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| - Selon le député RN Grégoire de Fournas, 80% du miel serait importé dans l'Hexagone. Un chiffre inexact.Selon l'élu, les apiculteurs auraient les moyens de subvenir aux besoins de notre consommation.Les représentants du secteur nuancent ses propos.
Le Rassemblement national s'érige en défenseur de la souveraineté alimentaire. Pour illustrer ce combat, le député Grégoire de Fournas prend pour exemple le miel. Un produit importé, selon lui, à "80%" dans l'Hexagone. L'élu s'émeut d'une telle situation, alors que "la France est parfaitement capable d'en produire suffisamment". Des affirmations largement contredites par InterApi, l'interprofession des produits de la ruche.
Importer permet de diversifier l'offre au consommateur
Sollicité par TF1info, le président d'InterApi Éric Lelong explique que pour analyser la production et les importations de miel, les chiffres fournis par FranceAgriMer font référence. Ceux de 2022, accessibles en ligne, nous apprennent que la production française a été l'an passé de 31.387 tonnes, soit une hausse de plus de 58% par rapport à 2021, marquée par des conditions météo très défavorables. D'emblée, un constat : des variations importantes s'observent en fonction des années, avec des plus bas historiques sous les 10.000 tonnes.
Quid des importations de miel étranger ? Entre 2010 et 2021, FranceAgriMer rapporte qu'elles ont oscillé entre 25.000 et 35.000 tonnes, notamment pour aider à couvrir la consommation qui "s’élève à environ 45.000 tonnes" par an. Nous sommes ici assez loin des 80% évoqués par Grégoire de Fournas, d'autant que le volume des exportations de miel français à l'étranger demeure assez réduit par rapport à la quantité produite (de 4 à 5 tonnes en fonction des années).
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Les chiffres du député ? "A priori oui, ils sont complètement faux", glisse Éric Lelong, "sauf bien sûr si l'on parle du miel utilisé dans les produits transformés". Gâteaux, cosmétiques... Des produits pour lesquels le recours à du miel étranger est "sans doute particulièrement élevé", note le président d'InterApi. L'enjeu majeur, à ses yeux, n'est pas de parvenir à produire assez de miel en France : "Dans les années 1990, nous nous trouvions dans une période de surproduction !", se souvient-il. En revanche, l'enjeu central "est plutôt de se trouver en mesure d'écouler la production à un juste prix pour les apiculteurs français".
En somme, si la France a les moyens de couvrir ses besoins en miel, elle continue d'importer pour des questions de coût. Il est nécessaire pour le comprendre de s'intéresser aux "charges des exploitations", plus élevées dans notre pays qu'à l'étranger. "On sait que le salaire d'un Français n'est pas celui d'un Chinois, et que même au sein de l'UE, des disparités importantes s'observent", note Éric Lelong. De plus, "il y a toujours une partie de la population qui ne sera pas prête à payer un pot de miel 10 euros", a fortiori dans la situation actuelle marquée par une forte inflation. Des consommateurs qui se priveraient sans doute de miel s'ils ne disposaient pas d'une offre d'entrée de gamme à des prix contenus.
Du côté d'InterApi, la question d'une autosuffisance de la France en miel n'est donc pas jugée essentielle à l'heure qu'il est. Si un miel bon marché arrive dans notre pays de l'étranger, il ne constitue pas nécessairement une concurrence directe pour le miel français. Cela n'empêche pas les apiculteurs de suivre avec attention l'évolution des flux d'importations et de travailler à la valorisation d'une production hexagonale. Un miel local qu'Éric Lelong (lui-même apiculteur dans la région de Montpellier) défend d'ailleurs avec des multiples arguments. "Quand vous achetez du miel, vous achetez aussi un service environnemental", lance-t-il par exemple. "Le travail réalisé par les abeilles avec la pollinisation, il n'est fait par personne : on contribue aussi à préserver une partie de la biodiversité".
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