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| - Ancienne protagoniste de l’affaire Dumas devenue écrivaine, Christine Deviers-Joncour s'indigne de programmes qui seraient financés par les autorités allemandes.Outre-Rhin, les migrants se verraient ainsi enseigner "comment sortir avec des femmes locales et avoir des relations sexuelles avec elles".Des affirmations trompeuses qui se basent sur des initiatives détournées.
Désormais écrivaine, Christine Deviers-Joncour s'était fait connaître du grand public au début des années 1990, dans le cadre de l'affaire Dumas, dite des "frégates de Taïwan". Très active sur les réseaux sociaux, elle est devenue ces dernières années une "icône complotiste" selon Libération, qui a mis en avant les "théories délirantes" relayées à ses dizaines de milliers d'abonnés.
Si l'autrice multiplie les publications pro-Poutine, qui prennent la défense de Didier Raoult ou de Donald Trump, elle a pointé du doigt ces derniers jours des "programmes" financés par les autorités allemandes. Leur but ? "Enseigner aux immigrants comment sortir avec des femmes locales et avoir des relations sexuelles avec elles". Elle ajoute que sont aussi organisées des rencontres entre "des écolières" et des "migrants âgés de 30 ans et plus".
Lorsque l'on cherche à déterminer à quoi fait référence cette publication – consultée près de 500.000 fois sur X –, on découvre que Christine Deviers-Joncour reprend à son compte des accusations qui circulent en Allemagne depuis bientôt dix ans. Contrairement à ce qu'elle laisse entendre, les autorités ne cherchent pas outre-Rhin à encourager les relations sexuelles entre des femmes allemandes et des migrants arrivés dans le pays.
L'illustration qui accompagne son message est en réalité issu d'un portail en ligne dédié à l'éducation sexuelle. On retrouve ici un projet nommé "Zanzu", accompagné notamment par le centre fédéral allemand pour l’éducation sanitaire (BZgA). Cette plateforme, déclinée en 13 langues dont le français, s'adresse non seulement aux migrants qui débarquent en Allemagne, mais également à toutes les personnes qui n'ont pas pu profiter, à l'école, de cours sur la sexualité et la prévention des risques.
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Des ressources sont notamment mises à disposition des professionnels de santé et de responsables associatifs afin qu'ils puissent accompagner les hommes et les femmes qui auraient grandi dans des pays où ces questions sont passées sous silence dans les cursus scolaires. Planification familiale, maladies sexuellement transmissibles, questions juridiques, prévention des violences conjugales... Des thématiques très larges sont abordées, accompagnées de nombreuses images afin de rendre concrets les éléments qui sont mis en avant.
Cette plateforme n'a rien de nouveau puisqu'elle a vu le jour en 2016 et semble avoir convaincu les acteurs impliqués dans l'accompagnement et la prévention auprès des personnes migrantes. "Les représentations ont été perçues comme appropriées et les retours des médecins ont toujours été positifs", confiait à la presse allemande une représentante du BZgA.
Des rencontres informelles entre migrants et élèves
Dans la suite de son message, Christine Deviers-Joncour assure que des rencontres sont par ailleurs organisées entre des "écolières" et des "migrants âgés de 30 ans et plus". Une fausse affirmation que l'on retrouve en ligne depuis près d'une décennie par des militants allemands proches des courants nationalistes. Dans ces publications, des photos sont généralement ajoutées, sur lesquelles de jeunes femmes échangent avec des migrants, parfois plus âgés qu'elles. On observe toujours une constante : il s'agit uniquement de femmes, au contact de groupe de migrants composés à 100% d'hommes.
Des recherches d'images inversées permettent de retrouver l'origine des clichés. Il s'agit le plus souvent de photos relayées par des médias locaux à l'issue de rencontres organisées dans des établissements scolaires. Dans l'un des articles qui s'en fait l'écho, il est par exemple fait mention de moments de partage entre des étudiants (garçons et filles mélangés) et des jeunes réfugiés afghans, dont on apprend qu'ils ont "entre 16 et 18 ans". À l'initiative du corps enseignant, ces moments d'échanges sont avant tout pensés pour faciliter l'intégration des jeunes au sein de la société.
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