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| - Un nouveau nuage de sable du Sahara va traverser la France ce week-end.Certains internautes alertent sur cette poussière qui serait composée de "métaux lourds".Si ce phénomène n'est pas sans risque pour notre santé, la publication est largement mensongère.
Le ciel français devrait se teinter d'ocre ce week-end. Mais tandis que les météorologues affirment qu'un afflux massif de poussières de sable en provenance du désert devrait toucher la France dès le 6 avril (nouvelle fenêtre), certains alertent sur la composition de ce nuage. "Ce n'est pas du sable du Sahara", écrit par exemple un internaute ce mardi 2 avril. D'après lui, une "analyse chimique choquante" de la poussière jaune qui se retrouve sur nos voitures et nos toitures lors de ce phénomène "révèle que des métaux lourds et des éléments utilisés pour modifier le temps tombent du ciel". Une publication mensongère, qui mêle théorie complotiste et exagération.
Une source tchèque très douteuse
Commençons par la source de cette affirmation, citée par les internautes. Il s'agit d'un article publié sur un site tchèque baptisé "Aeronet news". Dès le 13 juin 2022 (nouvelle fenêtre), ce blog lançait un avertissement : un laboratoire bosniaque aurait trouvé dans un échantillon de poussière récupéré sur une voiture "du nickel, du baryum et de l'aluminium dépassant de plus de 700 fois la limite connue, ainsi que d'autres métaux lourds". Une source plus que contestable. Ce site, en ligne depuis 2001, publie de manière anonyme des articles trompeurs, se faisant l'écho de théories complotistes. Si bien qu'en 2015, le service de contre-renseignement tchèque avait identifié ce blog comme une "source de propagande russe dangereuse". Depuis, le ministère de l'Intérieur (nouvelle fenêtre) du pays l'a classé dans la liste des sites diffusant de la désinformation et des contenus "contraires aux intérêts de l'État".
Maintenant, qu'en est-il du fond de la rumeur ? Ce blog tire ses conclusions d'une prétendue analyse de poussières retrouvées sur une voiture. Réalisée par "l'Institut bosniaque de génie chimique", elle aurait été commandée par un avocat bosniaque, un certain Mirnes Ajanović, connu dans le pays pour être à la tête d'un micro-parti populiste (nouvelle fenêtre). Selon les résultats, les valeurs de nickel, baryum ou aluminium mesurées dans la poussière dépasserait "largement les volumes de référence qu'on trouve dans le sable du Sahara". Une expérience qui ne respecte aucun processus scientifique. À l'époque, l'avocat controversé reconnaissait lui-même dans une vidéo que pour tirer "une conclusion définitive" sur la composition chimique de cet échantillon "il serait nécessaire d'effectuer des analyses supplémentaires à partir de plusieurs endroits différents, tout en respectant les procédures d'échantillonnage prescrites par la loi".
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Il est dès lors impossible de s'appuyer sur cette pseudo-recherche pour assurer, comme le font les internautes, que les nuages ne seraient pas composés de sable du désert, mais de métaux lourds. Et encore moins pour laisser entendre que la présence de ces métaux prouve qu'ils seraient intentionnellement pulvérisés (nouvelle fenêtre) dans l'atmosphère pour modifier le climat. Pour rappel, comme nous vous l'expliquions ici (nouvelle fenêtre), cette théorie d'une météo manipulée par des produits toxiques répandus dans l'air n'a aucune validité scientifique, chimique ou logistique.
Un phénomène étudié
Reste que ces nuages de poussière ne sont pas sans danger pour la santé. Car des travaux scientifiques et crédibles ont été réalisés sur ce phénomène. Une étude parue en novembre 2008 dans la revue Epidemiology (nouvelle fenêtre) portait justement sur la question des particules qui composent ce nuage. À partir de plusieurs échantillons, récupérés entre mars 2003 et décembre 2004 à Barcelone, en Espagne, une équipe de chercheurs en épidémiologie environnementale a pu démontrer que ces poussières peuvent contenir des particules néfastes pour la santé. Étaient par exemple présents du nitrate, du sulfate, du phosphore, de l'ammonium, du fer, de l'aluminium, du carbone ou encore du sodium, dans des proportions toutefois bien moins alarmantes que celles trouvées par l'avocat bosniaque. Les chercheurs ont identifié des particules entre 1 et 1,2 fois plus élevées dans l'air que lors d'une journée normale.
D'autres travaux (nouvelle fenêtre), menés dans le Haut-Doubs cette fois-ci, ont identifié du césium-137 dans du sable tombé le 6 février 2021. Un métal considéré comme radioactif dont la présence s'explique par les essais nucléaires français réalisés en Algérie dans les années 60. À l'époque, les associations de protection de l'environnement évaluaient cependant que les quantités tombées étaient "trop faibles pour présenter un danger sur notre santé".
En résumé, le nuage de sable venu du Sahara qui devrait traverser la France n'est pas composé de "métaux lourds et d'éléments utilisés pour modifier le temps", contrairement à ce que pensent certains internautes. Reste qu'il existe un consensus sur la dangerosité des particules présentes dans ces poussières, dont la composition est toujours largement analysée et étudiée dans des travaux scientifiques. Si bien que, comme nous vous l'expliquions dans cet article (nouvelle fenêtre), l'Organisation météorologique mondiale (OMM) estime que ces poussières sont "une sérieuse menace pour la santé". Des risques qui restent toutefois à mesurer, car les concentrations de particules sont modérées dans les pays européens.
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