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| - Une tomate produite en France, sous serre, polluerait davantage qu'une tomate venue d'Afrique du Sud.C'est ce qu'affirme une publication partagée par une députée Renaissance sur les réseaux sociaux.Tout dépend en fait du moyen de transport utilisé.
Parfois, manger local n'a pas que du bon. C'est l'idée derrière un tweet partagé mardi 10 janvier par la députée Sandrine Le Feur. Dans sa publication, vue plus de 1,4 million de fois, l'élue du Finistère affirme qu'en France, "en hiver, une tomate sous serre chauffée émet autant qu'une tomate importée par camion depuis l'Afrique du Sud, qui passerait par l'Ouzbékistan". Une affirmation étonnante, que nous avons voulu vérifier.
En France, en hiver, une tomate sous serre chauffée émet autant qu'une tomate importée par camion depuis l'Afrique du sud, qui passerait par l'Ouzbékistan. pic.twitter.com/Lda9TrXT3X — Sandrine Le Feur (@SandrineLeFeur) January 10, 2023
Le type de transport change la donne
La source de cette information est un message mis en ligne il y a une semaine sur LinkedIn par Gautier Avril (nouvelle fenêtre). Directeur des Nouvelles Technologies d'une entreprise spécialisée dans l'efficacité énergétique, il précise dans sa publication l'ensemble de ses sources. Pour en arriver à ses conclusions, il faut commencer par évaluer l'impact sur l'environnement de la production d'une tomate sous serre. Pour ce faire, rien de mieux que se tourner vers Agribalyse, ce portail de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Dans les données disponibles en ligne (nouvelle fenêtre), on lit que la production d'une tomate conventionnelle sous une serre chauffée est, en moyenne, de 2,36 kg de CO2 par kg de tomate. Soit, une production 15 fois plus polluante que celle d'une tomate cultivée en saison, sur un sol non-chauffé (0,16 kg de CO2 émis pour chaque kg de tomates, toujours selon la même source).
En France, en hiver, une tomate sous serre chauffée émet autant qu'une tomate importée par camion depuis l'Afrique du sud, qui passerait par l'Ouzbékistan. pic.twitter.com/Lda9TrXT3X — Sandrine Le Feur (@SandrineLeFeur) January 10, 2023
Reste à comparer ces émissions de gaz à effet de serre avec celles émises par le trajet pris en exemple sur les réseaux sociaux. À savoir un itinéraire de 23.720 km qui partirait du Cap pour rejoindre l'ouest de la France en passant par l'Ouzbékistan. Toujours selon l'Ademe, un diesel routier de moins de 34 tonnes émet sur ce trajet un total de 2023 kg de CO2 pour un kg du fruit rouge (nouvelle fenêtre). Ce à quoi on ajoute la pollution engendrée par une culture en saison de la tomate, citée plus haut dans cet article. Au total, cette cargaison engendre en moyenne 2,18 kg de CO2 par kilo de tomates. C'est effectivement moins qu'une tomate bien française qui aurait poussé en plein hiver sous une serre (2,36 kg). (nouvelle fenêtre)
Cependant, cela ne signifie pas qu'il vaut mieux acheter un fruit venu d'Afrique du Sud plutôt qu'un autre cultivé sous serre en France. Car tout dépend du transport utilisé. En effet, en prenant l'exemple de tomates parties de l'autre côté du globe par avion-cargo, l'empreinte carbone du fruit explose. En faisant le trajet par les airs, soit 8737 km entre l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle et celui de Johannesbourg, l'avion consomme 14,85 kilogrammes de CO2 pour un seul kg de tomate (nouvelle fenêtre). C'est donc sept fois plus qu'une tomate produite hors saison !
En résumé, un fruit de saison qui aurait transité sur les routes du globe pollue effectivement moins que le même fruit cultivé sous serre, mais ce constat s'inverse si le produit est acheminé par les airs. Finalement, seule une consommation locale et de saison permet de minimiser réellement l'impact de l'alimentation sur la planète.
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