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| - Le Rassemblement national fustige une éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE.Jordan Bardella assure qu'Emmanuel Macron y est favorable.Cette perspective semble lointaine et la majorité l'a écartée à plusieurs reprises.
Elle compte 27 membres depuis le Brexit. L'Union européenne doit-elle, à l'avenir, accueillir en son sein de nouveaux pays ? La Commission européenne s'y montre favorable et plaide pour de futures extensions, du côté notamment des Balkans. Une perspective à laquelle s'oppose le Rassemblement national, à commencer par sa tête de liste aux européennes, Jordan Bardella.
L'hypothèse d'une adhésion de la Turquie, en particulier, suscite un rejet massif au RN. À ce titre, le parti de Marine Le Pen affirme (nouvelle fenêtre) que "la Macronie appuie la Commission européenne" dans son projet de rapprochement avec Ankara.
Des discussions à la traîne depuis bientôt 20 ans
Contactée par TF1info, la Commission européenne rappelle que "le Conseil européen a accordé à la Turquie le statut de pays candidat à l'Union européenne en décembre 1999", tandis que "les négociations d'adhésion ont débuté le 3 octobre 2005". Une procédure particulièrement longue et qui n'est pas enterrée. En cette fin mai 2024, "le commissaire européen à l'Élargissement est actuellement en Turquie pour y rencontrer des hauts fonctionnaires du gouvernement", rapporte la Commission.
Il serait toutefois illusoire d'imaginer Ankara rejoindre dans un futur proche l'UE. En effet, "la dégradation constante de la situation en matière de démocratie, d'État de droit et de droits fondamentaux en Turquie" a conduit ces dernières années à ce que "les négociations d'adhésion" restent "au point mort". Un constat dont a pris acte le Conseil européen en juin 2018 puis en décembre 2022. La Turquie "a continué de s’éloigner de l’UE et n’a pas inversé la tendance négative en matière de réforme, malgré ses déclarations répétées d'engagement envers son accession à l'UE", résume la Commission européenne.
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Si la Turquie a exprimé par le passé une volonté de se rapprocher des critères de Copenhague – qui constituent les conditions préalables à une adhésion à l'UE – plusieurs signaux très négatifs ont été envoyés par le président Recep Tayyip Erdoğan et son gouvernement. Le site Toute l'Europe rappelle (nouvelle fenêtre) par exemple qu'en mars 2021, l’exécutif turc a décidé de "se retirer de la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite convention d’Istanbul". Un choix justifié à l'époque par le fait que ce texte portait atteinte au modèle de la "famille traditionnelle".
Il serait par ailleurs trompeur d'affirmer que la France, par l'intermédiaire d'Emmanuel Macron, fait partie des pays européens qui militent pour une intégration de la Turquie à l'UE. "La Turquie n'a pas vocation à rentrer dans l'UE. Ce processus d'adhésion est fictif, il est gelé, même s'il existe encore sur le plan formel", avait lancé en 2020 (nouvelle fenêtre) Clément Beaune, alors secrétaire d'État en charge des Affaires européennes. Une sortie qui faisait écho à celle du président de la République, deux ans plus tôt. Suite à une rencontre avec son homologue turc, le chef de l'État avait ainsi appelé à "sortir d’une hypocrisie qui consisterait à penser qu’une progression naturelle vers l’ouverture de nouveaux chapitres" était possible entre l'UE et la Turquie. Sollicité par TF1info, le Quai d'Orsay confirme que la position française n'a pas évolué depuis ces déclarations.
Des obstacles insurmontables ?
Le processus d'adhésion de la Turquie, aujourd'hui au point mort, se heurte à une multitude d'écueils. Des éléments qui rendent perplexe quant à la perspective de voir un jour Ankara rejoindre l'UE. La question chypriote, au cours des dernières années, a régulièrement été mise en avant comme l'un de ces éléments bloquants. La Turquie soutient en effet (y compris militairement) la partie nord de l'île, turcophone et musulmane, qui constitue la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Or cette dernière n'est pas reconnue par la communauté internationale, et ce, malgré le fait que Chypre se trouve en pratique divisée depuis désormais 50 ans.
Une source de tensions entre les membres de l'UE et Ankara, qui s'ajoute à d'autres obstacles ou divergences potentielles. En voici une série :
- La population turque, évaluée à quelque 85 millions d'habitants. En cas d'adhésion à l'UE, la Turquie en deviendrait le pays le plus peuplé, ce qui lui accorderait un poids politique majeur, via notamment de très nombreux eurodéputés ;
- Des frontières communes avec la Syrie, l'Irak et l'Iran. Une adhésion turque signifierait repousser les frontières de l'UE vers l'est, avec des enjeux aussi bien géopolitiques que migratoires ;
- Les atteintes aux minorités kurdes. L'attitude des autorités turques vis-à-vis des populations kurdes a fait l'objet de nombreuses dénonciations ces dernières années.
- Son action en Libye dénoncée. En 2020, l’ONU a déploré (nouvelle fenêtre) à plusieurs reprises la violation d'un embargo sur les armes imposé à la Libye. La Turquie a été pointée du doigt, étant par ailleurs accusée d'accompagner le déploiement de mercenaires syriens sur le sol libyen.
- Des atteintes à l'État de droit. Dans un rapport de 2023, Amnesty International s'est émue (nouvelle fenêtre) de la situation en Turquie, dénonçant des poursuites contre "des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des responsables politiques de l’opposition". L'ONG pointait également "les lois relatives à la lutte contre le terrorisme et à la désinformation", "utilisées pour restreindre la liberté d’expression".
Ces motifs de friction, loin d'être exhaustifs, apparaissent comme des freins à une adhésion. D'autres facteurs, qu'ils soient économiques, politiques, culturels ou religieux, sont parfois avancés, autant d'éléments qui interrogent sur la possibilité d'une intégration prochaine de la Turquie.
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