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| - L'Ukraine serait "à court de citoyens dans la vingtaine", affirment les médias russes.Le nombre de jeunes aurait été divisé par quatre, preuve de l'ampleur des victimes du côté de l'Ukraine.Si le phénomène est réel, l'analyse qu'en fait la presse russe est trompeuse.
Désireux de se battre "jusqu'à la dernière goutte de sang", Volodomyr Zelensky serait prêt à sacrifier la jeunesse de son pays. C'est en tout cas l'analyse macabre qu'on trouve dans la presse russe. Dans un article publié ce lundi 3 avril par l'agence de presse Ria Novosti, un politologue affirme que Kiev ne compterait presque plus de jeunes "dans la vingtaine" à cause du conflit en cours. Alors, l'Ukraine est-elle réellement devenue un pays à la jeunesse disparue ?
Des chiffres erronés
Dans son analyse, (nouvelle fenêtre) le politologue russe Vladimir Kornilov affirme qu'avec la guerre, il n'y a plus que "60.000 jeunes hommes dans la catégorie d'âge de 21 ans, et encore moins de filles". Soit un chiffre qui aurait été divisé par quatre en seulement un an. "Le nombre médian d'habitants de vingt ans en 2022 en Ukraine avait atteint environ 200.000 personnes dans chaque catégorie de sexe", précise-t-il en effet. Ce qui confirmerait à ses yeux que Volodymyr Zelensky compte se battre (nouvelle fenêtre)"jusqu'au dernier Ukrainien". "Avec un déclin similaire du nombre de jeunes, ce pays, ce territoire, est tout simplement privé d'avenir", conclut le politologue. Et d'ajouter que "Zelensky aurait pu empêcher tout cela", faisant peser la responsabilité du conflit sur le pays envahi et non sur l'envahisseur (nouvelle fenêtre). Un raisonnement repris à l'unisson dans les médias russes, dont un blog qui est allé jusqu'à titrer : "Il n'y a presque plus de personnes dans la vingtaine en Ukraine."
Sauf que ces observations sont fausses à bien des égards. Tout d'abord, le chiffre est erroné. Si le politologue cite les dernières projections de population mondiale des Nations unies, celles-ci ne montrent absolument pas que la catégorie des plus jeunes a dégringolé de la sorte. En fait, selon cette source (nouvelle fenêtre), l'Ukraine comptera en 2023 très exactement 133.600 hommes et 118.100 femmes âgés de 21 ans. Soit, deux fois plus que le chiffre paru dans Ria Novosti. L'année dernière, la moyenne était quant à elle de 175.800 pour les hommes et 156.670 pour les femmes.
Les Nations unies prévoient bien une baisse drastique de la population la plus jeune, sans toutefois être aussi forte que le laisse penser le politologue russe. Au total, toujours d'après cette même source, la catégorie des 20 à 24 ans représentera (nouvelle fenêtre) 2,3% de la population en 2023 contre 3,4% l'an dernier (nouvelle fenêtre).
Un phénomène lié à la natalité et à l'exode
Le nombre de jeunes est donc effectivement en baisse. Mais ce phénomène n'est pas uniquement lié à la guerre en cours (nouvelle fenêtre). D'abord, il s'explique par le faible taux de natalité dans le pays avec l'effondrement de l'Union soviétique. Tandis que cet indicateur était de 1,3% en 1990, il a dégringolé pour atteindre 0,8 au début des années 2000 (nouvelle fenêtre). Un phénomène qu'on observe d'ailleurs également en Russie. Dans les deux pays, la part des 15/24 ans a largement chuté. Elle est passée d'environ 15% au début du millénaire à 9% l'an dernier.
Par ailleurs, au lendemain de l'invasion russe (nouvelle fenêtre), les habitants ont largement quitté le pays. Selon les dernières estimations, 7,5 millions d'Ukrainiens ont choisi de partir depuis le début du conflit, pour un pays qui comptait environ 44 millions d'âmes en 2020, soit le plus grand exode que le sol européen ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale (nouvelle fenêtre).
En résumé, la part relativement faible de jeunes de vingt ans dans la pyramide des âges de l'Ukraine ne peut s'expliquer par la prétendue volonté du président du pays de se battre "jusqu'à la dernière goutte de sang". Elle est en réalité la conséquence d'un taux de natalité en baisse depuis deux décennies et d'une guerre provoquée par Moscou qui a poussé à la fuite ses habitants.
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