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| - Figure des mouvements antivax, la généticienne Alexandra Henrion-Caude assure que les vaccins Covid entraînent une vague de "turbo-cancers".Les chercheurs et oncologues réfutent l'usage de ce terme, qui n'a aucun sens à leurs yeux.Ils assurent par ailleurs qu'aucune augmentation suspecte des cancers n'a été enregistrée en France depuis les vaccinations massives contre le Covid.
Le Covid-19 est de plus pen plus relégué à un pas si lointain souvenir avec la baisse des contaminations et des décès liés au virus. Mais beaucoup de Français continuent de manifester leur défiance à l'égard des vaccins. Leurs effets secondaires sont régulièrement mis en avant dans la sphère antivax et dénoncés dans les médias par des personnalités telles qu'Alexandra Henrion-Caude.
Généticienne de formation, elle promeut un livre avec comme objectif de révéler "tout ce que l'on vous cache sur l'ARN messager", une technologie dans son viseur depuis maintenant deux ans. Les vaccins, assure-t-elle (nouvelle fenêtre) sur CNews, sont à l'origine de "turbo-cancers" qui se seraient multipliés autour de nous. Un type de cancer "qui va à fond", tel qu'elle le décrit. Quelque chose qu'elle "n'avait jamais vu", à l'instar des morts subites. Ce discours, particulièrement anxiogène, est jugé mensonger par les oncologues et chercheurs spécialistes du cancer. Depuis les campagnes de vaccination, aucune augmentation notable des cas n'a été observée dans les hôpitaux, assurent-ils. Par ailleurs, le terme même de "turbo-cancer" n'a aucun sens d'un point de vue scientifique, ajoutent les experts sollicités par TF1info.
Un turbo-cancer ? Ce terme "n'existe pas"
Oncologue médical et chercheur en cancérologie, Manuel Rodrigues est également le président de la Société française du cancer (SFC). En découvrant l'intervention de la généticienne, largement relayée sur les réseaux sociaux, il peine à cacher une certaine colère. Un turbo-cancer ? "Cela n'existe pas", tranche-t-il. "Sur le plan médical et scientifique, on évoque plutôt des cancers qui évoluent très vite comme des leucémies, ou d'autre très lentement, à l'instar des lymphomes indolents." Après les pics épidémiques du Covid, la forte augmentation des cas de cancers qui était redoutée n'a pas eu lieu, poursuit l'expert. Et ce alors que les retards de dépistage liés à l'engorgement du système de santé laissait présager une recrudescence des cas et un diagnostic plus tardif des patients, facteur de risque supplémentaire.
"On est revenu à un rythme d'avant-Covid", résume Manuel Rodrigues. "Le cancer, c'est 400.000 cas en France en moyenne par an, et si ce chiffre augmentait ne serait-ce que de 10%, vous le verriez tout de suite." Dans les hôpitaux, une multiplication de ces cancers soudains et très violents se serait d'ailleurs fait rapidement ressentir et aurait été largement étayé, le suivi de la mortalité étant très précis. "On est déjà flux tendu aujourd'hui, et je craignais justement que nous puissions être débordés s'il fallait compenser un afflux de nouveaux patients", ajoute l'oncologue, rassuré au contraire de n'avoir observé aucune hausse. "Contrairement à cette dame, j'ai les mains dans le cambouis", peste le spécialiste, "je vois des patients tous les jours et il est plus que regrettable de jouer ainsi avec la souffrance des gens. Dire qu'autour de soi, on a été confronté à des cancers agressifs, c'est une chose. Mais malheureusement, ça existait déjà avant le Covid !"
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L'expression "turbo-cancer" est également jugée très gênante par le Pr Jean-Yves Blay, spécialisé en oncologie médicale et à la tête d'Unicancer, la Fédération et réseau des Centres de lutte contre le cancer. "Je n'ai jamais vu ce terme publié dans la moindre publication scientifique", confie-t-il, pas plus qu'il n'a été évoqué par des confrères. Il partage les propos de son confrère Manuel Rodrigues et indique qu'il accordera du crédit à ce constat inquiétant que lorsqu'il sera étayé par des chiffres et des travaux scientifiques sérieux.
Ajoutons à ces déclarations celles du Pr Quesnel, à la tête du pôle recherche et innovation de l’Institut national du cancer. Pour lui, un lien entre les vaccinations Covid et des cancers apparaît plus que douteux. "Ça ne repose strictement sur rien, aucun vaccin n’a jamais décrit d’induction de poussée évolutive dans une pathologie néoplasique [liée à une tumeur, NDLR]", a-t-il expliqué voilà quelques semaines à l'AFP (nouvelle fenêtre). "Par ailleurs, il n’y a pas de mécanisme crédible qui pourrait expliquer cela, il n’y a pas de rationnel biologique", ajoutait-il.
Une propagation régulière de fake news
Les propos d'Alexandra Henrion-Caude sont contredits et dénoncés par les médecins et chercheurs spécialisés dans la lutte contre le cancer. Le discours de la généticienne fait écho à ses nombreuses sorties en marge de l'épidémie de Covid, auxquelles TF1info avait consacré une longue enquête (nouvelle fenêtre). Que ce soit sur le supposé danger des masques ou l'injection de nanoparticules dans le cerveau via les écouvillons des tests PCR... L'Inserm s'était d'ailleurs désolidarisé de son ancienne chercheuse, qui avait quitté en 2018 l'institution.
Intervenante du très controversé (nouvelle fenêtre) "documentaire" Hold-Up, Alexandra Henrion-Caude a été accusée à des nombreuses reprises de désinformation. Que ce soit en soutenant que la phase 3 des essais sur les vaccins contre le Covid-19 avait été sautée (c'est faux (nouvelle fenêtre)), ou en prétendant que les vaccins à ARN-messager étaient susceptibles de "s'intégrer au génome" des patients. Une affirmation là aussi contredite (nouvelle fenêtre) par les chercheurs et spécialistes.
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