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| - Donald Trump a fait de l'immigration le sujet central à sa réélection.Dès son retour au pouvoir, le président des États-Unis a promis d'expulser des "millions" d'étrangers.Un discours qui alimente les craintes, provoquant une vague de fausses informations alarmistes.
Pour les six millions de travailleurs en situation irrégulière, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est synonyme d'anxiété. Alors que le nouveau président des États-Unis s'est engagé à expulser des "millions et des millions" d'étrangers dès le premier jour de son investiture, le 20 janvier, nombreux sont ceux qui s'inquiètent pour leur sort. Et se tournent vers les réseaux sociaux, en quête de réponses. Sur TikTok, Instagram ou X, les vidéos de prétendus "raids" se multiplient et chacun y va de sa publication pour prévenir de l'arrivée des services chargés de l'immigration. Une panique numérique, pour l'instant loin des réalités du terrain.
Des vidéos sorties de leur contexte alimentent la panique
Dès le retour au pouvoir de Donald Trump, les premières vidéos de "déportations" de masse sont apparues. À commencer par celle (nouvelle fenêtre) montrant des hommes en chasuble, casque jaune vissé sur la tête. Ils courent dans la rue, visiblement paniqués. D'après la légende, les images auraient été capturées à Chicago, lorsque des policiers d'ICE, l'agence chargée du contrôle de l'immigration aux États-Unis, aurait pris en chasse des ouvriers clandestins "sur leur lieu de travail". Une séquence qui ne vient pas du tout de la ville qui borde le lac Michigan, mais de Virginie, comme l'indiquent les panneaux routiers. Et qui n'est pas non plus récente. Si nous ne sommes pas parvenus à vérifier l'origine de la séquence, une recherche d'image inversée démontre que le clip existe en ligne depuis au moins le 14 décembre 2022 (nouvelle fenêtre), bien avant la réélection de Donald Trump.
La seconde partie du clip, censée également venir de la ville de l'Illinois, montrerait d'autres travailleurs clandestins arrêtés sur leur lieu de travail. Mais, là aussi, cette vidéo n'a aucun lien avec l'arrivée au pouvoir du milliardaire qui a fait de la xénophobie une promesse de campagne. D'après nos recherches, la séquence remonte à l'été 2022, lorsqu'une fusillade avait éclaté devant un glacier, (nouvelle fenêtre)dont on identifie la façade dans le clip en question, provoquant un mouvement de foule.
Enfin, une troisième séquence révèlerait la nouvelle stratégie déployée par les agents américains pour "attraper les immigrés". "Ils commencent des opérations dans les écoles pour rechercher les enfants et les jeunes sans papiers, identifiant ainsi leurs parents pour les expulsions", alerte un compte sur X (nouvelle fenêtre). Nous avons pu retrouver la trace de la séquence. Récente, elle montre en réalité les familles préoccupées de lycéens du Tennessee, après qu'une fusillade a éclaté dans l'établissement (nouvelle fenêtre)ce mercredi. S'il est vrai que l'administration Trump a autorisé les arrestations (nouvelle fenêtre)d'immigrés dans des zones auparavant protégées, dont les écoles, mais aussi les églises et les hôpitaux, les événements visibles sur ces images n'ont aucun lien avec une quelconque "vague de déportations".
À ce stade, des chiffres similaires à 2024
Au-delà des vidéos virales et des images choc qui alimentent les inquiétudes, ce sont des dizaines de mises en garde qui ont surgi simultanément sur les réseaux sociaux. De longues listes, partagées essentiellement par des comptes influents dans la communauté mexicaine, alertent les habitants des villes concernées par d'éventuelles "déportations". "RAIDS DE ICE LE 21 JANVIER DANS CES VILLES", lit-on par exemple en lettres majuscules sur une liste partagée sur X (nouvelle fenêtre).
Sur TikTok, une "créatrice latino" a fait de même (nouvelle fenêtre). Elle propose régulièrement à ses centaines de milliers d'abonnés un nouveau catalogue des prochaines opérations de l'agence de contrôle de l'immigration, prévenant par exemple les habitants de Los Angeles, San Diego, San Francisco ou encore Portland. Au total, elle a publié dans les quatre derniers jours 14 clips à ce sujet, cumulant 6,3 millions de vues. Preuve de l'angoisse persistante de ces populations, une carte participative (nouvelle fenêtre)a été mise en ligne, trois jours à peine après l'investiture de Donald Trump, afin d'alerter en temps réel sur de prétendues interventions des services d'ICE.
Mais à quel point ces craintes sont-elles justifiées ? Parmi les noms des villes qui cristallisent l'attention, on trouve Chicago, dont Donald Trump souhaite faire un modèle de sa politique en matière d'expulsion des personnes sans-papiers. Et pourtant, à ce stade, la ville n'a connu aucune opération spectaculaire et massive à l'encontre des étrangers. "Après des semaines de préparation et un week-end de peur alimenté par de multiples rumeurs (...) il n'y a eu aucune preuve de l'application des lois sur l'immigration", écrit ainsi le média local Wbez (nouvelle fenêtre).
A l'inverse, la ville de Newark a bien été le théâtre d'un "raid", d'après le maire de la ville, qui s'est étonné (nouvelle fenêtre)dans la presse de l'arrivée d'agents dans un commerce "sans mandat de perquisition". Or, cette ville proche de New York n'apparaissait dans aucune des listes que nous avons pu repérer.
Une désinformation de masse, alimentée par des inquiétudes difficiles à tarir. "J'habite dans l'Illinois, mais pas dans Chicago même, en banlieue. Alors ma famille est-elle en sécurité ?", se demande par exemple un internaute, en quête d'informations. "Des gens disent qu'il n'y aura rien à Los Angeles, et d'autres disent que si. Que va-t-il se passer ?", écrit un autre, faisant part de sa "confusion". "Je partage tout, mais je continue à me demander, a-t-on des preuves, des vidéos, quoi que ce soit ?", finit même par admettre un jeune homme sur TikTok.
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"J'ai l'impression que tout ça n'est que du bluff, et que Trump est juste en train de provoquer la peur chez les étrangers", conclut une dernière. Un pressentiment que confirment les premières données, factuelles et chiffrées. Ce jeudi soir, la porte-parole de la Maison Blanche a en effet indiqué que "538 migrants clandestins" avaient été arrêtés aux États-Unis depuis l'investiture de Donald Trump et "des centaines" expulsés dans des avions de l'armée. Des chiffres qui n'ont en réalité rien d'inédit. En janvier 2024, selon les statistiques de l'agence de contrôle de l'immigration américaine (nouvelle fenêtre), 8591 personnes avaient été arrêtées. Soit environ 277 arrestations par jour. Un chiffre équivalent au bilan affiché avec tant de fierté par le clan Trump.
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