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| - Très critique envers la plateforme Parcoursup, le député LFI Hendrik Davi pointe un manque de conseillers d'orientation en France.On n'en compte aujourd'hui qu'un seul pour 1.500 élèves, glisse l'élu.Le ratio est en réalité plus proche d'un pour 1.100 élèves.
Ce 3 avril constitue une date importante pour les lycéens en terminale. Il s'agit en effet du dernier jour pour confirmer ses vœux sur la plateforme Parcoursup, sans quoi les candidatures ne seront pas transmises aux formations préalablement sélectionnées. À cette occasion, les députés LFI déplorent une procédure "stressante et injuste", appelant tout bonnement à sa suppression.
Henrik Davi, l'un des élus du groupe Insoumis à l'Assemblée, fait savoir qu'il dépose une proposition de loi sur l’accès à l’enseignement supérieur. Il veut "orienter les élèves pour une réelle égalité des chances" et souligne (nouvelle fenêtre) avec ses collègues qu'aujourd'hui qu'en France, "il n'y a qu'un conseiller d'orientation pour 1.500 élèves".
Des professionnels aux deux casquettes
Depuis 2017, les conseillers d'orientation ont vu leur fonction changer de nom. Les autorités font désormais référence aux "psyEN", abréviation de "psychologues de l’Éducation nationale". Un poste important dans les établissements scolaires, avec des missions qui varient selon l'âge des élèves rencontrés. Ces professionnels, dotés de diplômes en psychologie, sont présentés (nouvelle fenêtre) comme des "psychologues scolaires" dans le premier degré, c'est-à-dire à l'école maternelle et élémentaire. Dans le second degré en revanche (au collège et lycée), les psyEN assument à la fois des missions de conseillers d'orientation-psychologue et de directeurs de centres d'information et d'orientation.
Pour vérifier le chiffre avancé par les députés LFI sur le nombre de ces psyEN, il faut dont se concentrer sur les personnes qui évoluent dans le second degré. Ce sont en effet eux qui ont à leur charge la gestion des problématiques liées à l'orientation. Selon les dernières données (nouvelle fenêtre), le nombre de postes budgétaires de PsyEN pour les collèges et lycées publics "est resté stable depuis 2018". On apprend ainsi qu'il est "de l’ordre de 4.400", mais que l'ensemble des postes ouverts ne sont pas pourvus. Le taux de couverture s'établit à "environ 94%", ce qui signifie que l'on compte environ 4.136 de ces professionnels dans le second degré.
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Cela représente-t-il un ratio d'un pour 1.500 élèves ? Pas tout à fait. Cette proportion correspond plutôt à celle observée (nouvelle fenêtre) dans le premier degré, auprès des jeunes de maternelle, CP ou primaire. En pratique, avec un peu moins de 4,5 millions d'étudiants scolarisés à la rentrée 2023 dans le second degré, on aboutit à environ un psyEN pour 1080 élèves de collège ou lycée, ceux-là mêmes qui sont les premiers concernés par les questions d'orientation.
Les effectifs globaux des psyEN suivent une diminution continue depuis 2016. Ils étaient alors 7.390, contre 6.561 à la rentrée 2022 (soit 829 postes en moins). Une profession très féminine (à près de 90%) qui peine à recruter : selon un récent rapport de l’inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR), rendu en mars (nouvelle fenêtre), la profession demeure "peu lisible et mal connue des étudiants en master de psychologie". Elle souffre par ailleurs des "deux mobilités imposées" aux personnels qui s'engagent dans cette voie. "L’une pour rejoindre le centre de formation lors de l’année de stage, l’autre pour l’affectation définitive."
Quelle place pour l'orientation ?
La question des effectifs de psyEN n'est pas la seule à se poser. Les récentes observations de l'IGÉSR évoqué plus haut se montre en effet très critique quant aux conditions dans lesquelles exercent ces professionnels. L'institution publique, sous l'autorité conjointe de trois ministères dont celui de l'Éducation nationale, fait état d'une série de dysfonctionnements.
Un "accompagnement lacunaire de l’orientation des élèves" se voit entre autres pointé du doigt. "Les PsyEN", constate le rapport, demeurent "très attachés à faire valoir leur rôle dans le conseil en orientation", mais ils "reconnaissent quasi unanimement qu’ils traitent beaucoup moins la partie dédiée à l’information générale de tous les élèves". Un manque de "temps au regard des choix qu’ils doivent opérer" est ainsi souvent mis en avant.
Le document ajoute que "rares" sont les psyEN "qui interviennent dans les dispositifs 'parcours Avenir' ou 'découverte des métiers' en collège", des événemen ts "majoritairement pilotés par les équipes de direction et mis en œuvre sous la responsabilité de professeurs référents". Un élément dommageable aux yeux de et que l'avenir professionnel constitue un motif d'inquiétude pour beaucoup de lycéens. Le rappor rappelle que édagogiques". Des rendez-vous pédagogiques où ils ont pourtant pleinement leur place.
Les carences observées dans le système actuel conduisent à créer des "angles morts avec des besoins non couverts, aussi bien dans la mise en œuvre de la politique d’accompagnement à l’orientation que dans le suivi psychologique des élèves". Un sujet de préoccupation alors que la santé mentale des jeunes se dégrade (nouvelle fenêtre) et que l'avenir professionnel constitue un motif d'inquiétude pour beaucoup de lycéens. Le rapport rappelant que "la procédure Parcoursup apparaît comme stressante pour 82% des élèves de terminale". Un période clef de la scolarité que les psyEN ne semblent aujourd'hui – à la lecture du document – pas en mesure d'accompagner de manière optimale.
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