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| - L'Allemagne s'est distinguée en lançant une offre inédite à 9 euros pour voyager dans les transports en commun cet été.Plébiscitée par les voyageurs, cette initiative aurait permis de réduire de 10% le trafic automobile, assure une députée socialiste.Si l'impact environnemental est bien réel et mesuré, l'élu effectue une légère confusion dans les chiffres.
Pour lutter contre l'inflation, le gouvernement allemand avait pris une série de mesures à l'orée de l'été. Parmi elles, le lancement d'une offre de transport inédite : un billet permettant d'emprunter l'ensemble des réseaux de bus, de tram, de métro du pays, ainsi que l'intégralité des trains régionaux. Et ce, de manière illimitée pour seulement 9 euros par mois. La Deutsche Bahn (DB), équivalent de la SNCF outre-Rhin, s'est félicitée du succès de cette carte, mais ce plébiscite se serait aussi traduit par un impact très positif sur l'environnement.
La députée socialiste française et vice-présidente de l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, évoque une baisse "de 10% du trafic auto" en Allemagne, ce qui représente "1,8 million de tonnes de CO2 en moins" rejetées dans l'atmosphère. Des chiffres qui méritent d'être quelque peu nuancés.
Révolution du train en Allemagne ! 🚞 cet été pass illimité à 9€: ↘️de 10% du trafic auto, eq à 1.8 million de tonnes de CO2 en moins 🚞 bientôt pass illimité à 49€ En France, le gvt doit saisir la proposition de @CaroleDelga pour le train !!👇 https://t.co/7DYBXRF8zi https://t.co/ZnGwY4Yqcc — Valérie Rabault 🇨🇵🇪🇺🇺🇦 (@Valerie_Rabault) November 4, 2022
Des trajets en voiture évités
Pour retrouver la trace de ces données, c'est vers la Verband Deutscher Verkehrsunternehmen (VDV) qu'il faut se tourner. Il s'agit de l'Association des entreprises de transport allemandes, qui a réalisé une étude d'impact du dispositif mis en place durant les mois de juin, juillet et août. Le billet à 9 euros, apprend-on, a fait un carton : il s'en est vendu 52 millions. Mais la VDV s'est aussi intéressée aux conséquences de son introduction sur les habitudes des voyageurs. Pour cela, elle a interrogé 6000 personnes par semaine, soit 78.000 répondants, durant toute la durée de la mesure. Un panel assez vaste qui permet d'évaluer avec une certaine fiabilité les résultats.
Qu'en ressort-il ? Que "10% des acheteurs du billet à 9 euros ont renoncé à, au moins, un de leurs trajets quotidiens en voiture". Cela ne signifie par une réduction de 10% du trafic, comme l'a indiqué Valérie Rabault, puisque l'ensemble des Allemands n'ont pas utilisé ce billet. Par ailleurs, les personnes sondées ont pu continuer à utiliser un véhicule pour une partie de leurs trajets, alors même qu'elles se passaient de leur voiture pour d'autres. Toutefois, à partir des éléments recueillis auprès des utilisateurs, l'étude a bel et bien conclu à une réduction des émissions équivalant à 1,8 million de tonnes de CO2.
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"Le billet à 9 euros a non seulement soulagé financièrement les citoyens, mais a également eu un effet clairement positif sur le climat", assurait (nouvelle fenêtre) fin août le président de la VDV. "Tous les acteurs responsables doivent désormais se prononcer rapidement sur la poursuite et le développement ultérieur d'une telle offre. Si nous prenons au sérieux l'évolution des modes de transport et le changement climatique, nous devons agir maintenant", a-t-il ajouté.
Il semblerait que cet appel ait été entendu : si un billet à 9 euros donnant accès à tous les transports en commun se révèle trop coûteux pour l'État et les collectivités, le gouvernement et les régions ont trouvé un accord ces derniers jours. Ils ont acté la mise en place d’un forfait mensuel de 49 euros donnant accès aux bus, ainsi qu'à tous les trains régionaux d’Allemagne, exception faite des grandes lignes. "C’est la plus grande réforme de l’histoire des transports publics" dans le pays, s’est réjoui (nouvelle fenêtre) le ministre libéral-démocrate des Finances, Christian Lindner. 1,5 milliard d’euros a été réservé à ces fins sur le budget fédéral, un montant identique à celui qui sera apporté par les collectivités locales.
En résumé, il est donc exact que le billet à 9 euros lancé en Allemagne durant les mois d'été a eu un impact notable sur l'environnement, via une réduction des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, l'impact sur la circulation n'a pas été aussi massif que l'a suggéré la députée PS Valérie Rabault. Cette initiative, très populaire outre-Rhin, a poussé les responsables politiques à renouveler le dispositif, en l'adaptant pour qu'il soit moins coûteux pour les finances publiques.
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