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| - Une internaute a affirmé samedi que les forces russes ont détruit un "bunker" de l'Otan, près de Lviv, en Ukraine.Cette rumeur circule depuis le début du mois de mars.D'après nos recherches, cette information est infondée.
Une information aussi grosse aurait-elle échappé aux observateurs les plus aguerris ? Une internaute a affirmé, ce samedi 15 avril, que les forces aériennes russes ont détruit une base militaire souterraine de l'Otan "début mars". Le "centre de commandement caché" dans un "bunker" près de Lviv, en Ukraine, aurait été la cible d'un Kinjal, ces missiles hypersoniques développés par la Fédération de Russie. Au total, la frappe aurait tué "jusqu'à 300 personnes, dont au moins 40 conseillers étrangers de haut rang", toujours selon cette publication vue plus de 1,5 million de fois. Sur quoi s'appuie cette affirmation ? Est-elle crédible ? Nous avons vérifié.
Une rumeur qui circule au moins depuis le 9 mars
Dans un long thread, cette internaute détaille cette prétendue "attaque" des forces russes. D'après elle, cette frappe a permis de "détruire le bunker fantôme" de l'Otan situé "à 120 mètres sous terre". "Seuls 40 corps ont été récupérés dans les ruines du centre détruit. Le reste des morts est toujours enterré sous les décombres", précise la publication, citant "des généraux et des colonels américains" parmi les victimes. "L'Otan était persuadée d'être intouchable. Mais avec deux frappes (...) elle a été totalement anéantie", conclut l'internaute dans son tweet (nouvelle fenêtre).
Une affirmation qui pose énormément de questions. À commencer par la surprise d'apprendre sur les réseaux sociaux que la Russie aurait tué des dizaines d'agents de l'Otan sans représailles de l'organisation politico-militaire. Et que la presse du monde entier aurait gardé cette nouvelle sous silence. Par ailleurs, un autre indice de taille incite à la méfiance. Installer une base militaire souterraine à Lviv parait surprenant quand on connait la géographie des lieux. Cette ville de l'ouest de l'Ukraine est située à moins de 70 kilomètres des frontières d'un pays membre de l'Otan. À savoir, celles de la Pologne, où l'Otan a déjà largement déployé ses troupes depuis 2014 et l'annexion de la Crimée (nouvelle fenêtre).
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Pour en savoir plus, nous avons remonté la source citée par l'internaute dans son tweet : le "portail Pronews" qui ferait "référence à ses sources américaines" ainsi qu'à un "message officiel publié par le ministère russe de la Défense". Le 12 mars, ce blog grec titrait sur ce "missile supersonique russe qui a frappé le centre de commandement de l'Otan en Ukraine à 130 mètres sous terre". Une révélation qu'il n'appuie sur aucune source, contrairement à ce qu'indique l'internaute. Rien de surprenant, ce site est connu pour répandre fausses informations (nouvelle fenêtre), rumeurs invérifiables sur la base de "réunions secrètes" et positions pro-Poutine (nouvelle fenêtre).
Quant à la deuxième source, le "ministère russe de la Défense", il a bien évoqué une attaque le 9 mars. D'après une publication sur Telegram (nouvelle fenêtre), "des armes aériennes, maritimes et terrestres à longue portée de haute précision, y compris le système de missiles hypersoniques Kinjal, ont touché des éléments clés de l'infrastructure militaire ukrainienne, des entreprises complexes militaro-industrielles, ainsi que des installations énergétiques qui les fournissent". Aucune mention d'un bunker ou de l'Otan. Moscou ne confirme pas du tout cette attaque qui aurait potentiellement transformé son "opération spéciale" (nouvelle fenêtre) en un conflit mondial. On retrouve par contre cette rumeur sur d'autres sites, comme The Intel Drop (nouvelle fenêtre). Lui aussi coutumier des théories complotistes, ce site a publié un article le 9 mars, provoquant une première salve de tweets viraux à ce propos. À l'époque, le prétendu bunker fantôme se trouvait à 80 mètres de profondeur.
Des sources controversées et des images détournées
Outre l'invraisemblance de l'information et le manque de fiabilité des médias qui l'ont rapportée, les maigres preuves amenées par les internautes pour la prouver finissent par révéler davantage son absence de crédibilité. Un tweet viral du 30 mars à ce sujet proposait ainsi une image en guise de preuve. Sauf que le cliché remonte à mars 2021. Il a été pris en Syrie, bien loin du front ukrainien, après une frappe aérienne sur une installation pétrolière, utilisée par les forces d'opposition dans le nord du pays (nouvelle fenêtre).
Quant à l'image qui accompagne le tweet cette fois-ci, elle remonte à mars... 2022. On la retrouve en effet dans une vidéo mise en ligne le 15 mars 2022 et notamment partagée par l'agence russe Tass (nouvelle fenêtre).
En résumé, cette rumeur est infondée. Les détails ne sont pas crédibles, ils changent en fonction des versions et les sources sont plus que controversées. Après un mois, aucune image ne vient corroborer l'existence de cette attaque, et les rares images utilisées sont issues d'autres frappes. Il s'agit d'une fausse information créée de toute pièce par des comptes et des blogs pro-russes.
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