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| - Un indice de la criminalité en Europe relayé en ligne présente la France comme le pays le plus dangereux du continent.Ce classement est présenté par certains comme une preuve de l'inaction du gouvernement dans la lutte contre l'insécurité.Méfiance : une série de biais méthodologiques mettent à mal la fiabilité des résultats qui sont ici avancés.
En l'espace de 24 heures, une liste des pays les plus dangereux d'Europe, relayée (nouvelle fenêtre) sur le réseau social X, a été consultée près d'un million de fois. Et pour cause : la France y apparaît à un triste premier rang, devant la Biélorussie ou la Belgique, qui complètent ce "podium" peu glorieux. Il s'agit là d'un classement "controversé, mais attendu", réagit le juriste qui partage les résultats, tandis que se succèdent en commentaires les messages qui décrient la politique menée par le gouvernement et son action dans la lutte contre la délinquance.
Numbeo, un site à la méthodologie très discutable
Si l'internaute qui évoque cet index de la criminalité souligne qu'il est "controversé", il ne remet toutefois pas en cause les résultats. Pourtant, ceux-ci méritent d'être présentés avec de considérables précautions. En effet, ce classement est proposé par un site nommé "Numbeo", fondé en 2009 par un ingénieur en informatique serbe.
Contrairement à des études comparatives réalisées à l'échelle de plusieurs pays, qui cherchent à interroger des échantillons représentatifs de la population aux caractéristiques homogènes (nombre de personnes interrogées, genre, âge, profession...), Numbeo assume de réaliser une série de classements sur la base de données fournies de manière anonyme par ses utilisateurs. Le tout, de manière totalement déclarative. En clair, n'importe quel visiteur du site peut donner son avis et répondre à des questionnaires type, sans avoir à justifier de leur identité ou de leur expérience. Il est ainsi tout à fait possible à un Chypriote n'ayant jamais voyagé hors des frontières de son pays d'aller évaluer le sentiment d'insécurité au Luxembourg ou en Islande.
"Il est important de noter que l'indice de criminalité fourni par Numbeo est basé sur les données et perceptions fournies par les utilisateurs, qui peuvent différer des statistiques officielles du gouvernement", prévient (nouvelle fenêtre) le site, assurant toutefois qu'il a mis au point des outils pour exclure automatiquement les résultats suspects. Entendre par là : ceux qui émanent de "bots", des programmes informatiques conçus pour multiplier les requêtes sur des sites web et tenter de reproduire des actions qui seraient, en temps normal, réalisées par des humains.
Ce n'est pas la première fois qu'un classement de Numbeo connaît un écho majeur en France. Il y a quelques années, la Ville de Nice vantait (nouvelle fenêtre) en effet dans la presse sa place de "ville la plus sûre" de l'Hexagone. Une campagne de communication basée sur un autre index proposé par Numbeo, à la méthodologie tout aussi discutable. Seules quelques dizaines de votes avaient permis à la métropole azuréenne de truster la première place, sans que soient, là encore, vérifiées l'authenticité des votes ou l'identité des individus qui s'étaient prononcés.
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