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| - Au fil des ans, un nombre croissant de foyers français se tournent vers les granulés de bois pour assurer leur chauffage en hiver.L'association, qui rassemble les professionnels de ce secteur, n'hésite pas dans sa communication à vanter une technologie aux émissions "quasiment nulles".Si l'Ademe note que les poêles et chaudières à granules se révèlent globalement vertueuses, elle rappelle "que tout phénomène de combustion émet des polluants atmosphériques".
Selon l'association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois (Propellet), près de 1,8 million de ménages en France se chauffent aujourd'hui grâce à des pellets, l'autre nom des granulés de bois. La consommation de ces combustibles serait d'ailleurs en croissance, de l'ordre de 5 à 10%.
Qu'en est-il de l'impact environnemental des poêles et chaudières qui les utilisent ? Si l'on en croit une récente publication (nouvelle fenêtre) de Propellet, nous avons affaire à "un chauffage durable et respectueux de la qualité de l’air". L'association professionnelle n'hésite pas à citer un certain Ingwald Obernberger, présenté comme "scientifique de référence mondiale en matière d’émissions de particules des appareils de chauffage au bois". Selon ce dernier, "les meilleures technologies de chaudières et poêles à granulés actuellement disponibles peuvent atteindre des émissions pratiquement nulles sans avoir besoin de mesures secondaires de réduction des émissions (filtres)".
"Tout phénomène de combustion émet des polluants"
Circonspect à la lecture de cet argumentaire, un internaute a sollicité (nouvelle fenêtre) l'équipe des Vérificateurs, estimant que de telles affirmations relevaient de la fake news. Pour le savoir, nous nous sommes rapprochés de l'Ademe, l'Agence de la transition écologique. Si l'institution précise d'emblée n'avoir "pas pu tester l’ensemble des appareils sur le marché", elle dispose toutefois d'une solide expertise en la matière.
Elle propose en ligne des outils interactifs qui permettent de mesurer les émissions de gaz à effets de serre des différents modes de chauffage. Ceux-ci permettent en quelques clics de constater que les granulés de bois ne sont pas les moins polluants, devancés par les pompes à chaleur. L'infographie qui suit, qui calcule les rejets de polluants à l'échelle d'une année pour un logement de 75 mètres carrés, présente des ordres de grandeur instructifs.
Certes réduites, les émissions (ici exprimées en équivalent CO2 (nouvelle fenêtre)) des modes de chauffages basés sur les granulés de bois ne sont donc pas nulles, ni même proches de l'être. "Tout phénomène de combustion émet des polluants atmosphériques", tranche d'ailleurs d'Ademe, précisant que "plus la combustion est optimale, moins les émissions polluantes sont élevées".
L'agence, qui a financé des dernières années plusieurs études sur le sujet, indique avoir planché sur les émissions de polluants d’appareils à granulés récents et labellisés Flamme Verte (nouvelle fenêtre) (chaudières et poêles). Le tout "en conditions réelles de fonctionnement chez des particuliers", de manière à obtenir des résultats les plus représentatifs possibles de ceux observés au sein des foyers équipés. Il en ressort que "pour deux tiers des poêles testés, les émissions de particules sont faibles, mais non nulles", et ce "dans toutes les conditions de fonctionnement de l’appareil". Pour le tiers restant, "les émissions sont faibles également à des allures soutenues, [...] mais les performances sont significativement dégradées lorsque les appareils sont utilisés à allures plus réduites".
Le type d'utilisation modifie grandement l'impact
Des travaux de l'Ademe, on retient que les performances des appareils installés peut varier de manière notable en fonction des conditions dans lesquelles ils sont utilisés. Leurs réglages jouent un rôle, ainsi que le dimensionnement de leur puissance ou des conduits. Mais l'impact se mesure aussi au niveau des émissions : celles de carbone suie (des particules composées de carbone, comme le précise l'agence) "sont très faibles à allure nominale (nouvelle fenêtre)" pour les chaudières à granulés, "peuvent augmenter très significativement à allure très réduite".
En ce qui concerne non pas les chaudières, mais les poêles à granulés, "les émissions de carbone" apparaissent "hétérogènes d’un appareil à l’autre". Si bien que "certains modèles peuvent émettre de grandes quantités de carbone suie et atteindre des niveaux comparables à ceux des appareils à bûches".
En résumé, il est donc exagéré d'affirmer que les appareils qui utilisent des pellets comme combustibles affichent des "émissions pratiquement nulles". Cela ne les empêche pas de figurer parmi les modes de chauffage les plus vertueux sur le plan environnemental. Sur le marché, seules les pompes à chaleur font mieux aujourd'hui.
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