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| - Un jeune Ukrainien affirme dans une vidéo qu'il sera expulsé de l'Union européenne vers l'Ukraine.Une rumeur devenue virale dans les sphères pro-russes, qui évoquent l'ensemble des "réfugiés ukrainiens en Europe".Il s'agit d'une fausse information.
Le désespoir ukrainien serait tel que désormais, l'armée chercherait à recruter hors de ses frontières. C'est, en substance, la rumeur qui se diffuse depuis plusieurs jours. En cause, la vidéo d'un jeune homme qui se présente comme un réfugié ukrainien en Europe. Dans cette séquence devenue virale, il affirme avoir reçu un document le notifiant d'une future expulsion de l'Union européenne (UE) vers l'Ukraine afin de participer à l'effort de guerre. Publiée dès le mardi 5 septembre sur des canaux Telegram proches du Kremlin, elle s'est ensuite répandue dans les sphères pro-russes en France, accompagnée de commentaires alertant l'ensemble des "réfugiés ukrainiens en Europe".
"Le hachoir à viande a besoin de chair fraîche et ses déserteurs seront envoyés en première ligne", prévient ainsi un internaute amateur de publications pro-russes. Alors, l'Union européenne force-t-elle réellement "les jeunes Ukrainiens vers le front", comme s'interroge un Youtubeur habitué des fausses informations ?
Un document pour les "personnes déplacées"
Sur les images, notamment partagées par Vladimir Soloviev, propagandiste en chef du Kremlin, le jeune homme indique en ukrainien avoir reçu une "mauvaise nouvelle par courrier". "Le courrier m'informe que, selon les autorités ukrainiennes, je suis entré illégalement sur le territoire de l'Union européenne. (…) Je dois donc quitter le territoire dans les deux semaines. Sinon, je serai exilé de force en Ukraine."
Dans sa vidéo, le jeune homme montre furtivement le courrier en question. Tout d'abord, il est important de noter qu'il ne correspond absolument pas aux convocations formelles envoyées par l'Ukraine, dont le modèle est disponible ici. D'après nos recherches, le document qu'on aperçoit est en fait une "notification du statut de demande temporaire pour les personnes déplacées", accordé par l'Espagne aux Ukrainiens "déplacés en raison de l'invasion russe". Si nous ne sommes pas arrivés à retrouver l'identité du jeune homme, il n'amène dans cette vidéo aucune preuve d'une quelconque "expulsion". Interrogée à ce sujet, l'ambassade d'Ukraine en Espagne n'était pas revenue vers nous dans l'immédiat.
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Reste que la rumeur selon laquelle un pays européen pourrait expulser un réfugié ukrainien sous prétexte qu'il est appelé à se mobiliser est fausse. VisitUkraine, le portail officiel pour les voyages en Ukraine, précise que depuis 2023 et l'entrée en vigueur d'une nouvelle procédure pour les dossiers militaires, les ambassades étrangères sont tenues d'informer les citoyens ukrainiens présents sur leur territoire "du début de toute nouvelle conscription" et "faciliter leur retour au pays si une mobilisation a lieu".
Ce qui ne signifie pas que l'Ukraine impose à ces pays d'expulser les réfugiés contre leur volonté. En réalité, cet enregistrement militaire demandé par Kiev auprès des institutions diplomatiques étrangères "est plutôt un mécanisme déclaratif permettant de clarifier les données des citoyens ukrainiens à l'étranger", comme le soulignait l'avocat Iaroslav Joukrovsky dans la presse ukrainienne.
Surtout, l'Europe s'est toujours fermement opposée à une quelconque expulsion vers l'Ukraine. Le 6 juin dernier, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, répétait que les pays de l'UE n'expulseront aucun Ukrainien contre son gré. À l'heure actuelle, les pays membres se sont d'ailleurs engagés à ne pas restreindre l'entrée des individus en provenance du pays envahi par la Russie il y a plus d'un an et demi. Si bien que Kiev reconnaît que seuls les déserteurs repérés aux frontières peuvent être reconduits dans le pays.
Ainsi, seuls "les hommes effectuant leur service militaire et tentant de traverser illégalement la frontière sans motif pour obtenir le statut de réfugié", sont renvoyés dans le pays, soulignait Andrei Demchenko, le porte-parole du service national des frontières en Ukraine.
En résumé, la vidéo diffusée sur les sphères pro-russes ne prouve rien. Et l'idée selon laquelle les pays de l'Union européenne pourraient expulser vers l'Ukraine des hommes appelés à renforcer les rangs des forces armées ukrainiennes n'a aucune base légale.
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