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| - À la télévision ces derniers jours, un pharmacien a vanté les vitamines et autres compléments alimentaires en cette période de l'année.Ils permettraient de renforcer nos défenses immunitaires et de protéger notre corps à l'approche de l'hiver.TF1info a fait appel à ses partenaires de l'Inserm pour analyser ces discours, courants lorsque revient le froid dans l'Hexagone.
Il raconte "absolument n'importe quoi". C'est par ce constat très sévère qu'un médecin a réagi sur les réseaux sociaux à l'intervention d'un pharmacien il y a quelques jours sur l'antenne de C8. Ce dernier a soutenu qu'à l'approche de l'hiver et face à l'arrivée des maladies automnales, "il y a plein de produits qui permettent de préparer le corps si un virus rentre". Il mentionne ainsi l'intérêt des "compléments alimentaires" ou de la "vitamine C", dont l'importance est mise en avant pour augmenter nos "défenses immunitaires". Un discours auquel les scientifiques sont habitués et dont il faut souvent se méfier.
Aucun intérêt pour un individu lambda
Chercheuse à l'Inserm et directrice de l'équipe de recherche en Épidémiologie nutritionnelle (EREN), Mathilde Touvier n'est pas surprise qu'un pharmacien fasse la promotion de ces produits. "En ce moment", observe-t-elle, "on ne peut pas se promener dans une pharmacie sans traverser des étals qui regorgent de compléments alimentaires" et autres vitamines. "Il est d'ailleurs courant que dans les officines, on vous propose ces produits à cette époque de l'année alors même que vous venez pour autre chose."
Que nous disent les experts de leur utilité ? Qu'un "consensus scientifique" émerge sur un point : "au sein de la population générale, nous n'avons pas besoin de compléments alimentaires, vitaminiques et/ou minéraux". Pour l'immense majorité des individus, "il n'existe pas de carences avérées et évidentes qui ne puissent pas se voir compensées par une alimentation équilibrée", poursuit la spécialiste. Les personnes immunodéprimées, qui souffrent de problèmes de santé spécifiques ou de carences bien identifiées peuvent y avoir recours à juste titre, mais de manière générale, manger équilibré suffit amplement à couvrir ses besoins.
Mathilde Touvier glisse qu'en France, on pourrait éventuellement mentionner une seule exception : la vitamine D. Les sources alimentaires se révèlent en effet assez rares et durant l'hiver, notre corps voit son exposition aux rayons du soleil diminuer. Or, ces rayons ont une utilité, puisqu'ils réagissent avec les enzymes de notre peau pour déclencher une production de vitamine D. Un processus que l'on qualifie généralement de synthétisation.
L'alimentation couvre nos besoins
Mathilde Touvier ne conteste pas que les vitamines, le zinc ou d'autres oligo-éléments ont un effet bénéfique sur notre corps. Et confirme que ces substances contribuent au bon fonctionnement et au renforcement de notre système immunitaire. En revanche, l'expert estime qu'il n'est pas du tout nécessaire de payer (parfois assez cher) pour apporter à notre organisme ces éléments nutritifs.
Outre le risque de surdosage, la chercheuse évoque "des problèmes d’interactions avec des traitements médicamenteux". Les vitamines E ou K, par exemple, peuvent contrarier une série de traitements, anticoagulants notamment. Elle appelle aussi à se méfier des produits achetés en ligne, dont l'origine peut se montrer douteuse et qui pourraient présenter des risques.
Si les scientifiques mettent en garde contre les prises de compléments alimentaires et de vitamines, ils insistent surtout sur le fait que notre alimentation couvre généralement très bien nos besoins. À condition bien sûr qu'elle soit variée, de préférence en suivant les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). Mathilde Touvier vante ses mérites et souligne qu'il a aussi été "conçu pour prendre en compte les besoins de renforcement de notre système immunitaire".
Pour illustrer les bienfaits de certains fruits, l'épidémiologiste nutritionnelle prend l'exemple de la vitamine C, régulièrement consommée en complément alimentaire. "L'apport journalier", note-t-elle, "équivaut à 110 mg par jour et par personne. Eh bien, figurez-vous qu'avec une simple orange et un kiwi, vous couvrez déjà ces besoins".
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