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| - Si l'on en croit la reproduction d'un article partagée sur les réseaux sociaux, la France est le pays "n°1 de la censure sur Internet".Une affirmation trompeuse, qui se base sur des données portant uniquement sur Facebook et sur la seule année 2015, marquée par des attentats dans notre pays.Les blocages de contenus en ligne sont généralement demandés par les autorités, pour des publications négationnistes ou bien encore qui font l'apologie du terrorisme.
La France "n°1 de la censure sur Internet" ? C'est ce que prétend un article relayé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. "On est les champions", commente avec ironie l'internaute qui en poste une copie sur la plateforme X. À la lecture de cette publication, on découvre ainsi que la France devancerait l'Inde, la Turquie ou l'Allemagne, avec près de 38.000 pages bloquées sur Facebook.
Plusieurs raccourcis trompeurs
À l'origine de cet article, on retrouve le site "Riposte laïque", qui affiche une proximité avec l'extrême droite et les mouvements identitaires. Les données qu'il met en avant ne sont pas farfelues, mais elles sont présentées de manière largement trompeuse. Cette publication fait en effet uniquement référence à des blocages effectués par Facebook... En 2015. "Chaque semestre, Meta publie le nombre de contenus restreints sur Facebook et Instagram à la suite de signalements car contrevenant aux lois locales, ainsi qu'un rapport expliquant les raisons pour lesquelles ces contenus ont été restreints", souligne l'AFP Factuel.
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Lorsque l'on s'intéresse aux documents partagés par la firme américaine, on découvre que l'année 2015 s'est révélée très particulière. Marquée par des attentats, elle a conduit les autorités françaises à solliciter le blocage d'un nombre de publications bien supérieur à la normale. Sur les presque 38.000 contenus concernés, plus de 32.000 ont concerné une photo prise dans la salle de concert du Bataclan après l'attentat qui l'a visée. Un cliché sur lequel on pouvait observer un sol jonché de cadavres. Ces dernières années, on constate que le volume des blocages est resté bien plus faible, comme en témoignent les données ci-dessous.
Une plateforme telle que Facebook, à l'instar de X ou Instagram, est tenue de respecter le droit local. Cela vaut pour la France, mais également d’autres pays : en Inde, au Pakistan ou en Indonésie, "Facebook justifie les restrictions des contenus conformément à leurs lois anti-blasphèmes", note ainsi Libération.
En Chine ou en Russie, des censures à grande échelle
S'intéresser aux seuls blocages de contenus sur Facebook, a fortiori durant une courte période d'un an, ne permet donc pas de présenter la France comme un pays où règnerait une "censure" d'ampleur d'Internet. Il convient d'ailleurs de noter que ces actions de modérations n'ont pas grand-chose à voir avec la manière dont certains États filtrent les sites qui sont (ou non) accessibles aux internautes sur leur sol.
Quand la France agit pour suspendre des publications niant l'Holocauste ou qui constituent des atteintes à la dignité humaine, des pays comme la Chine organisent de leur côté un blocage massif et généralisé de la Toile. Il y a quelques mois seulement, France Inter relatait la manière dont le pouvoir avait fait supprimer des articles et commentaires sur le web chinois. Leur tort ? Avoir évoqué de manière trop frontale et/ou critiques les difficultés économiques qui ont secoué le pays.
En marge de la guerre en Ukraine, notons par ailleurs que la Russie a encore durci son contrôle du web. La diffusion de l'information fait l'objet de contrôles tout particuliers, si bien que "les journalistes indépendants et d’opposition ne peuvent plus publier en Russie sur les forces armées sous peine de quinze ans de prison", fait remarquer Reporters sans frontières.
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