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| - Des internautes rapportent que dans les écoles américaines, plus de 4.000 ouvrages seraient aujourd'hui "bannis" et défendus aux élèves.Bien réelles, ces interdictions ne sont pas généralisées à l'ensemble du pays et concernent des auteurs très variés.L'administration Trump n'en est pas directement à l'origine, mais elle apporte son soutien à ces formes de censure, conduites par des États ou des collectifs de parents d'élèves.
Toujours prompts à défendre la liberté d'expression et d'opinion, les États-Unis sont-ils aujourd'hui touchés par une vague de censure qui touche les établissements scolaires ? C'est ce que souligne un message relayé sur le réseau X : il indique (nouvelle fenêtre) que "4.239 livres" sont "désormais bannis des écoles américaines sous l’ère Trump, niveau fédéral ou local". Parmi les auteurs les plus fréquemment ciblés, on retrouverait les célèbres George Orwell et Aldous Huxley, mais aussi Anne Frank et son journal.
Des interdictions en augmentation outre-Atlantique
Les chiffres qui sont relayés sur X ont à l'origine été avancés par PEN America, une ONG qui se consacre à la protection de la liberté d'expression. En novembre 2024, elle a dévoilé (nouvelle fenêtre) des travaux portant sur les "interdictions de livres dans les écoles publiques du pays". Ce rapport nous apprend qu'au cours de l'année scolaire 2023-2024, "10.046 cas d'interdiction de livres" ont été enregistrés, soit trois fois plus que l'année précédente. Au total, "plus de 4.000 titres" différents ont été concernés par ces formes de censure.
Ces décisions sont prises à des échelons assez variés : sous l'impulsion d'un établissement, d'un district, ou bien encore à plus large échelle via des décisions au niveau des États américains eux-mêmes. Il en résulte d'importantes disparités territoriales : quand le Colorado ou l'Alabama ne sont concernés par aucune interdiction, on en recense plus de 3.500 dans l'Iowa, et plus de 4.500 en Floride.
Les ouvrages qui sont visés peuvent être interdits pour des motifs assez différents. L'analyse par l'ONG PEN des livres concernés a permis d'observer que "57% incluaient des sujets et contenus sexuels ou liés au sexe", que "44 % comprenaient des personnages ou des personnes de couleur", et que "39 % incluaient des personnages ou des personnes LGBTQ+". En Floride, une version du journal d'Anne Frank sous forme de roman illustré s'était vue retirée de la bibliothèque d'un lycée. Une scène de l'ouvrage a cristallisé les tensions : elle représente l'adolescente qui se promène dans un parc et découvre avec ravissement des statues de femmes nues. Un épisode à la suite duquel elle propose à une amie de se montrer chacune leur poitrine.
L'administration Trump n'y trouve rien à redire
Si des ouvrages tels que le journal d'Anne Frank ou issus de la bibliographie d'auteur tel qu'Orwell ou Huxley ont été visés par des interdictions, ils ne figurent pas parmi les plus fréquemment interdits, comme on peut le lire sur X. Au contraire d'autres publications, dont PEN a réalisé un classement. Le roman le plus souvent retiré des bibliothèques scolaires s'intitule Nineteen Minutes et fut publié en 2007 par l'écrivaine Jodi Picoult. Cette dernière a confié à l'ONG qu'être l'autrice du "livre le plus interdit du pays n’est pas un signe d’honneur", mais "un signal d’alarme" à ses yeux. Sa fiction est selon elle visée par des interdictions "non pas parce qu'elle parle d’une fusillade dans une école, mais à cause d’une page qui décrit un viol lors d’un rendez-vous et utilise des mots anatomiquement corrects pour évoquer le corps humain".
Faut-il voir dans ces oppositions à des livres une influence des autorités, au premier rang desquelles figure Donald Trump ? Pas de manière directe, en tout cas. Les interdictions d'ouvrages ne sont pas un phénomène nouveau aux États-Unis, et l'on note que les travaux de PEN relayés sur les réseaux sociaux portent sur une période où le milliardaire n'était plus en poste à la Maison Blanche.
Le ministère de l'Éducation de l'administration Trump, cité par ABC News (nouvelle fenêtre), ne trouve toutefois rien à redire au grand ménage observé dans les bibliothèques de milliers d'écoles, au contraire. Il estime ainsi que les livres ont été ciblés parce que les districts scolaires et les parents "ont mis en place des processus de bon sens pour évaluer et supprimer les documents inappropriés à l'âge des élèves". Le ministère ajoute qu'il "adhère au principe américain profondément enraciné selon lequel le contrôle local de l'éducation publique permet aux parents et aux enseignants d'évaluer au mieux les besoins éducatifs de leurs enfants et de leurs communautés". Et de réaffirmer que "les parents et les conseils scolaires disposent d'un large pouvoir discrétionnaire pour s'acquitter de cette importante responsabilité".
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