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| - Guerre en Ukraine : Zelensky a-t-il affirmé que la Russie allait envahir l’Europe ? C’est plus compliqué que ça
fake off•Le président ukrainien aurait fait une déclaration inquiétante au sujet de l’Europe lors d’une interview sur la chaîne NBC. Ses propos étaient en fait plus tempérés que celaFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
Le 16 février, la chaîne NBC a publié une longue interview de Volodymyr Zelensky.
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Un extrait de l’entretien est devenu viral sur les réseaux sociaux. Sur ces images, le président ukrainien affirmerait que la Russie de Vladimir Poutine a 100 % de chances d’occuper l’Europe.
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Mais pris dans leur contexte, ses propos étaient en réalité conditionnés à un départ des États-Unis de l’Otan et ne concernaient pas l’ensemble du continent.
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Le 16 février, la chaîne NBC a publié une longue interview de Volodymyr Zelensky. Depuis, les posts se sont multipliés sur TikTok et Facebook, mais surtout sur X. La phrase qui tourne en boucle est la suivante : « le risque que la Russie occupe l’Europe est de 100 % » (« The risk that Russia will occupy Europe is 100 % »).
Déclaration choc ? Provocation ? Avertissement ? Pour certains internautes, ces propos ont eu l’effet d’une douche froide. D’autres en ont tiré prétexte pour tourner Zelensky en dérision, affirmant qu’une telle invasion est impossible. Il convient donc de se pencher sur ce que le président ukrainien a réellement dit.
FAKE OFF
Volodymyr Zelensky a effectivement prononcé ces mots. Cette déclaration a d’ailleurs fait les gros titres de plusieurs grands médias, comme Rolling Stones ou The Independent. On constate toutefois que, contrairement à de nombreux posts en ligne, ces sites prennent la précaution de contextualiser la phrase prononcée par le président ukrainien.
De l’importance de la nuance
Ainsi, Rolling Stone titre « Le risque que la Russie occupe l’Europe est de 100 % si les Etats-Unis se retirent de l’Otan », quand The Independent reformule : « Zelensly prévient que Poutine occupera l’Europe à “100 %” si les Etats-Unis cessent de soutenir l’Otan ». Cette première nuance correspond en effet à l’échange qu’a eu le président avec la journaliste Kristen Welker, que voici :
« WELKER : Vous avez eu un message pour le vice-président [américain] Vance concernant les implications possibles du retrait de l’Otan. Quel était votre message au vice-président ?
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ZELENSKY : Cela… Cela signifierait la destruction de l’Otan.
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WELKER : Pourquoi ?
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ZELENSKY : Parce que dans 80 brigades fortes en Europe - je parle juste de l’Otan en Europe - environ 30, c’est plus de 30 %, ce sont les États-Unis. Et même si je vais regarder l’armée de la Russie, s’ils vont voir qu’eux, la Russie, ont 220 ou 250 brigades, et que l’Europe en a 50. […] Le risque que la Russie occupe l’Europe est de 100 %.
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WELKER : Si les États-Unis se retirent de l’OTAN…
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ZELENSKYY : Oui.
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WELKER : … la Russie va occuper l’Europe.
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ZELENSKYY : Oui. Pas toute la… pas toute l’Europe. Ils commenceront par ces pays, comme je l’ai dit, qui sont nos amis, des petits pays qui étaient dans l’URSS, dans l’Union soviétique. Ils commenceront, et nous verrons quelle sera la réponse. Mais l’Europe ne répondra pas parce qu’ils n’ont pas… Ils commenceront à se défendre eux-mêmes. Chaque pays se défend. Et à ce moment, la Russie aura tous les succès avec tout le territoire qu’ils voudront. Je ne sais pas s’ils voudront 30 % de l’Europe, 50 %, je ne sais pas. Personne ne sait. Mais ils auront cette possibilité. »
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Comme il apparaît dans cette traduction que nous avons voulue la plus fidèle possible, Volodymyr Zelensky n’est pas bilingue en anglais. Ce détail est important, car il en découle des propos qui manquent de nuances et de précision. On observe néanmoins qu’il tempère immédiatement son affirmation.
Ainsi, il confirme que ces « 100 % de chances » d’occupation russe sont bel et bien conditionnés au départ des États-Unis de l’Otan. Or, ainsi que l’explique Newsweek, un retrait américain semble improbable à ce stade – et ce malgré les réserves émises de longue date par Donald Trump à l’égard de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.
D’autre part, Zelensky part du principe que l’Europe n’augmentera pas ses capacités défensives, ce qui reste en suspens.
Retrouvez tous nos articles de fact-checkingLe président ukrainien modère encore son affirmation en précisant que, selon lui, la Russie s’en prendrait dans un premier temps aux anciennes républiques soviétiques. On en compte 14, parmi lesquelles seules l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont membres de l’Union européenne et de l’Otan (la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine étant candidates pour intégrer l’UE et, pour les deux dernières, l’Otan).
Zelensky explique enfin qu’il ne « sait pas » de quel pourcentage du territoire européen la Russie voudrait s’emparer, hésitant entre 30 et 50 %.
In fine, on peut constater que ces posts viraux décontextualisent les propos du président ukrainien et emploient une stratégie sensationnaliste typique de la désinformation en ligne.
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