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| - Des comptes X, Instagram et un site internet usurpent l'identité de Gisèle Pélicot pour monnayer leurs contenus.Des profils parfois alimentés par de fausses informations, ou gérés par une intelligence artificielle.
Le procès des viols de Mazan est entré dans sa dernière ligne droite. Le parquet général a requis, mercredi 27 novembre, des peines allant de 4 à 20 ans de prison contre les 51 coaccusés . Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre prochain dans cette affaire qui a fait de Gisèle Pélicot, victime présumée de son mari, un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Un statut que certains individus malintentionnés exploitent dans un but financier, quitte à diffuser de fausses informations. Des comptes X (nouvelle fenêtre) et Instagram (nouvelle fenêtre), en particulier, ont été pointés du doigt ces dernières heures. Nommés "Gisèle Pélicot" et affichant un croquis de son visage, ils relaient des images de soutien à la plaignante.
Dernier en date : un compte relayant une couverture bien réelle du magazine Vogue en Allemagne (nouvelle fenêtre) rendant hommage à Gisèle Pélicot. Les deux comptes n'ont pourtant rien d'authentique : sa famille a confirmé à plusieurs (nouvelle fenêtre) journalistes (nouvelle fenêtre) que la principale plaignante du procès de Mazan n'utilisait pas les réseaux sociaux.
Le compte X, qui a cumulé jusqu'à 16.000 abonnés, présentait d'ailleurs des anomalies. Par exemple, une biographie le localisant en "Francia" au lieu de "France" et de nombreux commentaires rédigés en espagnol ou dans un français approximatif semblant être des traductions. Le profil a également relayé de fausses informations autour du procès.
Le journaliste spécialiste des réseaux sociaux Victor Baissait (nouvelle fenêtre) avait ainsi noté, fin octobre, que le faux compte avait remercié Nabilla Vergara pour une cagnotte que l'influenceuse avait ouverte afin de participer aux frais de justice de la plaignante. Une incohérence majeure, puisque les avocats de Gisèle Pélicot avaient refusé cette aide et demandé la fermeture de la cagnotte (nouvelle fenêtre).
Mercredi 27 novembre, après plusieurs appels à signaler le compte pour usurpation d'identité, ce dernier a été suspendu par X (nouvelle fenêtre). En revanche, le compte Instagram (nouvelle fenêtre), lui, est toujours actif et ne précise pas qu'il n'est pas officiel. Il cumule 3700 abonnés et un peu plus de 10.000 "j'aime" sur ses publications. Si son objectif n'est pas clair, des comptes comme celui-ci se monnaient ensuite sur les marchés en ligne où ils peuvent rapporter une cinquantaine d'euros pour ce nombre d'abonnés.
Un faux site alimenté par IA autour du nom "Gisèle Pélicot"
L'équipe des Vérificateurs, tout comme Victor Baissait (nouvelle fenêtre), a également découvert un faux site se présentant comme le "site officiel de Gisèle Pélicot', dont le procès est particulièrement suivi à l'international. Il comporte des articles, dont certains en français (nouvelle fenêtre), comme : "Le rassemblement aux flambeaux pour Gisèle Pélicot choque la France lors d’une soirée dramatique devant le tribunal".
Si des rassemblements ont bien eu lieu en hommage à la principale plaignante de Mazan lors de la Journée internationale des violences faites aux femmes le 25 novembre, celui présenté ici n'a rien d'authentique et la photo est générée par une intelligence artificielle. Le site propose d'autres articles en anglais sur le même modèle, annonçant par exemple une série Netflix sur Gisèle Pélicot (nouvelle fenêtre) qui n'existe pas, ou encore prétendant qu'elle a été attaquée par un groupe d'hommes "non identifiés" (nouvelle fenêtre), là encore, une histoire totalement inventée.
L'administrateur du site ne cherche pas à se cacher : son nom et son adresse email apparaissent sur tous les articles. L'équipe des Vérificateurs a pu échanger avec lui : il vit en Inde, et affirme l'avoir lancé après avoir repéré que le sujet "Gisèle Pélicot" était populaire sur Google Trends, un outil de suivi des tendances des recherches sur Google. Il a acquis le nom de domaine pour une "dizaine de dollars" et confirme que tout est alimenté par des articles générés par une intelligence artificielle. "Je base les articles sur des informations recueillies sur Google et j'essaie de transmettre de la vraie information (sic)", affirme-t-il tout en reconnaissant "ne pas bien connaître" l'histoire de Gisèle Pélicot.
Son but : capitaliser sur une actualité forte pour drainer du trafic vers son site à partir des recherches d'utilisateurs sur le sujet. "Je veux gagner de l'argent grâce à la publicité sur le site. Je touche un salaire assez bas, alors je vois ça comme un complément de revenu". S'il assure gérer entre quatre et cinq sites similaires, il reconnaît que "giselepelicot.com" n'a pour l'instant "pas beaucoup de trafic". Le site ne lui a donc quasiment rien rapporté, mais il espère, à terme, pouvoir revendre le nom de domaine pour "environ 1000 dollars".
La technique de sites internet alimentés par une intelligence artificielle autour de sujets pouvant apporter du trafic n'est pas un nouveau phénomène : en octobre dernier, un faux site avait annoncé une fête d'Halloween à Dublin, en Irlande, qui était pourtant totalement inventée. L'annonce avait amené des milliers d'Irlandais à sortir dans les rues (nouvelle fenêtre), trompés par la fausse annonce.
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