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| - Selon Marine Le Pen, de nombreuses personnalités issues de la Résistance ont participé à la fondation du Front national, en 1972.Un argument - balayé par les historiens - autour de la figure de Georges Bidault, en pleine polémique sur les origines du parti.
"J’ai listé 42 grands résistants qui étaient à la fondation du parti." Interrogée, dimanche 4 juin sur France 3, sur les origines du Front national, fondé par son père en 1972 et renommé Rassemblement national en 2018, Marine Le Pen a invoqué des figures de la Résistance, en écho aux propos d’Elisabeth Borne. Quelques jours plus tôt, la Première ministre avait considéré que le RN était l'"héritier de Pétain (nouvelle fenêtre)" et qu’une victoire de Marine Le Pen à la prochaine élection représentait "une réelle menace".
Le "nationalisme révolutionnaire" pour origines
Depuis la sortie de la cheffe du gouvernement, les membres du RN cherchent à poursuivre leur stratégie de dédiabolisation, quitte à réécrire l’Histoire. Interrogé par la presse (nouvelle fenêtre), l'Élysée considère ainsi que "le Front national a été fondé par des nostalgiques de Vichy". Un avis que partagent aussi historiens et spécialistes de l’extrême droite. Dans Les origines du Front national (nouvelle fenêtre), l’historien Grégoire Kauffmann souligne par exemple que le parti "puise ses origines dans le terreau du ‘nationalisme révolutionnaire’, idéologie portée par les jeunes néofascistes du mouvement Ordre nouveau".
Ainsi, le FN s’est construit autour de partisans de l’Algérie Française, de farouches opposants au général de Gaulle, mais aussi autour de personnes accusées de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. Le spécialiste Jean-Yves Camus l’a d’ailleurs rappelé en 2015 aux Dernières Nouvelles d’Alsace (nouvelle fenêtre), "les liens du FN avec les collaborationnistes, des révisionnistes et l’Algérie française restent associés à Jean-Marie Le Pen, donc au FN". Les statuts du parti ont quant à eux été déposés par Jean-Marie Le Pen et Pierre Bousquet, ancien membre de la Waffen-SS (nouvelle fenêtre).
Ceci étant rappelé, que valent ces 42 noms mentionnés par Marine Le Pen ? Sollicité, le RN n’était pas revenu vers nous sur le sujet. À la télévision, l’élue du Pas-de-Calais a tout de même invoqué les figures de deux résistants français : Georges Bidault et Michel de Camaret. Si le nom du premier, président du Conseil national de la Résistance, est régulièrement associé au FN, cela n’en reste pas faux historiquement. "Georges Bidault ne va même pas jusqu’au bout du processus de création du parti. C’est un ancien résistant, qui est là car partisan de l’Algérie française, mais il ne reste pas", a récemment rappelé Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême droite, au journal Le Monde (nouvelle fenêtre).
Au fil de nos recherches, nous sommes bien tombés sur une liste de résistants, qui aurait eu un rôle de près ou de loin au sein du parti de Jean-Marie Le Pen. Sur le site lengadoc-info, qui se décrit comme un "média alternatif et indépendant en Occitanie", 41 personnes sont citées (nouvelle fenêtre). Certaines sont de grandes figures de la résistance, comme Rolande Birgy, qui a sauvé des enfants juifs pendant la guerre, tandis que d’autres sont plus anonymes. Aucune source n’est indiquée, si ce n’est que cette liste apparait dès 2014, sur le forum de discussion d’un article de Lyon Mag. Il est par ailleurs repris par Damien Rieu (nouvelle fenêtre) en 2021. Ces noms pourraient s’être retrouvés ensuite sur un tract distribué en octobre au colloque organisé pour les 50 ans du parti, selon Le Monde, sans que l’on ait pu obtenir de confirmation.
Sur le fond, Nicolas Lebourg observe un grand raccourci entre les propos de Marine Le Pen et les personnes citées ici, avec certains résistants nommés n’ayant eu qu’une participation anecdotique au sein du FN, à l’image de Georges Bidault. Mais pas seulement. "On voit dans cette liste des gens qui arrivent vingt ou trente ans après, et des gens qui sont surtout là non pour leur passé de résistants mais de partisans de l'Algérie française", souligne l'historien à TF1info. Il prend ainsi l’exemple de Pierre Sergent, "contacté par Ordre Nouveau" au moment du lancement du FN pour en faire une "vitrine" du futur parti. "Non seulement celui-ci refuse et ne viendra au FN que plus de 10 ans après, mais jamais au grand jamais, il n'est question que Pierre Sergent représente la Résistance : il est là comme l'ex-capitaine Sergent, chef de l'OAS Métro (branche de l’Organisation de l’armée secrète, ndlr), et absolument rien d'autre".
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