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| - Les ministres des Affaires étrangères français et allemands ont rencontré les nouveaux maitres de Damas ce vendredi.Une visite dont les photos auraient été modifiées par le gouvernement intérimaire afin de flouter le visage d'Annalena Baerbock.Ces clichés n'ont en réalité pas été partagés par les canaux officiels ou affiliés au groupe islamiste au pouvoir.
Le nouvel exécutif syrien va-t-il joindre le geste à la parole ? C'est la question qui anime les observateurs de la situation en Syrie après l'arrivée au pouvoir de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui assure pour l'instant la gouvernance de transition. Car s'il a rompu avec le djihadisme international, ce groupe qui promet une "troisième voie" djihadiste doit encore faire ses preuves aux yeux des Européens. C'est dans ce contexte d'incertitude qu'a eu lieu ce vendredi 3 janvier la visite à Damas de Jean-Noël Barrot (nouvelle fenêtre), ministre des Affaires étrangères français, et de son homologue allemande Annalena Baerbock.
Une rencontre réalisée sous mandat européen au cours de laquelle le nouveau dirigeant du pays, l'islamiste Ahmad al-Chareh, s'est abstenu de serrer la main à la cheffe de la diplomatie allemande. Une séquence qui a fait le tour des réseaux sociaux avant une autre image.
Non content d'avoir refusé tout contact avec Annalena Baerbock, le gouvernement syrien aurait même flouté son visage sur les photos officielles. "Ce floutage d'une femme par les nouveaux maitres de la Syrie (..) est proprement insupportable", s'est par exemple étonnée une internaute. De quoi pousser certains à prédire que la Syrie tombera "dans les mêmes travers que l'Afghanistan", où les Talibans œuvrent (nouvelle fenêtre)depuis plus de trois ans pour réduire les droits des femmes.
La photo originale partagée par le gouvernement
Pour en savoir plus, nous nous sommes penchés sur les différents comptes officiels liés au gouvernement de transition. À commencer par Sana, l'agence de presse syrienne. Dès 15h50, l'agence d'État publie les clichés de la rencontre sur ses réseaux sociaux et sur son site. Aucune ne censure le visage de la ministre allemande.
Idem sur le compte officiel du ministère syrien des Affaires étrangères. Dans un message publié sur X, il laisse tel quel le visage d'Annalena Baerbock ainsi que celui de toutes les femmes qui l'accompagnaient. Le compte Telegram (nouvelle fenêtre)du "commandement général" syrien, organe officiel du groupe paramilitaire, n'a pas non plus modifié les images, tout comme l'intégralité des chaînes officiellement liées à HTS, en activité avant la chute du régime syrien, que nous avons pu consulter.
لقاء القائد أحمد الشرع ومعالي وزير الخارجية السيد أسعد الشيباني لوزيري الخارجية الفرنسية والألمانية السيد جان نويل بارو والسيدة أنالينا بيربوك والقائم بالأعمال لبعثة الاتحاد الأوروبي مايكل أونماخت في #دمشق pic.twitter.com/1n8B2lulFx — وزارة الخارجية والمغتربين السورية (@syrianmofaex) January 3, 2025
Alors, d'où vient le fameux cliché pixelisé ? Le logo qu'on distingue en haut à droite renvoie au compte Telegram "ALMHARAR" (nouvelle fenêtre). Environ trois heures après la publication des images par l'agence, ce canal qui se revendique "membre du réseau d'informations syriennes" a effectivement partagé les mêmes contenus, mais avec toutes les femmes floutées. Si certains estiment que ce canal serait "lié au groupe islamiste", nous n'avons pas identifié la preuve d'une quelconque affiliation.
La chaîne, qui se présente comme un réseau d'information, est en réalité basée à Istanbul, en Turquie, d'après les informations disponibles sur son profil Facebook. Elle n'est pas non plus citée par les experts comme une source de suivi sur l'activité de HTS.
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En résumé, ni le nouveau maitre de Damas au pouvoir depuis le 8 décembre ni le ministère des Affaires étrangères n'ont flouté le visage de la ministre allemande et des autres femmes présentes lors de cette rencontre. Reste que sur RTL, le ministre des Affaires étrangères français a reconnu qu'il aurait préféré qu'Ahmed al-Chareh "serre la main" de son homologue.
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