schema:text
| - Pour le groupe Renaissance, le blocage des prix des carburants proposé par le Nouveau Front populaire est une mesure irréaliste, citant l'exemple de la Hongrie et son renoncement trois mois après.En 2021, le gouvernement Orban avait effectivement adopté cette mesure avant de renoncer à cause de pénuries.Pour autant, contrairement à ce que la majorité présidentielle affirme, les prix sont restés bloqués non pas trois mois, mais au moins un an.
Dans le "contrat de législature" présenté (nouvelle fenêtre) par le Nouveau Front populaire, un blocage du "prix des biens de première nécessité" est défendu parmi les actions les plus urgentes à mettre en place. Sont concernés "l’alimentation" ou "l’énergie", mais aussi "les carburants". Si un plafonnement du prix de l'essence apparaît comme une mesure avec un impact sur le pouvoir d'achat, la majorité présidentielle estime (nouvelle fenêtre) qu'il s'agit là d'une fausse bonne idée. "La Hongrie de Viktor Orbán a essayé cette mesure en 2021", sans succès, assure sur les réseaux sociaux le compte officiel de la majorité présidentielle pour la campagne des législatives.
En pratique, les Hongrois auraient fait face à une "baisse immédiate des importations", ainsi qu'à une "pénurie d’essence dans le pays". Un échec pour Viktor Orbán, qui aurait "renoncé à cette mesure après trois mois" seulement.
Des prix en réalité bloqués plus d'un an
Pour lutter contre des hausses répétées du litre de carburant à la pompe, le gouvernement hongrois a bel et bien acté un blocage des prix temporaires (nouvelle fenêtre) à partir du 15 novembre 2021. "Nous sommes convaincus" qu'une telle mesure "soutiendra l'économie et contribuera à une réduction de l'inflation", avait déclaré à l'époque le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orbán.
Cette décision a bien fini par être abandonnée, mais pas au bout de trois mois. Contrairement à ce que suggère sur X le compte de campagne de la majorité présidentielle, Budapest est revenu en arrière en décembre 2022, soit un peu plus d'un an après le début du blocage des prix. Si une période de trois mois a bien été observée, elle correspondait au délai à l'issue duquel le gouvernement devait acter (ou non) une reconduction de la mesure. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, le blocage a été prolongé, jusqu'à ce que le Premier ministre hongrois et son entourage y mettent un terme.
MOL, le géant local de l'énergie, avait évoqué peu de temps auparavant une "situation de l'offre clairement critique" en matière de carburants. "Une pénurie partielle de nos produits touche tout notre réseau et un quart de nos stations sont complètement à sec", glissait un représentant de l'entreprise. En Hongrie, on estimait alors que la baisse des importations de carburant s'établissait à environ 30%. Pour ne pas vendre à perte – le litre de SP95 étant plafonné à 480 florins, soit 1,31 euro à l'époque – les entreprises étrangères avaient réduit leurs livraisons de carburant, selon l'association hongroise des stations-service indépendantes (FBSZ).
Les sanctions contre la Russie pointées du doigt par Orbán
Ce blocage des prix a valu à la Hongrie de se retrouver une nouvelle fois dans le viseur de l'UE. Afin d'éviter que des automobilistes étrangers ne se ruent sur les stations frontalières pour bénéficier de tarifs avantageux à la pompe, les autorités ont mis en place un tarif différencié pour les conducteurs d'une autre nationalité. Une décision contraire aux principes de "libre circulation des marchandises et des services", de "libre circulation des citoyens" et "de non-discrimination" en vigueur au sein de l'Union, avait souligné Bruxelles, ouvrant dès lors une procédure d'infraction à l'encontre de Budapest.
Les dirigeants hongrois ont mis en cause l'UE, estimant que de nouvelles sanctions prises envers la Russie avaient "provoqué des perturbations tangibles dans l'approvisionnement de pétrole". En guise de réponse, un porte-parole de la Commission européenne avait expliqué que de telles allégations n'avaient "absolument aucun sens". La décision de l'Union européenne et des partenaires du G7, qui consistait à l'époque à plafonner à 60 dollars le baril le prix du pétrole russe exporté par tanker, n'a eu, expliquait-il, "aucune incidence sur la capacité de la Hongrie à importer du pétrole par son oléoduc, car le plafond ne s'applique qu'au pétrole transporté par voie maritime".
Dans le même temps, la Commission a ajouté que les sanctions supplémentaires imposées à la Russie sur les produits dérivés du pétrole et le pétrole raffiné n'étaient à l'époque "pas encore entrées en vigueur". Dès lors, il apparaissait "impossible que les sanctions de l'UE aient" pu avoir "un impact sur l'approvisionnement de la Hongrie".
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
|