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| - La marque Shein, souvent érigé comme emblème de la "fast-fashion", est très prisée des jeunes.Revers de ce succès, l'enseigne représenterait 22% de l'empreinte carbone des adolescentes dans l'Hexagone.Régulièrement mis en avant, ce chiffre est trompeur.
Un véritable "carnage". C'est ainsi qu'un ingénieur décrit (nouvelle fenêtre) la situation actuelle dans le secteur dans le textile "avec la concurrence des marques comme Shein". Sur les réseaux sociaux, il réagit aux difficultés rencontrées par des enseignes telles que Princesse Tam Tam ou Comptoir des Cotonniers. "À quel moment on se réveille et on se protège du Made In China", demande l'intéressé, soulignant que Shein, marque devenue emblématique de la fast-fashion, "représente quand même 22% de l'empreinte carbone de nos adolescentes". Un chiffre percutant, mais dont il faut se méfier.
Seules les dépenses avec de l'argent de poche ont été analysées
Cela fait un peu plus d'un an que l'on observe ce chiffre circuler en ligne, ayant notamment inspiré à quelques articles (nouvelle fenêtre) dans la presse. Des publications qui permettent d'en retrouver la source, à savoir une étude du "Teenage Lab" de l'entreprise Pixpay. Cette dernière, qui propose des cartes de crédit destinées aux ados, réalise diverses études. L'une d'elles (nouvelle fenêtre), dévoilée au printemps 2022 a été "réalisée auprès de 100.000 utilisateurs de l’application entre avril 2021 et avril 2022" et porte sur "l'impact carbone de la consommation des ados".
En pratique, un partenaire de Pixpay a "calculé l’empreinte carbone de chaque dépense" des ados "en analysant chaque transaction bancaire, en la catégorisant, et en appliquant la méthode des facteurs d’émissions monétaires de l’ADEME pour obtenir une évaluation de son empreinte carbone en kg de CO2". C'est ainsi que l'entreprise aboutit au constat selon lequel "Shein est responsable de 22% du total des émissions CO2 des adolescentes françaises".
Plusieurs éléments importants sont à souligner à la lecture de ces travaux. Tout d'abord, il est abusif de présenter les résultats comme une étude des émissions totales de jeunes qui ont été suivis. En effet, l'étude ne porte que sur les dépenses réalisées par les adolescents par le biais de leur carte de crédit. C'est donc la manière dont ils dépensent leur argent de poche qui est analysée, et pas leurs comportements globaux. Si un jeune effectue un séjour à l'étranger avec des amis ou de la famille et qu'il prend l'avion, le bilan carbone de son voyage ne sera pas pris en compte puisque ce n'est pas lui qui a directement réservé le billet. De la même manière, si les parents d'un(e) ado lui achètent très régulièrement de la viande de bœuf pour ses repas, l'impact environnemental de ce régime alimentaire ne sera pas davantage comptabilisé. En pratique, seule une faible part de l'empreinte carbone des individus est étudiée à travers cette étude, dont les résultats se révèlent en définitive parcellaires.
Au-delà des actions non prises en compte dans ces calculs (transports, alimentation quotidienne...), le calcul même des émissions carbone liées aux achats des ados doit être abordé avec des pincettes. En effet, l'impact des emplettes réalisées par les jeunes variera en fonction des type de bien qu'ils vont se procurer. Dans le cas de Shein, mettre dans son panier un t-shirt en coton produit au Bangladesh n'aura pas le même impact en matière d'émissions que de choisir une ceinture en polyuréthane réalisée en Chine ou un collier en plastique venant du Vietnam. Des spécificités que l'étude ne distingue pas, englobant tous les produits des différentes marques et assignant à chaque enseigne un impact carbone standardisé.
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