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| - Une photo et une vidéo d’un homme âgé circulent sur les réseaux sociaux, présentant ce qui semble être une arrestation musclée par les forces de l’ordre.Mais la photo a été créée par intelligence artificielle, et la vidéo montre une interpellation à Rennes le 23 mars.
Mises à jour du 01/04 et du 04/04 : confirmation de l'auteur à l'AFP Factuel que cette photo a été générée sur l'IA MidJourney, puis précisions du commissariat de Rennes.
Dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites, les vidéos dénonçant des violences policières se multiplient sur les réseaux sociaux. Parmi elles, la photo d’un homme d’un certain âge et au visage ensanglanté, qui aurait été blessé lors d’un rassemblement. Un cliché qui aurait "fait le tour du monde", à en croire des publications, comme celle du compte Twitter (nouvelle fenêtre) "24H00 pour répondre", anciennement connu sous le nom de "Mediavenir". D’autres sources considérées comme plus fiables ont relayé cette image forte, telle que Maria Denaxa (nouvelle fenêtre), correspondante grecque à Paris pour différents médias.
Dans le même temps, certains sur les réseaux sociaux doutent de sa véracité et en attribuent plutôt la paternité à l’intelligence artificielle. Pour clore le débat, une vidéo, censée montrer l’arrestation musclée du vieil homme par les forces de l’ordre, a été partagée dans un second temps. Sur cette séquence, relayée le 24 mars par un compte italien (nouvelle fenêtre), on y voit un individu emmené violemment par deux policiers et trainé sur plusieurs mètres. La scène se passerait à Paris ou à Rennes selon ceux qui la partagent. Sur Telegram, cette photo et cette vidéo ne deviennent qu’une seule et même séquence. Problème, il ne s’agit pas du même homme.
Old man dragged like a beast through the streets of Paris. pic.twitter.com/F8Kdw9RQiw — RadioGenova (@RadioGenova) March 24, 2023
La ressemblance n’est d’abord pas flagrante : l’un a le visage rasé et ensanglanté, l’autre porte une barbe en collier et ne présente aucune trace de sang. En fait, en s’attardant sur le cliché, on ne peut que donner raison à ceux qui doutent de sa réalité. Alors que les images générées par intelligence artificielle (IA) pullulent en ligne, des indices permettent de distinguer une photo artificielle d’une vraie (voir notre article dédié à cela).
Des défauts corporels, comme sur les mains, les yeux ou les oreilles, peuvent encore être observés même si la technologie devient toujours plus performante. Ici par exemple, les pupilles de ce monsieur semblent peu réelles et la texture de l’image est plus proche de celle d’un dessin que d’une photographie. Des recherches de l’AFP Factuel (nouvelle fenêtre) ont permis de remonter à l’image originale, pas encore recadrée et postée sur Facebook le 19 mars.
Et plusieurs éléments permettent d’affirmer sans plus de doute que cette photo est créée de toutes pièces par une IA : les casques des policiers ne comportent aucune inscription ni insigne, le policier de droite a une visière bien trop grande pour être vraie et un bras à l’apparence étrange.
Prévenu du buzz par son entourage, l'auteur du cliché a fini par confirmer à nos confrères de l'AFP l'avoir généré sur l'IA Midjourney, dans le cadre d'un "faux documentaire satirique sur la réforme des retraites à 98 ans" et l'avoir publié sur Facebook le 18 mars. Mais si cette photo n’est pas réelle, que dire de la vidéo d’arrestation ? Nous avons trouvé une autre séquence, filmée sous un autre angle (nouvelle fenêtre) et décrivant les mêmes faits. Publiée le 23 mars, elle est présentée comme une "violente interpellation à Rennes".
Une scène bien tournée à Rennes jeudi 23 mars
Les deux extraits comportent des similitudes, comme l’apparence des pots de fleurs et des vêtements du manifestant interpellé, qui porte à chaque fois un tee-shirt violet. Sur cette seconde vidéo, on voit l'homme contre une barrière, la tête en bas. Des détails à l’écran confirment que la scène se déroule bien à Rennes : le drapeau breton ne laisse d'abord pas indifférent, mais aussi l’agence immobilière nommée "L’espace neuf" et le restaurant "Caneton" à la devanture rouge qui se situent dans le centre-ville de Rennes, près de la place de la République. L’inscription "carré rennais" est même taguée au mur. Des débordements ont bien eu lieu (nouvelle fenêtre) dans cette ville le jeudi 23 mars, en marge de la manifestation organisée contre la réforme des retraites. La séquence est donc crédible.
Le journaliste local Ewen Bazin a assisté ce jour-là à l’arrestation de l’homme, effectivement d’un certain âge. Il a d’ailleurs partagé sur son compte Twitter des photos et vidéos (nouvelle fenêtre) pour relater l’événement. "J'ai surtout décidé de le filmer parce que je trouvais la scène assez violente, avec trois policiers qui plaquaient sa tête à terre, et qu'il avait l'air inconscient", raconte-t-il à TF1info. Le journaliste explique être arrivé au moment où le manifestant était arrêté et ne pas connaitre les raisons de son interpellation.
Un manifestant âgé est interpellé violemment Place de la République à #Rennes #Manifestations #manif23mars #greve22mars pic.twitter.com/TuNdAfzHJK — Ewen Bazin (@EwenBazin) March 23, 2023
Le photographe Justin Picaud, également présent au moment des faits, a pris plusieurs photos du manifestant en train d’être maitrisé par les policiers, que nous avons pu consulter et dont l’une est à retrouver dans cet article de Télérama (nouvelle fenêtre). Lui le décrit comme "un homme âgé, qui n’avait pas l’air de faire d’histoire, peut-être alcoolisé". Sollicité par TF1info, le commissariat de Rennes livre des précisions sur l'interpellation de l'homme, âgé de 57 ans pour des faits de "violences avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique", en l'espèce des "jets de projectiles", ainsi que des "menaces de mort et outrage". Le manifestant "a également craché au visage d'une fonctionnaire venue pour assurer son transport jusqu'à l'hôtel de police de Rennes" et "s'est fermement accroché à la barrière pour tenter d'éviter d'être emmené". Placé en garde à vue, il fait l'objet d'une plainte déposée par trois policiers.
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