carte impressionnante censée montrer le nombre des lieux de cultes chrétiens incendiés en France ces cinq dernières années.Il s'agit d'une illustration trompeuse, régulièrement sortie de son contexte depuis 2019.
Les églises françaises seraient les cibles d'un acharnement sans pareil. Alors qu'un important incendie s'est déclenché dans la nuit de dimanche à lundi au sein de l'église de l'Immaculée-Conception, dans un faubourg de Saint-Omer, les vidéos des flammes ravageant cette paroisse du XIXe siècle sont rapidement devenues virales. Suffisamment pour susciter la consternation de certains internautes qui accusent les responsables publics de vouloir "faire disparaître le christianisme".
"Voici la carte des églises qui ont subi un incendie depuis cinq ans", s'est par exemple insurgé Jean-Frédéric Poisson ce 2 septembre, illustration à l'appui. L'ex-député des Yvelines, soutien d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022, recycle en fait une fausse information vieille de plusieurs années.
Cette image de l'Hexagone, qui cumule plus de 200.000 vues sur le seul compte de l'ancien maire de Rambouillet, est bien une capture d'écran authentique. Problème : chacune des épingles rouges ne symbolise pas une église réduite en cendres.
Du vol dans un presbytère au simple accident
Produite par "l'Observatoire de la christianophobie", un site dirigé par Guillaume de Thieulloy et Daniel Hamiche, deux militants catholiques conservateurs, la carte - interactive à la base - était censée répertorier l'ensemble des actes considérés comme "christianophobes" en France. Régulièrement mise à jour de 2016 à 2018 et accessible jusqu'en septembre 2022, elle n'existe plus dans sa forme originelle aujourd'hui, le collectif ne proposant désormais qu'un recensement région par région.
Au-delà des incendies, les faits compilés grâce à des articles de presse vont ainsi du vol dans un presbytère au vandalisme sur une statuette en passant par diverses agressions. On y trouve aussi de simples accidents, comme une croix de béton retrouvée brisée en deux le 5 août dernier à Monistrol-sur-Loire. Pour l'heure, la police municipale privilégie la thèse d'un choc dû à un engin agricole. Pas de quoi parler d'un acte "christianophobe" à ce stade.
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Un autre visuel, relayé par un militant Reconquête, est apparu simultanément en ligne ce 2 septembre. Une carte de France avec des centaines de points gris supposée représenter les "attentats" contre des églises depuis 2020, selon le compte qui la partage. Là encore, cette infographie, publiée par La Croix le 13 mai 2016, n'a rien à voir avec de quelconques incendies ou actes de vandalisme. Comme le précise son titre, clairement lisible par ailleurs sur la capture partagée par les internautes, il s'agit des lieux de culte "menacés ou détruits" à cause de leur vétusté depuis l'année 2000.
Pour en savoir plus sur la question, il convient de se tourner vers le service central du renseignement territorial (SCRT), qui assure le suivi de ces actes au plan national. Selon un rapport parlementaire remontant à 2021, 857 faits antichrétiens ont été répertoriés cette année-là, soit 52% des faits antireligieux recensés. Il ne s'agit toutefois pas d'un phénomène en hausse. Dans un rapport à ce sujet, confié par le Premier ministre à la députée Isabelle Florennes, celle-ci observe qu'il existe un "plateau inquiétant d'actes antireligieux", citant une "intensification de la violence" contre la communauté juive. Les affaires élucidées dans le cas d'actes antireligieux "montrent des profils islamistes, d'ultra-droite, d'ultragauche et satanistes, en plus des déséquilibrés et des mineurs", conclut le rapport.
Quant à cette idée selon laquelle la France démolirait toutes ses églises, là encore, il s'agit d'une fausse information, comme nous vous l'expliquions dans cet article. Depuis la séparation de l'Église et de l'État, 2190 lieux de culte ont été reconstruits après une démolition. À l'inverse, seules 140 églises ont été complètement désaffectées. En somme, la situation "n'est pas aussi dramatique que certains la décrivent, notamment lorsqu'ils proclament que nos églises sont en danger", selon le constat fait par la Conférence des évêques.
Ce n'est pas la première fois que cette carte devient virale. Elle a en réalité fait son apparition en 2019, après l'incendie de Notre-Dame de Paris. À l'époque, plusieurs blogs ultra-conservateurs et des sites d'extrême droite souhaitaient présenter le drame qui avait frappé la cathédrale parisienne comme s'inscrivant dans un mouvement plus large d'anéantissement de la religion chrétienne. Depuis, elle ressurgit régulièrement, presque systématiquement, quand un drame frappe un lieu de culte de cette religion.
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