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| - Selon une vidéo, des rayons d’un supermarché américain remplis de produits russes ne respecteraient pas les sanctions contre Moscou.Mais les produits montrés à l’écran ne sont pas des marques russes, et s’ils l’étaient, ne seraient pas soumis à l’embargo.
L’embargo décrété par les pays occidentaux contre la Russie est-il contourné en toute impunité ? Voici ce que laisse entendre une publication relayée le 3 mai sur Twitter. "À Miami, les produits russes sont présents dans les supermarchés. Les Américains se foutent vraiment des Européens qui doivent être les seuls au monde à respecter l’embargo sur les produits russes", se moque ce compte français. Une vidéo est jointe au tweet (nouvelle fenêtre), dans laquelle une jeune femme russe présente un certain nombre de produits alimentaires russes dans les rayons d’un supermarché, qui se situerait aux États-Unis.
D’après nos recherches, cette vidéo a été reprise plus tôt par Belarus Segodnya, un média d’État biélorusse. Publiée le 26 avril sur sa chaine YouTube, (nouvelle fenêtre) la séquence a en réalité été coupée. Elle est, là aussi, présentée comme un contournement des interdictions d'exportations imposées à Moscou, en réaction à la guerre en Ukraine. "Comment est-ce possible à l'heure des sanctions !", s’exclame Belarus Segodnya. La vidéo originale, de plus de deux minutes, a été publiée le même jour sur une chaine russe Telegram (nouvelle fenêtre), sur le même ton : "Même à Miami, on trouve des produits russes et biélorusses sur les étagères des magasins. (…) Ne montrez pas cette vidéo aux Ukrainiens !".
De la crème canadienne ou des pâtes italiennes
Dans cet extrait, la jeune femme procède donc à un état des lieux des étalages du magasin dans lequel elle se trouve. Si le supermarché dans lequel se déroule la scène n'est pas identifiable, il est vraisemblable qu’il soit américain et spécialisé dans la vente de produits russes. Pour seuls indices, la jeune femme mentionne en russe être "à Miami, en Amérique" et les prix dans les rayons sont affichés en dollars. Les emballages des articles sont quant à eux écrits en cyrillique. "Nous avons maintenant atteint le magasin russe. Pendant que le téléphone tient encore, je vais vous montrer ce que ça coûte", raconte-t-elle, avant de filmer divers produits alimentaires. Mais ces articles ne sont pas russes. En les regardant de plus près, il s’avère que la plupart sont issus de pays baltes ou européens, malgré leurs emballages en langue russe. Seul un paquet de céréales, brandi à la fin de la vidéo, est de la marque russe Mafka (nouvelle fenêtre).
Après analyse, nous avons pu identifier une série de marques célèbres : deux fromages différents de la marque Brest-Litovsk (nouvelle fenêtre), du nom d’une ville biélorusse, très prisés par les Russes, d’après Sputnik. (nouvelle fenêtre) Mais aussi un fromage frais lituanien de la marque Svalya (nouvelle fenêtre), ou différentes crèmes fraiches d’origine canadienne et israélienne. Au rayon des féculents, on distingue même des pâtes de la marque italienne De Cecco. "Il est impossible de savoir si ces produits viennent de Russie ou s'ils sont fabriqués ailleurs et vendus avec des étiquettes en cyrillique, une pratique courante pour les communautés expatriées", souligne à TF1info Agathe Desmarais, directrice des prévisions mondiales à l’Économiste Intelligence Unit (EIU) et spécialiste des sanctions russes.
Dans le cas où ces aliments étaient bien originaires de Russie, ils seraient pourtant autorisés à la vente aux États-Unis, assure encore Agathe Desmarais : "Il n'y a aucun embargo dans aucun pays occidental sur les importations de nourriture en provenance de Russie - les produits alimentaires sont exclus de tous les régimes de sanctions". Le détail des sanctions prises par Washington (nouvelle fenêtre) et par l’Union européenne (nouvelle fenêtre) mentionne bien le pétrole et le gaz russe, mais en aucun cas les denrées alimentaires, à l'exception du poisson, des fruits de mer et de l'alcool. À l’inverse, Moscou a bien décrété dès 2014 un embargo sur certains produits venant des pays occidentaux, prolongé plusieurs fois depuis.
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Dans ce conflit, les rayons des supermarchés, qu’ils soient vides ou abondants, sont souvent l’objet d'une féroce propagande. En octobre dernier, des produits occidentaux censés être vendus dans les magasins russes avaient été montrés du doigt. (nouvelle fenêtre) Aucun contournement des sanctions n'avait eu lieu ici non plus, la production étant locale.
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