schema:text
| - À l'issue des élections fédérales outre-Rhin, le député LFI Christophe Bex a relayé une carte des résultats en Allemagne par circonscription.On peut constater sur ce document une délimitation très nette entre les territoires qui constituaient les ex-Allemagne de l'Est et de l'Ouest.Problème : il s'agit d'une carte qui remonte aux élections européennes de 2024.
Après la victoire des conservateurs de la CDU/CSU et de son chef de file Friedrich Merz dimanche, les réactions et analyses ont largement dépassé les frontières allemandes. Le député LFI Christophe Bex a par exemple relayé une carte, censée montrer le parti arrivé en tête dans chacune des circonscriptions du pays.
Les résultats se révèlent assez éloquents puisque l'on observe clairement une fissure entre deux blocs : un premier – qui correspond rigoureusement à celui délimité par l'ancienne Allemagne de l'Ouest, puis un second sur le territoire de l'ex-Allemagne de l'Est. "Vous avez dit réunification...", a glissé en guise de commentaire (nouvelle fenêtre) l'élu français, laisse entendre que plus de trente ans après la chute du mur, nos voisins restaient profondément divisés.
Une carte qui remonte en réalité aux dernières européennes
Christophe Bex semble s'est exprimé de manière quelque peu prématurée, puisque le parlementaire a relayé une carte des résultats électoraux vieille de plusieurs mois. Tout à fait authentique, elle montrait (nouvelle fenêtre) les partis arrivés en tête dans les différentes circonscriptions allemandes... à l'occasion des dernières européennes, qui se sont déroulées en juin 2024. À l'époque – déjà –, c'est la CDU/CSU qui était arrivée en tête, tandis que l'extrême-droite représentée par l'AfD affichait de très bons scores dans les Länder qui composaient l'ancienne Allemagne de l'Est.
Si l'on s'intéresse aux élections fédérales qui se sont déroulés dimanche, on constate que la fracture entre est et ouest n'est pas aussi marquée qu'elle ne le fut l'an passé. La carte qui suit, partagée par la revue Le Grand Continent permet notamment de constater que le SPD d'Olaf Scholz a résisté en Basse-Saxe ou en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, des régions au sein desquelles plusieurs circonscriptions l'ont placé en tête. C'est également le cas dans la capitale, Berlin. Notez que les partis représentés en noir et en bleu foncé font partie d'un même bloc, puisqu'il s'agit de deux alliés (la CDU et la CSU).
Les résultats définitifs de l'élection en Allemagne. • Le BSW et le FDP n’entreront pas au Bundestag • Le grande coalition CDU/CSU + SPD aura la majorité • L'AfD et Die Linke formeront une minorité de blocage • Merz sera le prochain chancelier. pic.twitter.com/Ld595ICcLi — Le Grand Continent (@Grand_Continent) February 24, 2025
Face à des cartes telles que celles-ci, il faut toujours faire preuve d'une certaine prudence. Tout d'abord parce que dans un pays fédéral tel que l'Allemagne, le fait d'arriver en tête ne signifie pas automatiquement être en position de gouverner. Mais également parce que d'un scrutin à l'autre, les rapports de force entre les différentes formations politiques peuvent très largement varier. Pour s'en convaincre, regardez la carte qui suit, réalisée à l'issue des précédentes élections fédérales. Nous étions en 2021 et le SPD savourait alors son succès.
La réunification a laissé des traces dans les résultats électoraux
Si les élections fédérales qui viennent de s'achever n'ont pas mis en avant une fracture est-ouest aussi marquée que lors des européennes de l'an passé, on constate bel et bien que l'Allemagne reste encore marquée par l'héritage de sa division historique. Il y a quelques années, les chercheurs Béatrice von Hirschhausen et Boris Grésillon se sont penchés sur la manière dont nos voisins demeuraient marqués par l'ancienne partition de leur pays, et sur la façon dont cela pouvait aujourd'hui se traduire dans les urnes.
"La Réunification, ont-ils constaté dans leurs travaux (nouvelle fenêtre), a constitué pour de nombreux Allemands de l’Est un traumatisme non résolu, nourrissant jusqu’à aujourd’hui leurs frustrations, leur mécontentement... Et leur comportement électoral." Il en résulte aujourd'hui des votes qui peuvent apparaître en rupture : alors que le PDS, devenu Die Linke, a longtemps "recueilli les suffrages des mécontents" et connu un succès significatif à l'est, son influence a diminué. "Victime d’une forme d’institutionnalisation, Die Linke n’est plus apparu comme étant suffisamment 'contre' aux yeux de certains et ceux-là ont alors jeté leur dévolu sur l’AfD", résument les spécialistes.
Les écarts de richesse ne suffisent pas, à eux seuls, à expliquer les votes des électeurs d'une région à l'autre, d'autant que l'Institut Montaigne, il y a quelques semaines à peine, nous rappelait quelques données éclairantes. Bientôt trente-cinq ans après la Réunification, "le PIB par habitant à l’est du pays correspond actuellement à 79,5% de celui de l’ouest (contre 32% en 1991) et le revenu disponible à 85% du niveau de l’ouest (contre 37% en 1991)".
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
|