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| - Des internautes affirment que la Constitution ukrainienne prévoit la défense d'idées eugénistes qui évoquent le nazisme.Cette rumeur s'appuie sur l'article 16 prévoyant la défense du "patrimoine génétique ukrainien".Les internautes font une lecture erronée de ce texte qui protège en réalité les victimes de Tchernobyl.
L'hypothèse d'une Ukraine aux mains des nazis s'épuise à mesure que le conflit dure. Alors, ceux qui la défendent cherchent toujours de nouveaux arguments. Dernier en date : l'idéologie eugéniste au cœur du Troisième Reich se retrouverait dans la loi fondamentale de Kiev. "La Constitution oblige à préserver le patrimoine génétique du peuple ukrainien", s'est étonné ce dimanche 16 octobre François Asselineau. Soit du "jamais vu depuis l'Allemagne nazie", comme croit le savoir le président et fondateur de l'UPR. Il s'agit d'une fausse information, issue d'une interprétation erronée du texte.
L'article 16 protège les droits des victimes de Tchernobyl
Dans sa publication (nouvelle fenêtre), cet habitué des fausses informations (nouvelle fenêtre)appelle les "sceptiques et les debunkers en tout genre" à vérifier par eux-mêmes. Et plus précisément, en se tournant vers l'article 16 de la Constitution ukrainienne. Disponible en anglais sur le site du Conseil de l'Europe (nouvelle fenêtre), on y lit en effet que l'État a, parmi d'autres devoirs, celui de "préserver le patrimoine génétique du peuple ukrainien". Mais sélectionner cette petite phrase sur l'ensemble de l'article 16 est trompeur.
Voici en effet ce qu'il dit dans son intégralité : "L'État a le devoir d'assurer la sécurité de l'environnement, de maintenir l'équilibre écologique sur le territoire de l'Ukraine, de surmonter les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl - une catastrophe d'ampleur mondiale - et de préserver le patrimoine génétique du peuple ukrainien."
Le chef des forces armées ukrainiennes porte-t-il un bracelet avec une croix gammée ? https://t.co/7jcksz2Zuk cc @verif_TF1LCI pic.twitter.com/Lao1MUb4sI — LCI (@LCI) October 12, 2022
Cet article fait donc directement référence à la catastrophe de Tchernobyl et ses effets sur l'ADN (nouvelle fenêtre)des populations touchées. Pour en avoir le cœur net, on peut se tourner vers une analyse publiée dans une revue d'études juridiques (nouvelle fenêtre)à propos des récents développements "de la législation ukrainienne afin de faire face aux conséquences" de cet accident nucléaire qui remonte à 1986. Dans leurs travaux, les deux universitaires ukrainiens soulignent justement l'importance de cet article pour les victimes. Car c'est ce texte fondateur, adopté en juin 1996, qui a notamment permis à la Cour constitutionnelle d'octroyer en juillet 2018 un statut spécial aux citoyens qui ont souffert de cette catastrophe. Plus largement, comme le montre la jurisprudence (nouvelle fenêtre), cette obligation rend impossible la suppression éventuelle de certaines prestations, compensations ou garanties de l'État vis-à-vis des victimes de la catastrophe. "Cela ne correspondrait pas au devoir de l'État", soulignent les deux chercheurs.
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En résumé, la Constitution ukrainienne de 1996 permet de protéger les victimes de l'accident de Tchernobyl. Grâce à ce texte, "ces personnes sont constitutionnellement protégées contre toute conséquence négative découlant des changements de la législation". Rien à voir avec une forme de pureté raciale qu'on retrouve dans l'idéologie nazie.
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