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| - Des photos de soldats français ont été présentées comme l’arrestation de "mercenaires" au Tchad.Le cliché vient d’un entrainement de l'armée française avec les forces tchadiennes fin octobre et avait été relayé par un soldat sur TikTok.Des comptes favorables à l’Alliance des États du Sahel ont amplifié la fausse légende qui accompagne l'image, visant la présence française au Tchad.
Des photos de deux hommes mains sur la tête, escortés par trois soldats avec des bérets rouges, et une légende affirmant que "des légionnaires français [ont été] capturés par les soldats tchadiens" circulent depuis le 11 novembre. Le moment choisi pour diffuser ces photos, vues plus de 400.000 fois sur X, et 80.000 fois sur Facebook, n’a rien d’anodin : l’armée tchadienne mène actuellement une opération baptisée “Haskanite” (nouvelle fenêtre) dans la région du lac Tchad où elle combat le groupe djihadiste nigérian Boko Haram.
Ces images appuient le récit récurrent selon lequel la France aiderait ces groupes terroristes dans la région, des allégations basées sur de fausses informations. Elles sont relayées par des comptes ouvertement favorables à l’Alliance des États du Sahel, une coopération militaire entre le Niger, le Burkina Faso, et le Mali, relayant régulièrement de la désinformation hostile à la France.
Une "blague" autour d’images d’entrainements à N'Djamena
Nous avons pu remonter à l’origine de ces photos : elles viennent de capture d’écran d’une vidéo publiée à l’origine par un soldat tchadien sur son compte TikTok, et depuis supprimée. Les photos ont ensuite été relayées sur un ton humoristique par des comptes Facebook tchadiens comme celui-ci (nouvelle fenêtre) dès le 10 novembre, avec des smileys hilares et une légende ironisant sur le fait que les soldats français allés être "corrigés".
Contacté, l’auteur de la publication confirme qu’il s’agissait "d’une blague" et que les images initiales montraient bien une "formation". L’absence de chargeur sur les armes et le fait que les soldats tchadiens ne portent pas leur béret lorsqu’ils sont en opération attestent également d’un entrainement.
De son côté, l’État-major des armées français confirme que les images "sont issues d’une formation délivrée par les forces françaises au Tchad auprès de militaires tchadiens, le 31 octobre 2024, sur la base aérienne de Kosseï, à N'Djamena", soit à plus de 100 kilomètres du lieu des combats entre l’armée tchadienne et Boko Haram.
Il s’agissait d’un entrainement aux "techniques de fouille opérationnelle", et les militaires français apparaissant sur les images jouaient le rôle de suspects afin de permettre aux militaires tchadiens de mettre en application la formation théorique. Un entrainement similaire avait eu lieu au mois de février 2023 à Abéché (nouvelle fenêtre), dans l’est du Tchad.
Nous avons pu nous procurer deux autres images de cet entrainement du 31 octobre. On y reconnait le bâtiment jaune et rouge au second plan. Les deux instructeurs jouant le rôle des suspects sont aussi visibles de dos.
La présence française au Tchad visée par la désinformation
Au Tchad, l’armée française est présente dans la capitale N'Djamena, à Abéché dans l'est, et à Faya-Largeau dans le nord. Le dispositif regroupe environ 1000 militaires dont la mission consiste à appuyer les forces armées tchadiennes dans leur lutte contre les groupes armés terroristes, et à mener des actions de partenariat militaire opérationnel, comme les entrainements visibles dans ces images.
Le président, Emmanuel Macron, a missionné en février Jean-Marie Bockel pour discuter avec les partenaires africains, dont le Tchad, sur les nouvelles modalités de la présence militaire française sur leur sol. L’ancien ministre a affirmé sur RFI (nouvelle fenêtre) que les partenaires de la France ne "souhaitaient pas leur départ". Mais selon les informations de l’AFP, le nombre de soldats présents dans le pays pourrait être réduit à 300.
Dans ce contexte de transition, les fausses informations visant la présence française au Tchad sont fréquentes pour attiser les tensions. En juin dernier, de faux articles (nouvelle fenêtre) de médias avaient accusé la France d’avoir fait exploser un dépôt de munitions. Un an plus tôt, la vidéo (nouvelle fenêtre) d'un contrôle d'une patrouille militaire française par l’armée tchadienne avait alimenté les fantasmes d’une "opération secrète pour armer les populations".
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